Chapitre 17

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Harry était en train de démontrer son aisance en cuisine lorsqu'il rencontra la quatrième colocataire de la maison. Il surveillait la cuisson des pommes de terre lorsqu'un cri strident le fit sursauter et il eut malgré lui un geste défensif, comme s'il voulait saisir sa baguette attachée à son bras.

Cependant, Harry avait laissé sa baguette dans la chambre de Théo, puisqu'il se sentait en sécurité et son réflexe était dû au conditionnement méthodique à rester toujours vigilant durant ses années d'Auror.

Sa réaction sembla ne pas surprendre Malefoy. Cependant, sa surprise manifeste — qui était très réelle — sembla le rassurer. Malefoy avait probablement imaginé qu'il était surpris par sa propre réaction et que ça prouvait qu'il était bien amnésique, alors qu'il était en réalité surpris de ne pas trouver sa baguette là où elle se trouvait toujours.

Il eut du mal à se détendre, surtout en voyant Théo aux prises avec une jeune femme aux cheveux noirs, coupés au carré. Ses cris stridents le faisaient se tendre et Daphnée ne tarda pas à venir voir ce qui se passait.

Harry regardait les quatre Serpentard tour à tour, un peu perdu, et Malefoy finit par lever les yeux au ciel en sortant sa baguette. Il lança un Silencio agacé, et la jeune femme se tourna vers lui, folle de rage, ce qui permit à Harry de l'identifier. Si autrefois l'adolescente qu'elle était n'avait rien de gracieux, Pansy Parkinson était devenue plus jolie en vieillissant. Ses cris, par contre, restaient toujours aussi désagréables qu'à Poudlard.

Harry hésita avant de tourner la tête vers Théo, puisqu'il avait confiance en lui. Ce dernier haussa les épaules en soufflant.

– Pansy Parkinson. Elle aussi avec nous à Poudlard, mais elle était... particulièrement vindicative.

Harry grimaça.

— On dirait que c'est toujours le cas.

Sa réflexion lui valut un regard noir de la principale intéressée et tira un ricanement moqueur à Malefoy. Ce dernier haussa les épaules.

— Elle va se calmer.

Harry hocha prudemment la tête, mais il s'assura de ne pas lui tourner le dos, un peu inquiet de la façon dont Parkinson le fusillait du regard. Il secoua la tête, perplexe.

— On dirait que je lui ai fait un truc vraiment moche...

Il nota l'échange de regards entre Malefoy et Daphnée, puis Théo s'approcha de lui, pour murmurer.

— Tu n'as rien fait. Elle... vit très mal notre exil et elle a choisi de te rendre responsable de notre situation.

Harry se mordilla la lèvre.

— Et c'est le cas ? Je veux dire... j'ai...

Mal à l'aise, Harry ne termina pas sa phrase. Théo lui pressa l'épaule gentiment.

— Tu n'es responsable de rien.

Malefoy intervint, n'ayant pas manqué un mot de leur échange.

— Au contraire, Potter. Nous tous te devons beaucoup. En premier lieu de ne pas être devenus les esclaves d'un fou.

Harry écarquilla les yeux, choqué par l'affirmation tranquille du Serpentard. Son regard glissa sur Parkinson, qui le fixait, les bras croisés sur la poitrine, en le fusillant du regard. Théo soupira.

— Pansy... a une vision légèrement différente. Elle est fille unique et son père a été envoyé à Azkaban pour avoir été un Mangemort. Elle était la petite princesse pourrie gâtée et elle ne digère pas la fin de ses privilèges.

Toujours réduite au silence par le sort de Malefoy, Parkinson leur montra les dents et fit volte-face pour s'enfoncer dans la maison. Quelques secondes plus tard, une porte claqua violemment.

Malefoy laissa échapper un ricanement.

— Elle va finir par la démolir, cette porte.

Harry resta silencieux, surpris de la réaction brutale de Parkinson. Il s'était attendu à autant de ressentiment de la part de Malefoy, par exemple, puisqu'ils s'étaient régulièrement affrontés au cours de leur scolarité et que Harry avait failli le tuer accidentellement lors d'une stupide bagarre.

Daphnée le rassura d'un sourire.

— Ne t'en fais pas, Pansy est toujours très dramatique. Laisse-lui le temps de digérer la surprise de t'avoir reconnu ici, puis nous lui expliquerons la situation et tu verras qu'elle aboie plus qu'elle ne mord.

Harry soupira et hocha la tête, puis il changea de sujet, même si son esprit revenait sans cesse sur l'incident.

— D'accord. Le repas est presque prêt.

Lors du repas, les Serpentard semblèrent avoir totalement oublié l'incident. Harry pensa que Parkinson devait être particulièrement bruyante en temps normal pour que son éclat passe inaperçu. Malefoy n'avait pas hésité à lui jeter un Silencio et personne n'avait frémi lorsque la porte avait claqué avec force.

Harry participa à la conversation avec une aisance qui le surprit et il se comporta comme si ses hôtes étaient de vieux amis qu'il retrouvait après une longue absence. Il posa des questions ici et là sur le passé, mais il évita soigneusement le sujet de la guerre, même s'il brûlait de découvrir de quelle façon les Serpentard voyaient les choses.

Alors qu'ils débarrassaient la table, Harry demanda, aussi innocemment que possible.

— Ça arrive souvent des gens agressés par ici ? Je veux dire, comme moi ?

Il y eut un silence et Malefoy échangea un long regard avec Théo. Finalement, ce dernier répondit avec prudence.

— L'Allée des Embrumes n'est pas vraiment un endroit fréquentable.

Harry hésita brièvement avant de continuer sur cette voie.

— Je me souviens de tes mots à ce sujet. Je me souviens également que c'est un endroit à éviter, mais rien de plus.

Malefoy intervint.

— Un « endroit à éviter »... c'est l'euphémisme du siècle ! C'est un coupe-gorge, Potter. Ici, il n'y a pas d'autorité du ministère, et toute la racaille du monde magique s'y regroupe. Disons que c'est une version moderne des cours des miracles d'autrefois. Quelqu'un qui s'y aventurerait par curiosité a toutes les chances d'être agressé et de terminer dans un coin de l'Allée, dépouillé de tous ses biens et la gorge tranchée.

Harry déglutit, se souvenant de tous les avertissements au sujet de l'Allée qu'il avait ignorés. Il murmura, effaré.

— Et vous, vous ne risquez rien ?

Malefoy laissa échapper un rire grinçant.

— Pas vraiment, non. Nous faisons partie de cet endroit depuis sept ans, Potter. Par contre, j'aimerais bien savoir ce que toi tu fichais dans l'Allée des Embrumes. Je n'ai aucun doute que tu as foncé tête baissée en ignorant le danger, c'est tout à fait ton style. Cependant, je n'arrive pas à comprendre ce qui a motivé ce geste... totalement stupide.

AmnésieOnde as histórias ganham vida. Descobre agora