Chapitre 41

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Harry s'empourpra violemment et il hésita un instant.

— Théo l'a évoqué, mais je pensais que c'était... une plaisanterie. Je veux dire... comment pouvait-elle penser ça, on se battait tout le temps.

Daphnée leva un sourcil moqueur.

— Oh par pitié, Harry... ça n'a rien d'étrange de passer subitement de la haine à l'amour. Ce sont juste deux émotions fortes, proches l'une de l'autre.

Harry plissa le nez.

— Mais je n'ai jamais... pensé à Drago de cette façon.

Daphnée n'insista pas, mais elle se contenta de sourire, ayant sa propre opinion. Harry l'ignora, préférant revenir au sujet qui le préoccupait.

— Tu crois qu'il me pardonnera ?

La jeune femme soupira.

— Tu parles toujours de Drago ?

Harry renifla.

— De Drago et de Théo. J'ai une idée assez précise de l'état d'esprit de Drago même si... tu penses qu'il va se calmer.

Daphné gloussa.

— Il est déjà calmé. Il ne... s'excusera pas de t'avoir frappé, même si je pense que c'est un peu extrême comme réaction, mais entre vous deux... je ne vais pas prétendre que ça m'étonne. Théo le lui a reproché, évidemment.

Harry marmonna.

— Je le méritais.

La jeune femme secoua la tête, avec un sourire en coin.

— Harry... c'est ta culpabilité qui parle. Si tu avais avoué tes mensonges comme tu en avais l'intention, il y aurait eu une dispute, quelques cris et paroles malheureuses... et puis ça serait passé. Lorsque les intentions de Verpey ont été rendues publiques, Théo a rappelé que... tu leur avais sauvé la vie.

Harry secoua la tête.

— Je n'ai fait que mon travail, Daph ». Rien de plus. Je veux dire, c'était la raison pour laquelle j'étais venu dans l'Allée en premier lieu.

Daphnée compléta, calmement.

— Mais c'était bien plus personnel que tes autres... missions, non ?

Harry se frotta les yeux avec un soupir et il hocha la tête.

— Évidemment. Je ne sais pas...

Il s'interrompit en se mordillant la lèvre, puis il se perdit dans ses pensées. Daphnée compléta en douceur, sans le quitter des yeux.

— Tu ne sais pas quoi ?

Harry laissa échapper un rire amer.

— Je n'ai jamais eu de vraie relation en dehors d'avec Ginny et... nous étions plus des amis proches plus qu'autre chose. Je veux dire, j'étais si proche avec sa famille que... que tout semblait tracé pour nous.

Daphnée intervint en levant un sourcil surpris.

— Mais tu ne l'aimais pas.

Harry secoua la tête.

— Pas comme ça. Gin' est plus une sœur que n'importe quoi d'autre. Sa famille espère toujours nous... rapprocher, nous voir fonder une famille.

— Mais tu ne veux pas.

Harry renifla.

— Ça ne marcherait pas entre nous. Nos caractères... on s'entend bien comme ça, mais...

Le jeune homme frissonna, avant de sourire.

— Nos disputes sont dévastatrices.

Daphnée ricana.

— Comme avec Drago ?

Harry se figea un instant, puis il se mit à rire, se détendant légèrement.

— Si Ginny entend ça, elle va me tuer, mais oui. En fait, oui, ça pourrait être comme ça avec Drago.

Daphnée gloussa, avant de demander.

— Et avec Théo ?

Harry rougit brusquement et il se tortilla sur son siège, mal à l'aise.

— Je tiens vraiment à lui. J'ai vraiment envie... de voir où ça va nous mener tous les deux. Il... Je ne me suis jamais senti aussi bien avec quelqu'un.

Daphnée resta silencieuse, laissant quelques instants à Harry pour se reprendre. Harry leva le regard vers elle, craignant sa réaction et il se sentit soudain beaucoup mieux alors qu'elle ne semblait montrer aucune désapprobation.

Après un long silence, Harry soupira.

— Dis-moi Daph », tu aimerais vivre loin de l'Allée ?

Daphnée plissa les yeux et elle laissa passer quelques secondes interminables avant de hausser les épaules.

— Harry... je ne souhaite pas rester dans l'Allée, bien évidemment. Mais je j'abandonnerai pas mes amis et je refuse de vivre en recluse. Je ne me sens pas capable de... supporter une fois encore les insultes et tout ça.

Harry se pencha vers elle pour l'attirer dans ses bras.

— Je ne te demande pas ça, Daph ». Je sais à quel point c'est pesant, de supporter le regard des autres. Je ne voudrais pas t'imposer quoi que ce soit, ni à toi ni aux autres. Mais je veux trouver une solution et...

Daphnée lui pressa l'épaule, les yeux brillants d'émotion.

— Ne t'en fais pas, même si... ça ne fonctionne pas, tu auras essayé. Et ça, c'est bien plus que ce que tout le monde a fait pour nous jusqu'à présent.

Harry fronça les sourcils, déterminé.

— Je trouverai une solution. Alors ? Tu serais d'accord pour vivre en dehors de l'Allée ?

Daphnée ricana.

— Bien entendu. Je saisirai n'importe quelle occasion pour quitter cet endroit sordide. Nous ne sommes pas malheureux, bien sûr, ce n'est pas non plus... insupportable, mais pouvoir circuler librement sans craindre d'être agressée me manque.

Harry hocha la tête, avec un léger sourire.

— Je dois juste... vérifier quelque chose encore. Mais... J'ai peut-être une idée.

Daphnée se pencha, soudain curieuse.

— Une idée ? Qu'est-ce que tu prépares ?

Harry eut un sourire en coin et secoua la tête.

— Tu verras, très bientôt.

Daphnée recula légèrement pour l'observer, les yeux plissés, puis elle marmonna, méfiante.

— Remettre ta vie en ordre, hein ? À quel point Harry ? Qu'est-ce que tu mijotes exactement ?

Le jeune homme soupira en se passant la main nerveusement dans les cheveux.

— Je te l'ai dit je n'ai pas cessé d'espérer avoir une chance encore avec Théo. Tu viens de me dire qu'il ne me détestait pas et que j'avais une chance de... de le retrouver, n'est-ce pas ? Alors, ne me demande pas de cesser de chercher un moyen d'améliorer nos vies à tous.

Daphnée pencha la tête surprise.

— À tous ?

Harry laissa échapper un rire amer, avant de répondre, sans la moindre hésitation.

— Vous avez les insultes et les regards mauvais. Moi, j'ai l'admiration et une intrusion permanente dans ma vie privée. Des inconnus qui me donnent des conseils, je reçois des lettres... parfois embarrassantes, de sorcières qui sont prêtes à tout pour obtenir un moment avec le Sauveur. Depuis la fin de la guerre, j'ai l'impression de vivre sous leur regard avide, d'être jugé en permanence. Je me suis plongé dans le travail et je devrais te faire visiter mon appartement pour que tu comprennes que je n'avais pas réellement de vie. Je me suis senti chez moi pour la première fois lorsque j'étais parmi vous, comme si j'avais enfin trouvé ma place.

AmnésieWhere stories live. Discover now