Chapitre 31

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Harry accompagna Théo jusqu'à sa chambre, sans cacher son inquiétude. Ce dernier roula des yeux et marmonna, sans pouvoir cacher une pointe d'amusement malgré son agacement.

— Je vais bien, je suis capable de me débrouiller seul... ce n'était qu'une égratignure...

Harry ne répondit pas et entra dans la chambre avec lui, avant de fermer la porte.

Le jeune homme hésita brièvement, puis il demanda, incertain, se sentant soudain agité.

— Tu veux que je te laisse seul ? Je peux... m'installer dans le salon, si tu as besoin de...

Théo lui sourit doucement, comme pour le rassurer.

— Tu peux rester. Je... j'ai été surpris tout à l'heure.

Harry rougit légèrement, puis il soupira.

— Je n'ai pas réfléchi et je ne savais pas trop comment... En fait, je ne sais pas...

Théo grogna légèrement, l'interrompant, et il se laissa tomber sur son lit avec un gémissement de douleur. Harry resta immobile, l'observant, sans savoir quoi faire et Théo tapota la place à côté de lui.

— Je ne vais pas te hurler dessus ou je ne sais quoi, Harry.

Harry s'installa prudemment, se tournant à demi pour observer les réactions de Théo. Ce dernier soupira et son regard se perdit dans le vide.

— Au moment où tu m'as embrassé, j'ai pensé à l'instant où tu repartirais vivre ta vie et... où je resterai ici, en arrière. Seul.

Théo se tut et grimaça. Harry se frotta le visage, terriblement las.

— Je sais que tu penses que c'est impossible, mais nous pourrions trouver une solution ? Je ne veux pas te perdre Théo. Je me sens bien à tes côtés et j'ai envie de... plus. Si je pouvais rester...

Théo lui jeta un bref coup d'œil et son regard empli de douleur terrifia Harry. Il murmura avec un sourire triste.

— Je ne vais pas prétendre que ce n'est pas réciproque. J'aimerais vraiment... emprunter ce chemin avec toi. J'ai l'habitude d'être seul et de rester à l'écart, mais tu as... réussi à... m'attirer vers toi.

Cette fois, le regard de Harry était plein d'espoir.

— On pourrait essayer ?

Théo fronça légèrement les sourcils.

— Harry, dans la réalité, ça ne se passe pas comme dans les livres. Le monde magique ne se mélange pas avec l'Allée des Embrumes. Certaines choses sont faites pour rester telles qu'elles sont...

— On pourrait changer tout ça ! Montrer que c'est possible !

Face à son entêtement, Théo leva les yeux au ciel.

— Tu crois que nous sommes arrivés ici en pensant avoir enfin trouvé notre place ? Nous ne voulions pas nous résigner au début. Mais... nous avons vite compris que pour survivre, il faut baisser la tête et suivre le mouvement. Même encore maintenant, nous sommes des exclus pour beaucoup.

— Alors c'est tout ?

Théo lui sourit doucement.

— Je ne veux pas avoir le cœur brisé. Même si j'ai l'impression qu'il est un peu trop tard, parce que tu as pris une place incroyable dans ma vie en quelques jours.

Harry soupira avec résignation.

— Je sais que j'aurais le cœur brisé si je ne peux plus te voir, Théo. Autant que toi. Je veux croire que c'est possible, parce que sans toi, l'avenir me semble vraiment... solitaire. Je ne sais pas pourquoi je me suis autant attaché à toi, mais je me sens... complet à tes côtés. Comme si j'avais enfin trouvé ce qui me manquait.

Harry hésita et il s'appuya un peu plus contre Théo, profitant du contact léger entre leurs épaules.

— Je comprends tes raisons de rester à distance, mais je ne veux pas avoir de regrets. Je ne veux pas me réveiller un jour et me demander s'il y avait vraiment quelque chose entre nous ou si c'était juste une attraction passagère parce que nous avons passé du temps l'un avec l'autre.

Théo renifla, avec un sourire triste.

— Et si c'est quelque chose de réel ? Tu t'entêteras et nous aurons une fin tragique tous les deux. Harry, même si je pouvais prétendre être quelqu'un d'autre pour pouvoir te suivre, je n'abandonnerai pas mes amis. Ils sont la seule famille qui me reste, ceux qui m'ont soutenu dans cet enfer. Nous étions amis à Poudlard, mais maintenant...

Harry hocha la tête.

— Je ne pensais pas te demander de sacrifier une partie de ta vie, Théo. Je sais... j'ai vu à quel point vous étiez proches.

Théo lui lança un regard soupçonneux, et il ajouta rapidement.

— Et n'imagine pas que je te laisserai abandonner ta vie pour rester avec nous. Tu ne seras pas amnésique toute ta vie de toute façon !

Harry haussa les épaules.

— J'y ai pensé. À rester ici. Mais je sais qu'il y aura un moment où j'aurais besoin de plus. Je l'ai compris en te voyant blessé. Comment pourrai-je rester à l'écart en sachant que tu peux être attaqué ?

Théo soupira.

— Tu vois, c'est impossible. Écoute, Harry, je suis épuisé. Je compte dormir un peu.

Harry hocha la tête et rougit légèrement en demandant.

— Je peux rester près de toi ?

Théo le fixa un instant puis il soupira et il l'attira dans ses bras.

— Tu peux rester Harry. Bien évidemment. Je croyais que tu avais compris que je te repousse uniquement pour nous protéger tous les deux.

Harry hocha la tête, la tête enfouie dans le cou de Théo.

— Je sais. Mais...

Théo lui caressa affectueusement les cheveux avec un léger rire.

— Mais tu es têtu. J'ai cru comprendre, effectivement.

Harry leva la tête vers son compagnon, avec une moue presque enfantine, et Théo se pencha pour déposer un tendre baiser sur son front.

Ils échangèrent un long regard puis Harry s'écarta avec un soupir de regrets pour laisser Théo s'installer dans le lit.

Quelques instants plus tard, il s'allongea à son tour, tourné vers Théo, l'observant.

Ce dernier tourna la tête vers lui et il roula des yeux.

— Tu comptes me regarder dormir ?

Harry gloussa.

— Peut-être. Mais je vais probablement m'endormir aussi.

Théo soupira, mais il souriait et il attira Harry dans ses bras.

— Tu es impossible, tu le sais au moins ?

Harry plissa le nez, avant de prendre un air sérieux démenti par ses yeux brillants de malice.

— Essaie de dormir un peu, Théo. Tu as besoin de reprendre tes forces...

Avant que Théo ne puisse répondre, Harry s'approcha et il pressa brièvement ses lèvres contre celles de Théo. Puis il chuchota avec un sourire triste.

— Je sais que tu n'y crois pas, mais je peux y croire pour nous deux. Je peux... je peux peut-être...

Théo le dévisagea un instant, puis il pressa à son tour ses lèvres sur celles de Harry, à peine un effleurement.

— Je ne veux pas savoir, Harry. L'espoir est dangereux dans l'Allée des Embrumes... mais tu as raison sur un point : mieux vaut ne pas avoir de regrets.

AmnésieWhere stories live. Discover now