9 : Convalescence

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Les nains étaient à Rivendell depuis un peu plus de trois semaines. Anna était toujours allongée sur la table de marbre blanc de l'infirmerie. Elle n'avait pas bougé. Elrond avait mis trois jours entiers à la soigner. Il était ressorti de la pièce, exténué, mais était confiant quant à la survie de la jeune fille. Toutefois, plus le temps passait et plus les nains étaient nerveux. Plusieurs fois des disputes avaient éclaté entre eux, ou avec les elfes. L'ambiance tendue minait le moral de tous.

Kili passait le plus clair de son temps à l'infirmerie, refusant à quiconque autre que lui le droit de la veiller, pas même son frère. Il s'asseyait dans une chaise, près d'elle, lui prenait la main et lui racontait son enfance, ou venait avec un livre et lui racontait des histoires comme à une enfant qu'on veut endormir. « Mais ton sommeil à toi semble éternel » pensait-il tristement à chaque fois. Plusieurs fois Dwalin avait dû venir le chercher tard dans la nuit parce qu'il s'était endormi au chevet de son amie.

Le guerrier aussi était triste, mais il n'avait jamais été du genre à montrer trop ouvertement ses émotions aux autres. A chaque fois qu'il entrait dans la pièce, son cœur se serrait. Elle était là, étendue sur le dos. Elle semblait paisible. Ses cheveux châtain clair avaient poussé depuis qu'il étaient partis de Cul-de-Sac, et formaient une auréole autour de son visage. Sa peau était pâle à l'extrême. Ensuite il voyait son bras, pendant à côté de la table. Les deux mains de Kili enveloppant celle, bien plus petite et fine, d'Anna. Et Kili, somnolant sur le fauteuil près d'elle. « Il l'aime beaucoup. Je me demande comment ça finira » se disait le guerrier à chaque fois. Puis il marchait jusqu'au jeune nain, le secouait et repartait avec lui, un peu plus déprimé chaque jour.

Ils étaient là depuis vingt-quatre jours. Fili avait compté. Il s'entraînait avec Dwalin ce matin, et Kili aiguisait nerveusement ses lames non-loin. Deux femmes elfes l'avaient fait sortir le temps qu'elles lavent Anna et il n'aimait pas être loin d'elle alors qu'elle était sans défense. Fili venait de parer un fendant latéral quand il sentit un gros coup de chaud dans sa poitrine. Il tituba.

-Ça va mon gars ? demanda Dwalin.

-Je me sens bizarre...

Kili ne releva même pas la tête. Il ne bougea que quand l'elfe revint le chercher, avec un petit sourire en coin.

-Nous avons une surprise pour vous, lui dit-elle alors qu'il repartait vers l'infirmerie.

Il ne lui en fallut pas plus. Il piqua un sprint dans les couloirs, encore plus vite que si tous les orcs de la Moria étaient derrière lui. Il enfonça pratiquement la porte de l'infirmerie et déboula dedans, haletant et décoiffé. Mais il s'en fichait. Anna n'était plus sur la table de marbre.

-Anna ! s'inquiéta-t-il.

-Je suis là, pas la peine de hurler, fit une voix un peu éraillée à sa gauche.

Elle était là, assise dans un lit, pâle et faible, mais souriante. Un sourire incrédule apparut sur le visage de l'archer et il se jeta littéralement sur le matelas pour serrer son amie dans ses bras.

-Eh, doucement, protesta-t-elle. J'ai été blessée sérieusement...

Mais en même temps, cette étreinte elle ne voulait pas en sortir. Elle se sentait mieux maintenant qu'un visage connu était dans les parages.

-Kili...

-Anna...

Ils pleuraient tous les deux, mais continuaient à sourire.

-Tu m'as manqué, tu sais ? fit le nain.

-Kili, fit-elle, plus sérieuse. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je me souviens d'avoir pris une flèche dans les côtes alors qu'on se sauvait, et quand je reprends conscience je suis sur une table, à moitié nue pendant que femmes bizarres et immenses me lavent !

Tu es mon nouveau mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant