Epilogue

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Harry s'était préparé à devoir se battre pour obtenir le bonheur dont il rêvait. Il voyait la même chose dans le regard de Théo : cette crainte que tout explose autour d'eux, qu'ils soient séparés.

La sensation que leur bonheur tout neuf était fragile et que le moindre obstacle les priverait de ces moments de joie...

À chaque étape franchie, ils lisaient dans le regard de l'autre le soulagement d'avoir réussi, d'avoir fait un pas de plus et la crainte d'avoir encore plus à perdre.

Daphnée et Pansy furent les premières à les rejoindre dans leur petit village, enthousiastes de ne plus être coincées dans l'Allée des Embrumes. Drago fut plus difficile à convaincre.

Il prétendit longuement tenir à son indépendance, avant de prétexter de ne pas vouloir côtoyer Harry après sa « trahison ».

Il y eut un solide bras de fer et le jeune homme avoua finalement ses doutes. Il craignait que sa présence ne fasse voler en éclat leur tranquillité. Si ses camarades étaient des enfants de Mangemorts, lui avait eu la marque gravée sur son bras et il en faisait encore des cauchemars.

Harry lui parla longuement, sans jamais dire à personne la teneur de leur conversation, pas même à Théo. Après cela, Drago s'installa également, décidant de vivre avec Daphnée et Pansy. Il aimait leur colocation et il refusait de vivre seul.

L'arrivée de Ron et Hermione coïncida avec l'officialisation de l'existence de leur communauté. Kingsley envoya un groupe de langues de plomb, qui protégea leur village avec un sort de repousse-moldu, mais également avec un dérivé du fidélitas, ce qui interdisait à toute personne non désirée de les trouver.

Harry avait craint des frictions entre Ron et Drago, mais ils s'ignorèrent avec soin, visiblement déterminés à permettre au rêve de Harry et Théo de se réaliser.

Ginny choisit l'une des maisons et elle la rénova avec sa fiancée, ainsi qu'avec le reste des Harpies. Cependant, elle n'était pas encore prête à se fixer définitivement et elle continuait sa vie de joueuse professionnelle, sans cesse en voyage.

Harry calma l'inquiétude de Molly en lui faisant remarquer que Ginny et Gwenog revenaient toujours dans leur maison de l'île, dès qu'elles avaient besoin de se ressourcer. Il assura à la brave femme qu'un jour viendrait où elles s'installeraient pour de bon et ne repartiraient plus.

La petite sœur d'Astoria débarqua un jour, avec un sac minuscule et l'air perdu. Bien que Daphnée ait assuré à Harry qu'elle n'était pas proche de sa sœur, elle l'accueillit les bras ouverts.

Pour fuir le mariage arrangé par son père, Astoria avait quitté l'Angleterre pour la France. Les premiers temps, elle s'en était plutôt bien sortie, réussissant à refaire sa vie.

Puis, elle avait rencontré un homme et les choses s'étaient compliquées.

Le sorcier qu'elle avait cru aimer s'était révélé être un homme violent, venant d'une famille qui avait soutenu et gardé les idées de Grindelwald. Lorsqu'Astoria s'en était rendu compte, elle était totalement à la merci de l'homme, se retrouvant sans argent, sans travail et sans autre domicile.

Astoria avoua tranquillement que lorsque son compagnon violent avait évoqué l'envie d'avoir des enfants, elle s'était décidée à fuir pour de bon. Elle avait contacté sa sœur, espérant un peu d'aide, et Daphnée lui offrit un refuge.

Le frère de Ron, George, s'installa au village également. Depuis la mort de son jumeau, il vivait seul, en reclus, au-dessus de sa boutique du chemin de Traverse.

Lorsque Ron, Ginny et Harry avaient parlé de leur petit coin de paradis lors d'un repas dominical au Terrier, il avait eu l'envie d'avoir la même chose.

Luna Lovegood et son mari Rolf Dragonneau les avaient rejoints également, partageant leur temps entre les voyages pour le travail de Magizoologiste de Rolf et l'édition du Chicaneur.

Petit à petit, leur communauté prenait son essor.

Les anciens Serpentard n'eurent pas la moindre difficulté à s'intégrer, comme Harry l'avait prévu. Luna engagea Théo pour rédiger certains articles du Chicaneur et pour gérer l'édition en son absence. Le jeune homme soupçonna Harry d'avoir poussé son amie à le choisir, mais il ne pouvait pas lui en vouloir : il adorait son travail.

Astoria et Pansy créèrent leur propre ligne de cosmétiques sorciers, fabriqués à partir d'ingrédients naturels venant uniquement de l'île de Man. Elles restèrent anonymes, craignant de voir leur travail entaché par leur passé, et elles furent surprises du succès de leurs produits. Le monde magique se les arrachait, leur assurant des revenus confortables.

Daphnée fut engagée par George pour l'aider avec sa boutique de farces, lui déléguant le travail administratif pour se concentrer sur la création de nouveaux produits. Sur ce point, il trouva une aide précieuse en la personne de Drago, aussi bien pour les idées que pour la réalisation.

Ron levait les yeux au ciel et assurait qu'une association d'un Weasley et d'un Malefoy annonçait la fin du monde, mais il souriait, acceptant la complicité de son grand frère avec celui qui fut son ennemi d'école avec bonne grâce.

Leur communauté connut leur premier petit scandale lorsque George et Pansy furent surpris dans un lit, ensemble. Ils se côtoyaient habituellement à peine et leur relation cachée provoqua quelques remous.

Lorsque Harry décida qu'il en avait assez d'entendre parler de cette histoire, il rassembla tout le monde au centre du village et il attira Théo à lui pour l'embrasser.

Puis, lorsqu'il eut l'attention de ses amis, il clôtura l'affaire de quelques mots.

— Je crois que nous avons prouvé qu'un Gryffondor pouvait aimer un Serpentard et vice-versa... Cet endroit, notre refuge, existe pour que nous puissions vivre comme nous le voulons, loin du jugement du monde magique. Lorsque j'ai acheté ce village, je pensais à Théo et au fait que nous allions pouvoir nous retrouver...

Ils restèrent tous silencieux et Pansy éclata de rire, les yeux brillants.

— J'ai bien peur que nous n'ayons pas attendu ton autorisation pour nous... mélanger intimement. Mais merci pour tes encouragements.

George la rejoignit avec une expression malicieuse qui annonçait habituellement des ennuis, puis il l'attira dans ses bras pour l'embrasser, suivant l'exemple de Harry.

Aux côtés de Harry, Théo laissa échapper un rire amusé.

— Je n'aurais pas parié sur ces deux-là, mais ça risque d'être assez explosif. Heureusement, ton petit discours a remis les idées en place de nos idiots d'amis qui pensaient devoir s'en mêler...

Se blottissant contre lui, Harry soupira.

— Nous sommes une famille, je suppose qu'ils pensaient bien faire, mais... ils apprendront à ne pas se mêler des histoires de chacun.

Ils échangèrent un regard complice et Harry sourit, avec l'impression que son bonheur n'avait plus de limites.

— Ce jour-là, dans l'Allée des Embrumes... tu as bouleversé toute ma vie pour le mieux, Théo.

Le jeune homme eut un léger rire et il déposa un bref baiser sur ses lèvres.

— Toi aussi... et crois-moi, je ne pourrais jamais le regretter.

AmnésieOnde as histórias ganham vida. Descobre agora