20 : Blessés

983 62 15
                                    

Anna fut réveillée par la douce poigne de Thorin sur son épaule blessée, le chef de la Compagnie la secouait comme un prunier. Elle se dégagea de son emprise en grognant de douleur, et se laissa – littéralement – tomber de sa chaise et se déplaça à quatre pattes par terre pour récupérer le peu d'affaires qu'elle avait. Elle alla ensuite vérifier l'état de Kili. Celui-ci était tout pâle, grimaçant et une fine pellicule de sueur couvrait son front.

-Je vais bien, marmonna-t-il en la voyant le fixer.

-Arrête de mentir, répondit-elle.

-Tu es pire que moi je te signale.

Anna observa son reflet dans une vitre. Pâle, d'énormes cernes, les traits tirés. Et son épaule qui irradiait d'une douleur à peine supportable.

-Si je me plains Thorin se débarrassera de moi, fit-elle en s'asseyant près du brun. Alors je serre les dents.

-Je sais, répondit doucement Kili.

-Allez, debout, ordonna le chef de la Compagnie. Nous devons récupérer des armes, et il fait enfin nuit.

Anna tira Kili debout avec son bras valide, et sans prêter attention à Bain qui tentait vainement de les retenir, ils sortirent discrètement dans la nuit. Quelques nains se placèrent sous une fenêtre, formant un inhabituel escalier, et Nori, Bilbo et Anna furent envoyés les premiers dans l'armurerie. Ils commencèrent à récupérer des armes. Anna entassait les armes dans les bras de Kili qui peinait sous le poids du métal.

-Ça va ? lui demanda Thorin.

-Je fais aller, répondit durement le brun. Fichons le camp d'ici.

Anna se sentait prise de vertiges, la douleur était intolérable. C'est alors que Kili s'engagea dans les escaliers. Sa jambe blessée flancha, il dégringola les marches et les armes s'éparpillèrent avec fracas. Immédiatement chacun se saisit d'une lame pour se défendre face aux gardes qui ne manqueraient pas d'arriver, sauf Anna, qui comme à son habitude, gisait sur le sol, ayant perdu connaissance. Les nains allaient attaquer les gardes mais furent vite stoppés par un garde qui tenait le corps d'Anna contre lui, un couteau pointé sur son cœur.

Ils furent traînés sans ménagements jusqu'à la demeure du maître, les habitants de plus en plus nombreux les suivant petit à petit. Anna se réveillait doucement. Elle sentait des flocons de neige se poser et fondre sur son visage. Était-il déjà si tard dans l'année pour qu'il neige ? Puis elle fronça intensément ses sourcils lorsqu'elle se rendit compte qu'une main recouvrait la quasi-totalité de son décolleté, et un bras ceinturait sa taille. Sauf que ces mains n'appartenaient pas à Fili – elles auraient reconnu les mains de son amant entre toutes – et probablement à personne de la Compagnie. Elle était maintenue contre un torse large, un torse d'homme. Un torse d'humain. Elle ouvrit entièrement les yeux.

-Vous ne savez pas à qui vous parlez, disait Dwalin. Ce n'est pas un vulgaire criminel, il s'agit de Thorin, fils de Thrain, fils de Thror !

Anna, qui n'appréciait pas la proximité entre elle et le soldat, se dégagea sèchement de son emprise et lui colla une claque pour faire bonne mesure.

-Et il s'agit de moi-même, Anna, fille de personne, héritière de Mahal, mi-naine mi-déesse, et petite amie de Fili, fils de Vili, premier prince héritier de Thorin. Donc potentielle future princesse, fit-elle en s'avançant.

Elle serrait les dents et s'empêchait de penser à son épaule.

-Donc, vous avez trois personnes de sang royal et une demi-déesse devant vous. Vous feriez mieux d'écouter notre roi maintenant, fit-elle en s'effaçant avec une courbette devant Thorin.

Tu es mon nouveau mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant