Chapitre 3

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Lorsque Harry entra dans son minuscule appartement, il soupira et essaya de se calmer, encore secoué par les remontrances de Kingsley. Les réflexions n'étaient pas nouvelles, mais la menace de l'éloigner du terrain, elle, était inédite.

Il considérait l'homme comme un mentor, et le ministre n'hésitait jamais à prendre le temps de bavarder avec lui et de le conseiller. Sa porte lui était toujours ouverte.

Il ferma un instant les yeux et soupira, avant de les rouvrir pour regarder autour de lui.

Il vivait dans un studio d'une pièce depuis sept ans. Ce qui avait été une étape provisoire était devenu permanent... et rien n'avait changé. Les murs étaient restés blancs et il avait très peu de meubles. Un matelas au sol dans un coin lui servait de lit, et la seule touche personnelle au tableau était la photo de ses parents dans un cadre, posée soigneusement près de son lit de fortune...

Ce n'était qu'un dortoir terriblement impersonnel, bien loin du foyer chaleureux dont il avait rêvé lorsqu'il était enfant. Il passait peu de temps chez lui, prenant ses repas soit chez les Weasley soit au Chaudron baveur avec des collègues. Il n'avait jamais utilisé la minuscule kitchenette du studio, puisqu'il prenait même son café sur le chemin.

Un regard sur sa malle de Poudlard lui fit monter le rouge aux joues. En sept années, il n'avait jamais pris le temps de la vider complètement et elle lui servait d'armoire. Il prit conscience que quelqu'un qui entrerait dans son appartement penserait qu'il n'était que de passages, pour une ou deux nuits...

Même si Harry détestait donner raison à ses proches sur ce point, il pensa qu'il devrait essayer d'améliorer les choses. Peut-être qu'il était temps pour lui de chercher un appartement un peu plus confortable et d'en faire un vrai foyer, plutôt que de faire comme s'il vivait à l'hôtel.

Il renifla en secouant la tête, et décida qu'une fois qu'il aurait bouclé l'affaire en cours, il prendrait peut-être quelques jours de vacances et il en profiterait pour remettre un peu d'ordre dans sa vie.

Une petite pause aurait au moins le mérite de calmer Kingsley et d'apaiser les craintes de Molly, bien que cette dernière soit déterminée à le voir s'installer avec quelqu'un — préférentiellement Ginny — et d'avoir des enfants.

Il fut tiré de ses pensées par une chouette frappant sèchement à la fenêtre et il ouvrit le battant pour prendre le message. Distraitement, il lui jeta une boule de MiamHibou qu'il gardait juste à côté et il ouvrit immédiatement la missive.

Il ne put s'empêcher de sourire en lisant le message. Il venait de Ginny, et cette dernière venait de rentrer en Angleterre après une tournée internationale avec les Harpies. Elle lui proposait de se rencontrer dans le restaurant chinois qu'ils aimaient beaucoup tous les deux, près du chaudron baveur, du côté moldu, et qui avait l'avantage de servir jusqu'à plus de minuit.

Il prit le temps de se changer, ôtant son uniforme pour enfiler un jean et un tee-shirt, pas vraiment surpris de recevoir une invitation aussi tardive. Ginny vivait de la même manière désordonnée que lui, calquant son rythme sur les matchs de Quidditch et les voyages qu'elle devait faire.

Harry se sentit tout de suite mieux à l'idée de la soirée agréable qui s'annonçait et il quitta rapidement son appartement, souriant.

Ginny était déjà présente devant le restaurant lorsqu'il arriva et il l'enlaça, ravi de la revoir. Puis, passant le bras autour de ses épaules, il la guida à l'intérieur.

— Quelles sont les nouvelles ?

Ginny laissa échapper un léger rire.

— Les Harpies sont bien placées pour atteindre la tête du classement cette année. Toutes ces heures d'entraînement finissent par payer !

Harry ricana, amusé.

— Pourtant, tu as beaucoup râlé à ce sujet. Tu disais que l'entraîneur vous prenait pour des elfes de maison...

Ginny rougit légèrement, et elle le bouscula doucement, avec un sourire.

— Il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis. Et toi ? Comment ça va ?

Harry soupira et il grimaça.

— Ta mère et Hermione complotent ensemble, elles se plaignent de mes habitudes de travail. Kingsley est également venu me faire la morale, il trouve que je passe trop de temps au ministère.

Ginny lui lança un regard malicieux.

— Parce que tu n'as pas encore emménagé sur place ?

Harry lui tira la langue en saisissant le menu, même s'il savait qu'il finirait par choisir les mêmes plats qu'à son habitude. Il reposa rapidement la feuille plastifiée et il avoua, alors que Ginny parcourait la liste des plats.

— Je crois qu'après cette affaire, je vais prendre un peu de temps pour déménager. Ils n'ont peut-être pas tort...

Ginny laissa tomber le menu et elle le fixa, les yeux ronds.

— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de mon Harry ?

Le jeune homme ricana, mais il ne put répondre immédiatement, coupé par l'arrivée du serveur. Les deux amis passèrent commande puis Harry haussa les épaules, reprenant la conversation.

— Je pensais juste que je pourrais trouver un endroit où je me sente bien.

Reprenant immédiatement son sérieux, Ginny hocha doucement la tête, avec une expression pensive.

— Un foyer. Un endroit que tu pourrais appeler ta maison.

Harry hocha juste la tête, avec un petit pincement au cœur. Cependant, il n'eut pas le temps de s'attarder sur ce sentiment, puisque Ginny lui posa des questions sur son affaire, dissipant la légère mélancolie qui s'était installée.

Harry attendit que le serveur apporte les plats et reparte pour raconter à Ginny le peu d'éléments qu'il avait. Ces détails étaient confidentiels, mais il avait totalement confiance en sa discrétion, et elle avait parfois le don d'aborder les problèmes sous un autre angle.

Elle resta silencieuse un moment, continuant de manger, puis elle soupira.

— Donc, il a des meurtres dans l'allée des Embrumes et tu n'as aucune piste. Tu penses que les victimes sont choisies au hasard ?

Harry fronça le nez.

— Ça y ressemble. Pour l'instant, nous n'avons aucun lien entre elles. Leur seul point commun est d'avoir été retrouvées mortes dans cette fichue allée.

Ginny renifla.

— Et si l'important ce n'était pas les victimes, mais le lieu ?

Perplexe, Harry cligna des yeux, en fixant Ginny. Puis, il fronça les sourcils, se perdant un instant dans ses pensées.

AmnésieWhere stories live. Discover now