Chapitre 49

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Les deux jeunes hommes passèrent le reste de la journée à se retrouver. Harry était particulièrement heureux d'avoir été pardonné si facilement, mais il était déterminé à ne plus jamais mentir de cette façon.

Lorsque le crépuscule commença à assombrir l'horizon, Harry serra Théo contre lui, avant de chuchoter, presque suppliant.

– Reste. Reste avec moi.

Théo hésita brièvement, mais son regard parlait pour lui : il avait désespérément envie de rester près de Harry.

Il finit par hocher la tête, avec une grimace.

— Les autres vont s'inquiéter...

Harry sourit.

— Ils savent que tu es avec moi. Ils connaissent l'adresse. Je suis prêt à parier qu'ils ne s'attendaient pas à ce que tu rentres sagement.

Théo rougit, légèrement embarrassé.

— Et bien, ce n'est pas mon genre, tu vois ?

Harry gloussa, amusé.

— Tu veux dire, ce n'est pas ton genre de découcher ?

Théo le bouscula légèrement, les joues rouges, mais Harry se pencha sur lui, pour le fixer dans les yeux.

— Ce n'est pas mon genre non plus Théo. C'est juste pour toi.

Il ne laissa pas à Théo le loisir de répondre, se penchant un peu plus pour l'embrasser avec douceur. Lorsqu'ils s'écartèrent, quelques instants plus tard, les yeux de Théo brillaient comme des saphirs. Ils eurent du mal à quitter du regard l'autre, alors qu'ils avaient l'impression d'être attirés l'un vers l'autre, comme aimantés.

Installé près de Théo, sa main serrée fermement dans celle du jeune homme et le regard perdu dans les flammes de la cheminée, Harry finit par murmurer, d'un ton distrait.

— Demain matin... après le petit déjeuner, je t'y emmènerai. Ce n'est pas loin, et tu pourras voir de tes yeux.

Théo hocha vaguement la tête, tout en demandant des précisions.

— M'emmener où ?

Harry laissa échapper un bref rire.

— Notre village. Celui que je suis en train d'acheter. Ou qui est peut-être déjà à moi... je ne sais pas trop, les gobelins s'en occupent pour moi.

Théo cligna des yeux, sortant de sa torpeur pour se tourner vers Harry.

— Attends une minute, tu as déjà... Et si j'avais refusé de te suivre ? Je ne t'ai donné aucune réponse encore !

Harry hocha la tête, tout en lançant un regard affectueux à celui qui avait pris son cœur. Puis, il s'expliqua, avec calme.

— Si tu refuses, je ferai quand même ce que je t'ai dit. Mais je ne cesserai jamais de tenter de te convaincre. Toi et les autres. Ces quelques jours auprès de toi... ça m'a ouvert les yeux, Théo.

Théo fixait Harry avec confusion.

— Mais tu ne risques rien dans le monde magique. Tu es le héros, Harry ! Tu as un travail, un logement, des amis...

Harry haussa les épaules.

— J'ai une illusion de vie. Je me noyais dans le travail, si bien que je ne voyais presque plus mes amis. Je suis observé comme une bête curieuse dans la rue et chacun de mes gestes finit en une de la Gazette. Regarde l'histoire du mariage de Ginny ! Elle n'avait pas annoncé à sa famille ses fiançailles et parce qu'elle me l'a dit en premier, elle finit dans ce foutu journal. J'aime être Auror, vraiment, mais je me rends compte que ma vie serait probablement meilleure sans être exposé au danger à chaque mission.

Théo hocha la tête.

— C'est vraiment ce que tu veux ?

Harry sourit, largement, sans la moindre hésitation.

— Oui. Lorsque je suis tombé sur ce village au cours d'une de mes expéditions, j'ai immédiatement su que ça pourrait devenir notre refuge. Notre seconde chance à tous.

Théo se colla un peu plus contre Harry et le tira contre sa poitrine avec un sourire pensif.

— Un refuge, hein ? J'aime cette idée.

Après un long silence, Théo lâcha Harry pour se lever et il lui tendit la main.

— Allons nous coucher, je veux être en pleine forme demain pour découvrir ton refuge.

En prenant la main de Théo, Harry sourit.

— Notre refuge.

Lorsqu'il se réveilla à l'aube — comme tous les jours — Harry découvrit qu'il était blotti dans les bras de Théo, dans un cocon de chaleur. Il bailla et se tortilla quelques secondes le temps de se réinstaller à sa guise, puis il referma les yeux.

À son second réveil, il s'étira avec satisfaction et il sourit en voyant Théo s'agiter et ouvrir les yeux. Ils paressèrent un moment au lit, dans les bras l'un de l'autre, puis Harry soupira.

— Je vais préparer le petit déjeuner. Sers-toi dans mes affaires et prends un truc confortable, on a un peu de marche.

Théo hocha la tête en se frottant les yeux, mais il attira Harry à lui avant qu'il ne s'échappe et il le serra contre lui un long moment. Finalement, il le lâcha avec un « merci » murmuré d'une voix étranglée et Harry se figea, la gorge serrée.

Théo attrapa des vêtements au hasard, puis il rejoignit la salle de bains sans un regard vers Harry, probablement pour cacher ses émotions.

Harry soupira et il se dirigea lentement vers la cuisine, espérant de tout cœur que le geste de Théo laissait présager un avenir heureux plutôt qu'une séparation déchirante.

Théo le rejoignit rapidement, les cheveux encore mouillés et portant les vêtements de Harry, ce dernier marqua un temps d'arrêt et il décida qu'il pourrait très vite s'habituer à ça. Vivre avec Théo, au quotidien. Prendre le petit déjeuner ensemble. Planifier leur avenir... Tout ce qu'il n'avait encore jamais fait avec personne.

Théo ne sembla pas se rendre compte de son moment d'absence et il mangea avec appétit, félicitant une fois de plus Harry pour ses compétences en cuisine. Le jeune homme sourit juste, appréciant le moment et observant Théo avec affection.

Après le petit déjeuner, Harry se précipita sous la douche à son tour, et il se prépara en un temps record. Puis, impatient, il entraîna Théo à sa suite, empruntant un petit sentier qui semblait se perdre au milieu d'une forêt...

Théo ne marqua pas la moindre hésitation et il ne posa pas la moindre question. Il suivit juste Harry avec confiance, leurs mains liées, regardant autour de lui avec attention.

Ils marchèrent d'un bon rythme, progressant dans la forêt sans difficulté. Parfois, ils pouvaient apercevoir les contours d'un chemin ancien, qui avait été caché sous la végétation faute de passage. Finalement, la forêt devint moins dense et ils arrivèrent à l'orée. Harry fit quelques pas avant de s'arrêter et de regarder Théo avec un large sourire en lui désignant le paysage derrière lui.

— Voici notre village...

AmnésieWhere stories live. Discover now