Chapitre 52

179 30 1
                                    


Kingsley observa Harry un instant, puis il demanda soudain, avec un léger sourire.

— Ta propre communauté, hein ? Et que feras-tu de ton emploi ?

Harry grimaça et il haussa les épaules.

— J'ai adoré être auror, réellement. Mais tu as pu constater à quel point je me perdais dans le travail à chaque nouvelle affaire. Je crois que j'ai envie d'autre chose, d'une autre vie.

Cette fois, Kingsley gloussa joyeusement, les yeux brillants.

— Tu n'es pas le premier Auror à vouloir démissionner par amour, tu sais. Et tu n'es pas le dernier. Il y aura toujours une place parmi nous pour toi si tu décidais de changer d'avis et de revenir vers nous...

Harry hocha la tête avec un peu de raideur, sa moue agacée ne laissant aucun doute sur le fait qu'il était certain de ne pas changer d'avis. Kingsley ne s'en offusqua pas et il soupira.

— Tu peux bien évidemment créer ta propre communauté et y inviter qui tu veux. Tant que tu ne comptes pas créer de problèmes ou lever une armée pour déstabiliser le monde magique, personne ne t'en empêchera. Cependant, tu dois te douter que cette nouvelle risque de provoquer une certaine agitation.

Le visage de Harry se ferma.

— Je m'en doute. Je ne compte pas divulguer notre lieu de vie ni la liste des résidents.

Kingsley soupira.

— Il y aura probablement un peu de paperasse à faire, mais Hermione devrait pouvoir t'aider efficacement à t'en tirer.

Harry haussa un sourcil surpris.

— Et... c'est tout ?

Kingsley ricana, amusé.

— Tu t'attendais à ce que je refuse et à devoir te battre pour retrouver l'élu de ton cœur ?

En voyant Harry rougir violemment, il ricana de nouveau avant de secouer la tête.

— Harry, tu mérites largement une vie heureuse et en paix. Tu as été un excellent Auror et je mentirais en disant que tu ne vas pas nous manquer, mais si ton bonheur est ailleurs, alors... je ne te retiendrai pas.

Harry hocha lentement la tête, le regard perdu dans le vide.

— J'ai toujours pensé que je serais... obligé de poursuivre dans cette voie, à cause de la prophétie, tu vois ? Dumbledore me rappelait souvent mes responsabilités et que je devais... agir pour le mieux. Pour le plus grand bien.

Kingsley ne masqua même pas sa grimace et il grogna finalement, avec un soupir.

— Nous étions en guerre et même si nous n'étions pas tous d'accord avec le plan de Dumbledore — celui visant à placer un enfant en première ligne à cause d'une prophétie annoncée par une femme ivre la moitié du temps — nous n'avions pas vraiment le choix. Le monde magique était dans une situation précaire et tu apportais l'espoir... En fait, la plupart d'entre nous pensaient que tu resterais un symbole et que nous aurions le sale boulot à faire. Mais tu... Bon sang, Harry... Tu étais un gosse et tu t'es battu courageusement. Tu as sacrifié tant de choses... Peut-être que certains voudront te convaincre que tu as toujours des responsabilités, mais je veux que tu saches que c'est faux. Tu es libre de mener ta vie comme tu l'entends. Nous sommes en paix, après tout.

Harry déglutit, ému, puis il murmura, la voix légèrement tremblante.

— Merci de me dire ça. C'est... ça compte beaucoup.

Kingsley se leva et contourna son bureau pour tirer Harry dans une solide étreinte.

— Fais-moi signe quand tu seras installé dans ton petit paradis et je te rendrais visite, d'accord ? Qui sait, peut-être, que j'envisagerai de te rejoindre pour mes vieux jours ?

Les yeux brillants de larmes retenues, Harry éclata de rire et il hocha la tête.

— Tu seras toujours le bienvenu, Kings. Et j'ai hâte de te présenter Théo et les autres.

Kingsley sourit et lui tapota l'épaule.

— Allez, file. Je vais te faire envoyer toute la paperasse, pour faire les choses officiellement.

Harry hocha la tête.

— Merci Kings. Tu sais où demander si tu as besoin de vacances en paix...

Le jeune homme quitta le bureau du ministre sous l'éclat de rire de celui-ci, le cœur léger.

Il avait imaginé une mer d'obstacles à franchir pour atteindre son but, mais finalement, Kingsley lui avait ôté un poids des épaules en lui offrant la vie dont il rêvait.

Lorsqu'il sortit du ministère, Harry hésita brièvement avant de transplaner, indécis quant à sa prochaine destination. Finalement, même s'il avait hâte de rentrer près de Théo, il devait passer au Terrier, pour s'excuser auprès de Molly. Il savait à quel point la mère de Ron avait été inquiète pour lui et il voulait la rassurer.

Devant le portail du Terrier, Harry hésita longuement, incertain. Cependant, Molly dut le voir arriver puisqu'elle ouvrit la porte et l'attendit patiemment avec un sourire.

Le jeune homme finit par avancer, rejoignant la matrone. Molly l'attira dans ses bras et le serra contre elle, en murmurant, d'un ton doux.

— Tu as l'air en pleine forme, Harry.

Harry hocha la tête, un peu gêné, en rendant l'étreinte à la seule figure maternelle qu'il ait connue.

— C'est le cas, Molly, je crois que j'avais besoin d'un peu de... repos.

Molly pinça les lèvres avant de le fixer gravement.

— Tu sais, Harry, je te considère comme mon garçon depuis que je t'ai rencontré. Tu fais partie de la famille et... tu aurais pu venir au Terrier. J'aurais pu prendre soin de toi.

Harry rougit légèrement, se sentant à la fois ému d'être accepté si simplement et gêné d'avoir repoussé la famille Weasley, puis il soupira.

— J'avais besoin de... réfléchir. De remettre mes idées en ordre.

Molly sourit et elle le tira à sa suite, sans poser plus de questions.

— Viens avec moi, j'ai fait des biscuits. Et tu voudras peut-être un peu de thé ? Raconte-moi tout !

Harry laissa échapper un rire surpris et il se laissa installer devant une assiette de biscuits appétissants sans protester. Molly leur servit une tasse de thé et s'installa face à lui, lui laissant le temps de rassembler ses pensées.

Finalement, Harry hésita et murmura, en fixant sa tasse, les joues rouges.

— J'ai rencontré quelqu'un.

Molly gloussa joyeusement et lui pressa la main, avant de murmurer, amusée.

— Je suis au courant, oui.

AmnésieWhere stories live. Discover now