Chapitre 5

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Joyeux Noël à toutes et tous !

Lili

Une fois rentré chez lui, Harry s'endormit comme une masse à l'instant où sa tête toucha son oreiller.

Le lendemain, il arriva plus tard qu'à son habitude au Ministère et il ignora avec soin les regards surpris de ses collègues. Il était en général le premier arrivé et le dernier à partir.

Il repoussa une vague de culpabilité lorsqu'il découvrit leur bureau en effervescence, s'attendant presque à recevoir une remarque sur son arrivée tardive. Cependant, personne ne sembla lui reprocher quoi que ce soit et il se détendit légèrement.

En voyant les visages graves de ses collègues, il grogna. Le chef des Aurors le salua avant d'aller droit au but.

— Potter ! Nous avons une autre victime dans l'allée.

Harry hocha la tête lentement, plissant légèrement les yeux en notant la tension autour de lui.

Gawain Robards avait pris la suite de Rufus Scrimgeour pendant la guerre et il avait gardé son poste, puisqu'il avait prouvé à de nombreuses reprises qu'il était efficace et digne de confiance. Il soupira en secouant légèrement la tête et il baissa la voix, comme pour s'assurer que seuls ses Aurors entendraient ses mots.

— Si jusqu'à présent nous avons eu des victimes isolées et un peu marginales, cette fois... c'était un employé du ministère. Albert Runcorn.

Harry fronça les sourcils, se demandant pourquoi ce nom lui semblait familier. Finalement, en voyant la photo de l'homme avec celle des autres victimes, il se souvint.

Runcorn était l'homme dont Harry avait pris l'apparence, lorsqu'il s'était introduit dans le ministère pour récupérer l'Horcruxe que Dolorès Ombrage avait en sa possession.

Il hocha lentement la tête, un peu secoué par ce souvenir brusque, mais il revint rapidement au présent alors que Robards poursuivait.

— Il est plutôt solitaire et discret depuis la fin de la guerre...

Il fut interrompu par un reniflement méprisant de Fiertalon, un collègue de Harry.

— Discret... Encore heureux. Il ne devrait plus travailler ici !

Harry leva un sourcil perplexe et Robards soupira.

— Après la mort de Dumbledore et le chaos qui a suivi, les Mangemorts qui travaillaient au ministère ont fait passer des lois coercitives contre les nés-moldus. Disons que Runcorn a joyeusement collaboré avec ces foutus extrémistes.

Harry fronça légèrement les sourcils.

— Comment ça ?

Fiertalon prit la parole, la voix vibrant de colère.

— Ce salaud a dénoncé Dirk Cresswell à Ombrage et sa commission d'enregistrement des nés-moldus. Dirk travaillait avec les gobelins et c'était un chouette type, tu vois ? Super intelligent sans être condescendant. Bon sang, les gobelins l'appréciaient beaucoup, probablement parce qu'il parlait couramment le gobelbabil.

Harry hocha la tête, surpris que Robards ne reprenne pas Fiertalon pour sa digression. L'Auror se perdit un bref instant dans ses souvenirs, puis il reprit.

— Bref, Dirk était né-moldu. Quand les choses ont commencé à dérailler, il a bricolé son arbre généalogique pour cacher cette information. Runcorn l'a découvert d'une manière ou d'une autre et il l'a dénoncé sans hésiter. Dirk a été condamné à Azkaban, mais il s'est échappé et il a rejoint un groupe de nés-moldus qui fuyait les persécutions.

Harry déglutit, les souvenirs de sa propre cavale l'envahissant. Robards dut percevoir son malaise, puisqu'il intervint.

— Dirk était avec Ted Tonks. Ils ont été tués tous les deux par des rafleurs. Il... semblerait qu'il ait aidé ton camarade de Poudlard, Dean Thomas, à s'en sortir.

À l'expression de Fiertalon, Harry comprit que ce dernier avait probablement été ami avec Cresswell et qu'il n'avait jamais pardonné la trahison de Runcorn, quelles que soient les raisons de l'homme pour avoir placé une cible dans le dos de son collègue.

Robards laissa passer quelques secondes, puis il murmura, d'un air sombre.

— Runcorn était un solitaire et sa disparition ne sera pas vraiment notée, mais si notre tueur continue de choisir ses victimes au hasard, il finira par cibler la mauvaise personne. Si l'opinion publique découvre que nous avons un meurtrier en liberté, le ministre fera face à un scandale sans précédent et il devra ordonner le... nettoyage de l'Allée...

Harry fronça les sourcils.

— Le nettoyage ? Comment ça ?

Robards parut un instant mal à l'aise, puis il expliqua, avec un soupir.

— Envoyer toutes les forces armées du ministère pour évacuer les lieux, expédier les hors-la-loi à Azkaban et raser les bâtiments en ruines pour reconstruire.

Harry cligna des yeux, puis il répondit, avec un haussement d'épaules nonchalant.

— Ça semble plutôt une bonne idée. Je veux dire, si l'endroit était reconstruit et réhabilité, ça aiderait peut-être les gens qui y vivent à s'intégrer ?

Robards fixa le groupe d'Aurors avec gravité, puis il secoua la tête, l'air sombre.

— L'allée des Embrumes regroupe le désespoir des sorciers rejetés par la société magique. Il y a également les créatures qui sont exclues et ceux qui veulent disparaître. Il y a des familles, également. À votre avis, comment réagiront-ils à cette solution ?

Harry chuchota, légèrement horrifié.

— Ils se battront pour ce qu'ils ont.

Robards hocha la tête en croisant son regard.

— Ils se battront. Avec toute leur rage et leur désespoir. Personnellement, je n'ai pas envie de m'engager dans une telle bataille, de faire face à ces exclus qui n'auront rien à perdre.

Fiertalon croisa les bras sur sa poitrine, les sourcils froncés.

— Alors quoi ? On ferme les yeux sur tous les trafics qui existent dans cet enfer ?

Le chef des Aurors ricana en s'approchant de l'Auror boudeur et il lui tapa amicalement dans le dos.

— Je n'ai pas dit ça, détends-toi. Je dis seulement que nous devons procéder avec prudence, parce qu'attaquer frontalement serait du suicide. Le ministre Shakelbolt est d'accord avec moi et si jamais la situation devenait incontrôlable, il ferait de son mieux pour nous donner du temps.

Harry prit la parole, en pleine réflexion.

— Il nous faudrait quelqu'un à l'intérieur. Quelqu'un qui peut aller et venir dans l'allée sans attirer l'attention et qui ne provoquera pas la colère des habitants.

Il secoua la tête et il rougit légèrement en se rendant compte que tous les regards étaient fixés sur lui. Robards lui offrit un sourire approbateur, mais il le fixait avec gravité et une pointe d'inquiétude.

— C'est une excellente idée, Potter. Cependant, j'espère que tu n'oublies pas que tu es connu de l'ensemble du monde magique et que l'allée doit regrouper l'ensemble de tes ennemis encore vivants...

AmnésieWhere stories live. Discover now