Chapitre 25

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Installé près de Théo, Harry se plongea dans le livre que lui avait prêté le jeune homme sans un mot. Puisqu'il avait été au cœur des évènements, il n'avait jamais envisagé de lire l'un des multiples récits de la guerre des sorciers qui avaient été édités après la guerre.

Cependant, ce fut instructif de découvrir le récit de l'histoire du point de vue d'un observateur externe...

L'auteur en premier lieu fustigeait Dumbledore d'avoir caché de sa propre initiative Harry lorsqu'il était enfant, sans en référer au Ministère. Il résumait la scolarité de Harry en une suite de drames et d'incidents qui auraient pu lui coûter la vie, mentionnant brièvement sa participation forcée au tournoi des trois sorciers.

La renaissance de Voldemort était décrite comme un tournant dans la guerre. Le refus du monde magique de croire aux paroles de Harry était décrit comme un déni collectif, signe de la lâcheté du ministère de refuser d'assumer un rôle clair face à l'ennemi. L'auteur rappelait à quel point le ministère était gangréné par la corruption. Beaucoup d'employés étaient des Mangemorts ou des sympathisants de Voldemort, jusque dans les services les plus sensibles comme celui des langues de plomb.

Pendant que Harry était en fuite, il avait vécu en dehors du monde magique avec ses amis, coupé de tout. Ils avaient écouté la radio, pour essayer d'avoir des nouvelles, mais ils n'avaient pas réellement conscience de la vie quotidienne d'alors.

L'auteur du livre détaillait avec un certain détachement la paranoïa qui avait saisi les sorciers, certains prêts à dénoncer leurs voisins pour espérer rester sous les radars des rafleurs. Il parlait des nés de moldus, traqués comme des animaux, se regroupant et se cachant.

Il évoqua les rafleurs, qui n'étaient qu'un ramassis de criminels encouragés à profiter de la situation. Ces derniers arrêtaient sous une fausse autorité les nés-de-moldus ou tous ceux qui ne leur plaisaient pas. Le monde magique nageant dans le chaos, ils n'hésitaient pas à tuer ceux qui résistaient, même de façon minime. Ils n'avaient aucune pitié, ni pour les femmes ni pour les enfants.

Ainsi, ils avaient envoyé un grand nombre de personnes à Azkaban avec pour seul motif leur naissance... et la plupart avaient succombé aux Détraqueurs sous les ordres de Voldemort.

« L'affaire Runcorn » était évoquée, comme exemple des trahisons entre collègues ou proches. L'homme avait dénoncé son collègue sans rien gagner en retour, juste parce qu'il le pouvait.

L'auteur insistait sur l'atmosphère de peur qui pesait sur le monde magique, alors que Voldemort semblait s'enfoncer dans la folie, puisqu'il concentrait tous ses efforts à chercher un adolescent en fuite.

Parallèlement, les autres enfants magiques étaient entre les griffes de Mangemorts puisque Poudlard n'était plus un refuge. La chute de Poudlard était évoquée, rappelant que la direction de l'école était passée aux mains de Severus Rogue.

L'auteur avait recueilli des témoignages le décrivant comme un Mangemort cruel, mais beaucoup d'élèves avaient avoué par la suite que sans Rogue, les Carrow, adeptes de torture, auraient fait bien plus de dégâts. Il y avait une note rappelant que Rogue avait été décoré à titre posthume pour acte de bravoure, alors qu'il avait été espion et qu'il avait donné sa vie pour combattre Voldemort.

Harry s'arrêta de lire avant d'arriver au récit de la bataille de Poudlard, essayant de faire correspondre ce qu'il venait de lire avec ses propres souvenirs.

Il cligna des yeux et sursauta presque en découvrant que Théo l'observait, curieux. Harry soupira et grimaça.

— Je ne sais pas trop quoi en penser. Ça semble... un peu surréaliste.

Théo hocha la tête, le regard se perdant dans le vide.

— La première fois que j'ai lu ce truc, j'ai cru que c'était... faux. Que ça ne s'était pas passé comme ça. J'étais à Poudlard, mais j'étais un Serpentard et mon père était un Mangemort. J'étais donc totalement protégé, que ce soit des rafleurs ou des Carrow. Bien sûr, on se rendait compte qu'ils étaient cinglés et... je détestais entendre les hurlements de mes camarades soumis au doloris... mais on ne pouvait rien faire.

Théo marqua une brève pause, avant de chuchoter, avec une grimace désolée.

— Ou nous ne voulions rien faire. Nous aurions probablement pu faire quelque chose en agissant tous ensemble. Sur tous les Serpentard, il y en avait peut-être un ou deux qui croyaient en tout ça...

Harry pencha la tête.

— Pourquoi continuer dans cette voie alors ?

Théo haussa les épaules.

— Personne ne nous faisait confiance. Autant suivre nos familles et nos amis, non ? Si la guerre ne s'était pas terminée lors de la bataille de Poudlard, mon père m'aurait renié et je me serais retrouvé à la rue, sans nom. Personne ne voulait finir de cette façon même si ça impliquait devoir... faire face à des horreurs.

Harry sursauta légèrement, surpris.

— Ton père voulait te renier ? Pourquoi ?

Théo laissa échapper un rire sinistre, alors que son regard se perdait dans le vide.

— Ma mère... n'était pas comme mon père. Elle détestait les Mangemorts et leur idéologie. Elle était... disons qu'elle m'apprenait la différence entre le bien et le mal. Mon père a toujours été un homme violent et il était... parmi les plus extrémistes. Il a fini par la tuer, à force de la frapper. J'avais sept ans, mais ma mère m'a fait jurer sur son lit de mort de ne jamais prendre la marque. Elle voulait que je vive autrement, loin de toute cette violence.

Théo prit une inspiration brusque et il secoua la tête, avant de reprendre, avec un soupir résigné.

— Mon père a tenté de m'obliger à prendre cette foutue marque. J'ai refusé et tant que j'étais à Poudlard, j'étais plus ou moins protégé. Cependant, j'ai refusé de me battre le jour de la bataille de Poudlard et il m'a hurlé que je n'étais plus son fils. Qu'il allait me renier pour être si couard et que je finirais par le supplier à genoux.

Théo serra les dents et il secoua la tête.

— Peu importe ses menaces, j'ai promis à ma mère. Par chance, il a été arrêté sur le champ de bataille alors qu'il essayait de tuer un Auror et il a été envoyé à Azkaban. Selon les lois magiques, il n'est plus chef de famille et ne possède plus rien. C'est moi qui hérite de tout et qui prends les décisions... J'ai donné une grande partie de toute sa fortune pour la reconstruction du monde magique, en espérant qu'il l'apprenne. Qu'il s'étouffe en l'apprenant.

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