Chapitre 39

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Son deuxième essai fut beaucoup mieux. Il avait choisi d'aller au bord de la mer, rêvant de s'y rendre depuis que son cousin en avait parlé, après y avoir passé des vacances où Harry n'avait pas été convié...

Ainsi, il s'était rendu sur l'île de Man, plus précisément il avait transplané sur la plage de Port Erin. C'était une petite ville sur une île minuscule et il savait qu'il trouverait la tranquillité qu'il recherchait.

Il inspira à pleins poumons l'air salin et il hocha la tête, satisfait, avant de quitter la plage à pas lents, pour se rendre dans le centre de la petite ville.

Il comptait bien trouver quelque chose à louer pour y passer les prochains jours et essayer de remettre un peu d'ordre dans sa vie...

Harry eut de la chance en trouvant immédiatement un joli cottage à louer. En dehors de la saison touristique, il y avait peu de monde et Harry paya sans discuter la somme demandée. Le vieil homme moldu qui possédait l'endroit se montra charmant et accueillant.

En entrant dans le cottage, Harry en tomba immédiatement amoureux, et il songea qu'il aimerait vivre dans un tel endroit. C'était isolé pour qu'il puisse être tranquille et l'intérieur était joliment arrangé. Mieux encore, il pouvait voir la mer de sa fenêtre et contempler l'immensité liquide semblait l'apaiser, comme si ses soucis se diluaient dans la mer.

Plutôt que de se morfondre en s'enfermant à l'intérieur comme il l'avait fait dans son appartement, Harry partit immédiatement pour une randonnée, sans se soucier de la distance qu'il parcourait. Au fur et à mesure qu'il marchait, il avait l'impression d'être apaisé et de se débarrasser de ses soucis.

Après avoir marché sans but jusqu'à la tombée de la nuit, Harry rentra dans son cottage, épuisé, mais l'esprit vidé, plus calme.

Il avait décidé qu'il écrirait une longue lettre d'excuses à Théo, qu'il lui expliquerait tout en détail, sans rien omettre. Une totale honnêteté, aussi bien sur ses raisons de venir dans l'Allée des Embrumes, que sur son envie de rester près de lui.

Il laisserait ensuite le choix à Théo, en sachant pertinemment que ce dernier pourrait lui briser le cœur en le rejetant. Il l'attendrait juste, aussi longtemps que nécessaire...

Après s'être douché pour se débarrasser de la poussière de la route, Harry s'installa à la table et il sortit son matériel de correspondance de son sac.

Il lui fallut plusieurs tentatives avant d'être satisfait de sa lettre et il la cacheta sans oser la relire, conscient qu'il ouvrait son cœur... et qu'il risquait de se raviser en y réfléchissant trop. Il espérait juste que Théo la lirait entièrement en la recevant et qu'il ne la jetterait pas directement au feu en voyant qu'elle venait de lui.

Il posa la lettre sur la table, regrettant une fois de plus la disparition prématurée de sa fidèle Hedwige. Son cœur se serra à la pensée de sa chouette blanche, qui s'était sacrifiée pour le protéger.

Cependant, il ne s'inquiétait pas de la façon dont il enverrait sa lettre, en plein monde moldu. Il était certain que Kreattur se ferait une joie de jouer les coursiers, d'autant plus pour rencontrer des Serpentard exilés dans l'Allée des Embrumes... Il avait trouvé un terrain d'entente avec le vieil elfe depuis la fin de la guerre et il l'appelait de temps à autre pour de menues missions, ce qui semblait rendre la créature heureuse.

Épuisé, Harry bâilla et se dirigea vers la chambre. Il se laissa tomber sur le lit et il s'endormit dès que sa tête eut touché l'oreiller. Le grand air l'avait exténué et il dormit d'un sommeil de plomb.

Ce fut le soleil qui réveilla Harry et il grogna légèrement avant de se redresser en se frottant les yeux. Il s'étira en bâillant, avant de se lever en traînant des pieds.

En arrivant dans la petite cuisine, il s'immobilisa et il se traita d'idiot.

La veille, il avait sauté le dîner et il n'avait pas un seul instant pensé aux repas. Or, il n'avait pas fait de courses et il n'avait donc aucunes provisions...

Le regard de Harry glissa sur la lettre qu'il avait écrite la veille et il hésita brièvement, avant d'appeler Kreattur.

Harry n'eut que quelques secondes à attendre avant que le vieil elfe autrefois si grincheux apparaisse. Kreattur était loin d'être souriant et agréable, mais il s'inclina juste et attendit que Harry donne ses ordres.

Le jeune homme lui remit la lettre et lui expliqua où se trouvait la maison de Théo. Kreattur acquiesça juste sans faire le moindre commentaire et il s'inclina de nouveau avant de disparaître.

Harry soupira, son regard se perdant un instant dans le vide, puis il secoua la tête et se reprit. Il allait s'habiller et trouver un endroit où déjeuner, puis il continuerait à explorer les environs...

Cependant, avant qu'il n'ait le temps de quitter la pièce, un petit déjeuner copieux apparut sur la table et Harry gloussa, ravi.

Incapable de réprimer son sourire, il lança un « Merci Kreattur » d'une voix forte, se jurant de rendre visite à l'elfe plus souvent.

Après avoir mangé, Harry quitta le cottage et reprit son exploration des environs, se perdant dans ses pensées, l'exercice physique lui permettant d'évacuer son mal-être.

Il se sentait mieux, apaisé, même si son cœur était douloureux. Son isolement forcé lui permettait également de faire le point sur sa vie.

Harry prenait conscience qu'il n'avait jamais été vraiment heureux, mais pour la toute première fois de sa vie, il entrevoyait un moyen de changer les choses.

La routine de Harry ne changea pas les jours suivants. Après s'être réapprovisionné pour ne manquer de rien, Harry se levait, mangeait et partait marcher. Parfois, quand il se sentait d'humeur, il visitait un site historique, fasciné par le passé médiéval de l'île.

Il trouvait un endroit où grignoter le midi et continuait de se promener jusqu'à l'épuisement.

Puis, il rentrait au cottage, avalait un repas léger, et tombait comme une masse.

Il rêvait toutes les nuits de Théo, de leurs retrouvailles. Il s'imaginait s'excuser encore et encore, jusqu'à ce que Théo accepte de le pardonner.

Étrangement, les cauchemars dus à la guerre s'éloignaient. C'était comme si chaque jour passé à s'épuiser lavait son âme de ses peurs les plus profondes, lui apportant une paix à laquelle il avait aspiré depuis la fin de la guerre.

AmnésieWhere stories live. Discover now