Chapitre 24

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Immédiatement, Harry écarquilla les yeux, sincèrement inquiet.

— Je viens avec vous !

Théo laissa échapper un bref rire.

— J'étais prêt à parier que tu dirais quelque chose comme ça. Cependant, nous ne risquons rien contrairement à toi. Certains résidants de l'Allée verront ta présence comme une... provocation.

Harry grimaça.

— À ce point ? Je pourrais aider !

Théo soupira.

— Harry. Tu ne te souviens peut-être pas, mais tu es un symbole. Tu es connu, ta photo a été publiée un nombre incalculable de fois dans la Gazette. N'importe qui pourrait te reconnaître immédiatement et certains... Disons qu'ils attribuent leur disgrâce à ton intervention dans la guerre.

Harry resta silencieux, soudain pensif. Théo eut une brève hésitation, avant de reprendre.

— Soyons clairs, ce que tu as fait était nécessaire. Sans toi, le monde magique serait tombé dans une ère de ténèbres. Mais il y a toujours des idiots pour s'accrocher à un passé révolu et oublier tout ce qui n'allait pas.

Harry baissa la tête et resta silencieux, craignant de se trahir. Il aurait aimé pouvoir crier qu'il n'était pas le seul à se battre et qu'il n'avait rien fait d'extraordinaire. Au contraire, il s'était débattu pour survivre, il avait juste... fait de son mieux. Il n'avait pas eu le choix.

Il n'était pas le héros décrit par le monde magique, juste un adolescent perdu, plongé dans une guerre qu'il ne comprenait pas toujours.

Finalement, il s'éclaircit la voix et demanda, un peu timidement.

— Et toi et Drago, vous ne risquez rien ?

Théo sourit tranquillement.

— Nous vivons ici, Harry. Que nous le voulions ou non, nous appartenons à cet endroit et les gens d'ici se serrent les coudes en général. C'est nécessaire pour survivre. C'est pour cette raison qu'il y a des rondes pour surveiller les intrus.

Harry finit par se résigner, conscient qu'il ne pouvait pas agir comme il le faisait habituellement. En temps normal, il aurait ignoré tous les conseils de prudence et il se serait faufilé à l'extérieur pour être au cœur de l'action.

Il se contenterait cette fois de rester en arrière et d'attendre sagement, comme Théo le lui avait demandé.

Théo ouvrit son armoire pour y prendre un pull chaud et Harry grimaça.

— Tu pars déjà ?

Théo lui jeta un bref coup d'œil et il secoua la tête.

— À la nuit tombée seulement, mais j'aime me préparer à l'avance. Que dis-tu de nous installer dans le salon devant la cheminée ?

Harry hocha la tête, mais il attrapa le bras de Théo quand ce dernier passa près de lui et il le tira dans ses bras, l'étreignant farouchement.

— Fais attention à toi, d'accord ?

Théo hésita un bref instant avant de lui rendre son étreinte et il le rassura immédiatement.

— Je serais avec Drago et tu ne te souviens peut-être pas de lui, mais il sait se battre. Tout comme moi. Disons que c'est le seul avantage d'avoir un père mangemort qui pourrit à Azkaban.

Avec un soupir, Harry relâcha Théo, rougissant légèrement de son geste instinctif. Le Serpentard eut un petit sourire amusé, mais il ne fit pas le moindre commentaire et l'entraîna à sa suite pour rejoindre le salon.

Harry s'attendait à y trouver Drago, mais la pièce était déserte et la maison était silencieuse. Au regard de Harry, Théo dut deviner sa question puisqu'il haussa les épaules.

— Daphnée travaille, Pansy aussi. Drago a dû s'enfermer dans sa chambre ou il est parti faire un tour.

Théo se laissa tomber sur le sofa et après une brève hésitation, Harry s'installa près de lui, appréciant le contact de leurs épaules et la possibilité de pouvoir se blottir contre lui.

Le jeune homme soupira avant de demander, distraitement.

— Pourquoi Drago ne voulait pas que j'entende parler des meurtres ?

Théo laissa échapper un grognement agacé.

— Il prétend que si tu n'es pas venu pour ça, tu voudrais t'en mêler et tu nous mettras tous en danger. Il est convaincu que tu ne peux pas... rester à l'écart lorsqu'il se passe quelque chose.

Harry soupira.

— Et tu ne penses pas comme lui ?

Son estomac se tordit désagréablement alors que Théo réfléchissait avant de répondre. Finalement, le jeune homme soupira.

— Je ne peux pas le contredire sur certains points. À l'école, tu t'es toujours retrouvé mêlé aux évènements dangereux ou tragiques. À l'époque, pour certains tu provoquais le destin pour assouvir ta soif d'adrénaline et pour d'autres tu étais maudit... Ce que j'ai pu lire sur toi dans la Gazette te dépeint également comme quelqu'un qui se précipite au-devant du danger, comme une tête brûlée.

Harry déglutit et Théo lui adressa un sourire amical.

— Cependant, nous avons passé un peu de temps ensemble et même si tu es amnésique, je ne pense pas que tu sois différent de ce que tu es habituellement. J'ai l'impression que... que tu essaies toujours de faire pour le mieux, n'est-ce pas ?

Harry s'empourpra légèrement et murmura, mal à l'aise.

— Je ne comprends pas.

Théo laissa échapper un léger rire.

— Tu es arrivé ici, amnésique. Lorsque je t'ai dit que nous étions... ennemis à l'école, tu n'as pas semblé gêné. Tu as juste fait en sorte de devenir ami avec nous. Même le mordant habituel de Drago ne t'a pas fait reculer. Tu nous offres ta confiance, tu cuisines pour nous et tu t'inquiètes pour moi. Le seul moment où tu as voulu faire preuve d'imprudence, c'est lorsque je t'ai parlé de notre petite mission de surveillance cette nuit, et tu voulais venir parce que tu craignais que nous soyons blessés, pas pour jouer les justiciers. Je suppose que ça en dit long sur toi.

Harry rougit un peu plus et il détourna la tête, en s'agitant légèrement.

— Peut-être qu'il y a un fond de vérité dans ce que Drago dit ou dans les articles de la Gazette. Peut être que...

Théo l'interrompit en riant.

— Et tu fais toujours ça. Esquiver les compliments et essayer de montrer que tu n'es pas... le héros que tout le monde connaît. Tu faisais ça aussi à Poudlard.

Harry cligna des yeux, surpris.

— Oh. Je ne me sens pas comme un héros, Théo. J'ai juste... l'impression d'être quelqu'un de banal et je fais de mon mieux.

Sans un mot, Théo se leva et s'approcha d'une bibliothèque dans un coin de la pièce. Il en tira un mince volume et revint pour le tendre à Harry.

— Lis ça. C'est... une version abrégée de ce qui s'est produit pendant la guerre. Tu comprendras peut-être que tu n'es pas si banal que tu l'imagines et peut-être que ça réveillera tes souvenirs ?

La gorge nouée, Harry prit le livre en hochant la tête et il se plongea dedans.

AmnésieDonde viven las historias. Descúbrelo ahora