Amnésie

Chapitre 15

Après avoir mangé, Nott insista pour que Harry se repose encore et ce dernier accepta sans protester. Il ne se sentait pas le moins du monde fatigué, cependant il avait besoin de réfléchir à la situation et à la façon dont il allait mener son enquête.

Nott s'assura qu'il ne manque de rien avant de le laisser et Harry se rendit compte avec un léger choc qu'il voyait déjà Théodore Nott comme un ami plus que comme un ancien ennemi.

Les yeux fixés sur le plafond, Harry se jura que dès qu'il aurait arrêté le tueur, il ferait en sorte de sortir le groupe de Serpentard de cet endroit. Parmi eux, seul Malefoy avait reçu la marque des Ténèbres et Harry savait que ce n'avait pas été de gaieté de cœur. À l'époque, le jeune homme espérait juste rester en vie et sauver ses parents.

Harry se posait des questions sur comment aborder le sujet qui l'intéressait — avoir des témoignages sur les meurtres qui avaient été perpétrés ces dernières semaines — conscient que sa supposée amnésie compliquait les choses. Finalement, à force de se creuser la tête, il finit par glisser dans le sommeil, probablement plus secoué par son agression qu'il ne l'avait imaginé.

Lorsqu'il se réveilla, Harry était toujours seul dans la chambre et il se sentait un peu groggy. Il n'avait pas l'habitude de dormir autant, après tout. Habituellement, il manquait plutôt de sommeil.

Il se leva en se frottant les yeux et il attrapa ses lunettes sur la table de chevet près de lui avant de se diriger vers la porte. Il hésita un bref instant avant de quitter la pièce, mais Théo ne lui avait pas demandé de rester dans sa chambre.

Supposant qu'il pouvait se déplacer librement dans la maison, il regarda autour de lui avec curiosité en se dirigeant vers ce qu'il savait être le salon. La maison semblait ancienne, mais elle était bien entretenue. Il supposa que les trois autres portes fermées donnaient sur d'autres chambres, aussi, il ne tenta pas de les ouvrir.

Il dépassa la salle de bains et entra dans le salon, surpris du calme qui régnait.

Il avança dans la pièce et sursauta presque en se retrouvant face à une femme de son âge, qui le dévisageait en silence. Harry s'empourpra légèrement et il se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise.

— Euh... bonjour ? Je... Je cherche Théo ?

La jeune femme hocha la tête. Elle avait de longs cheveux bruns, soigneusement coiffés et ses yeux noisette étaient mis en valeur par un maquillage soigné. Elle semblait hors de son univers dans cette maison un peu vieillotte, ayant plus l'air d'une lady mondaine que d'une habitante de l'Allée des Embrumes. Même ses vêtements, un pantalon fluide beige et un pull rouge, semblaient être de qualité et surtout bien loin des tenues sorcières traditionnelles.

— Je suis Daphné Greengrass. Je suis au courant de ta... situation. Théo a dû s'absenter, mais il ne devrait pas tarder.

Harry hocha la tête, avant de se mordiller la lèvre.

— On était ensemble à Poudlard, aussi ?

Daphnée hocha prudemment la tête, visiblement méfiante. Elle haussa les épaules.

— On était dans la même promotion, oui, mais... on n'a jamais vraiment eu de relation.

Harry resta un instant silencieux, n'ayant pas besoin de simuler un manque de souvenirs à son sujet. Son nom avait éveillé un bref écho dans son esprit, mais rien de plus. Finalement, il demanda prudemment.

— Pourquoi ?

La jeune femme sourit et elle se détendit légèrement.

— D'abord, parce que tes disputes avec Drago monopolisaient déjà l'attention de tout le monde. Il n'arrêtait pas de dire que tu étais son ennemi, donc je suppose que nous restions à l'écart pour lui laisser la place.

Harry laissa échapper un rire nerveux.

— À ce point ?

Daphnée roula des yeux, sans cacher son amusement.

— Drago était plutôt autoritaire à l'époque. Et possessif. Mais mon père m'avait également interdit de me faire remarquer... pour ce que ça a servi...

Harry fronça les sourcils.

— Je ne suis pas sûr de comprendre...

Daphnée hésita brièvement avant de capituler avec un soupir.

— Mes parents n'ont jamais été mangemorts et ils n'ont jamais soutenu publiquement... enfin. Peu importe. En privé, mon père soutenait fermement certaines idées... plutôt extrémistes, mais il ne voulait pas être catalogué comme appartenant au camp des Ténèbres. Il avait des ambitions politiques...

La jeune femme marqua une pause et Harry s'empêcha de poser des questions, lui laissant le temps de rassembler ses pensées. Daphné reprit, visiblement résignée.

— Après la fin de la guerre, je pensais que ma famille serait épargnée, mais mon père avait signé un contrat de mariage entre Drago et ma petite sœur Astoria. Drago était déjà ici, dans l'Allée, pour sa propre sécurité aussi incroyable que ceci puisse paraître. Astoria a toujours été obéissante, mais pour une fois, elle s'est rebellée et elle a pris la fuite pour ne pas avoir à se marier. Mon père était fou de rage et j'ai quitté la maison à mon tour quand il a commencé à vouloir conclure un contrat de mariage pour moi avec un vieil homme siégeant au Magenmagot... Bon sang, il avait facilement quarante ans de plus que moi et mon père vantait mon obéissance et mes... « hanches larges » !

Harry hoqueta, horrifié.

— Tu as bien fait de partir ! Tu ne risques plus rien au moins ?

Daphnée laissa échapper un rire amer.

— C'est gentil de s'inquiéter, mais je m'en tire plutôt bien. Mon père... disons que sa réputation a été ruinée et il s'est... donné la mort. Avant que tu dises quoi que ce soit, il mérite son sort. Pleinement.

Harry hocha la tête et demanda, curieux.

— Et ta mère ?

— Elle voulait que je revienne avec Astoria. J'ai refusé en lui rappelant qu'elle n'avait rien fait pour arrêter la folie de mon père et... ma sœur a dû faire de même, puisqu'elle a quitté l'Angleterre. Elle s'est installée en France aux dernières nouvelles.

Harry baissa les yeux un instant, se demandant comment il avait pu ignorer tous ces évènements. Il s'était perdu dans son travail, jusqu'à se couper de la réalité en dehors des dossiers qui atterrissaient sur son bureau. Pour le reste... il s'était montré particulièrement hermétique.

Il reprit, avide d'en savoir plus.

— Et ta sœur ? Tu es toujours en contact avec elle ?