Mariage arrangé

Se fiancer

Les mots de Drago avaient touché Hermione en plein cœur et elle avait passé ses épreuves dans un état second, donnant le meilleur d'elle-même tout en ayant en permanence à l'esprit son objectif.

De temps en temps, elle levait les yeux de son parchemin et son regard se posait sur Drago, installé devant. Elle souriait brièvement et se replongeait dans l'épreuve avec détermination, décidée à faire ses preuves.

Au moment du déjeuner, Drago avoua qu'il comptait rester à l'écart de la Grande Salle, même s'il devait passer le repas. Cependant, Hermione le traîna à sa suite, lui rappelant qu'il devait manger pour être apte à terminer cette journée d'examen.

Il y eut quelques regards noirs à son encontre, mais il y avait bien plus de curiosité à propos de sa relation avec Hermione.

Voyant sa tension soudaine, Harry lui adressa un clin d'œil.

– Relax, Malefoy. Personne ici n'est assez stupide pour provoquer Hermione lorsqu'elle est en stress comme ça. Durant les buses, elle a fait pleurer un première année qui a renversé son encrier sur ses fiches alors...

Les joues de Hermione s'empourprèrent et la jeune femme fusilla Harry du regard.

— Par pitié, Harry ! Ce n'est pas...

Drago posa son bras sur ses épaules et l'interrompit, adressant un rictus moqueur à Harry.

— Si tu essaies de me faire peur, Potter, c'est plutôt l'inverse qui se produit en fait...

Hermione rougit un peu plus et marmonna pour la forme, pendant que les deux anciens ennemis riaient ensemble.

L'après-midi se déroula sans incident, alors qu'ils continuaient à enchaîner les épreuves écrites des Aspics. Lorsqu'ils furent enfin libérés, Hermione s'étira avec un soupir.

— Encore deux jours de travail et ce sera terminé...

Elle leva les yeux sur Drago et elle fronça les sourcils, comme si elle se rappelait soudain d'un détail.

— Tu restes à Poudlard cette nuit ?

Drago secoua immédiatement la tête, les mains dans les poches.

— Non, ce n'est pas prévu. Je rentre chez moi et je serais là demain matin.

Hermione acquiesça, un peu déçue que Drago quitte Poudlard chaque soir.

Plutôt que d'attendre leurs amis, Hermione proposa à Drago de se promener dans le parc de Poudlard et après une brève hésitation, il accepta. Ils marchèrent à pas lents, contournant le lac noir, restant silencieux, main dans la main.

Après un moment, Drago chuchota, mal à l'aise.

— Il n'y a plus une seule trace de... ce qui s'est produit ici.

Hermione hocha la tête, le regard dans le vague.

— Je sais. Durant l'année, il m'est arrivé parfois de chercher n'importe quoi qui prouve que c'était réel... La vie a repris comme avant, comme si rien ne s'était produit.

— Qui voudrait garder ces choses en mémoire ?

Hermione serra un peu plus fort la main de Drago, puis elle chuchota, avec douceur.

— Au contraire, nous ne devons surtout pas oublier tout ce qui s'est produit.

Drago se tendit, mais Hermione s'arrêta pour l'attirer dans ses bras, et elle continua.

— Ce n'est pas pour te torturer, mais c'est pour éviter les mêmes erreurs. Peut-être que si les actions de Grindelwald n'avaient pas été dissimulées pour éviter de faire paniquer les sorciers, la seconde guerre n'aurait pas eu lieu. Tu ne penses pas ?

Ils reprirent leur promenade alors que Drago réfléchissait. Puis, il haussa les épaules, avec un soupir résigné.

— Peut-être. Cependant, l'acharnement de certains à vouloir se venger des familles de sang pur en les dépouillant de leurs... privilèges risquent de provoquer un désastre.

Hermione laissa échapper un léger rire gêné.

— Il y a quelques mois encore, j'aurais hurlé au sujet de privilèges injustes et j'aurais probablement été la première à me battre pour leur abolition. Je ne trouve toujours pas ça juste, mais je comprends que toutes les traditions ne peuvent pas disparaître en même temps.

Drago renifla avec un demi-sourire.

— Je suspecte une objection de ta part, non ?

Hermione gloussa.

— J'allais juste dire que la guerre ne devrait pas être une raison de tout changer brusquement.

Drago ricana, s'amusant de l'expression pensive de Hermione.

— Mais tu es déjà en train de réfléchir à la façon dont tu pourrais arracher tous les privilèges des sangs-pur.

Hermione le bouscula légèrement, en riant.

— Tu peux dormir tranquille encore quelques mois, je te jure que je te préviendrais à l'avance avant de m'attaquer à ton patrimoine.

Drago l'attira dans ses bras pour la fixer intensément, soudain sérieux. Puis il eut un petit sourire en coin.

— En fait, c'est plutôt excitant de t'imaginer t'attaquer à tous ces vieux croûtons agrippés à leurs postes vides de sens... Si pour certains sorciers le Magenmagot est une institution vénérable et essentielle, je sais de première main qu'ils sont un ramassis de vieillards corruptibles, attirés par la puissance.

Hermione hocha la tête en claquant la langue, les sourcils froncés.

— Je m'en doute. Quand je pense que Harry a dû leur faire face alors qu'il... tentait de se défendre face à un Détraqueur, pour avoir utilisé de magie devant les moldus ! S'il n'avait rien fait, son cousin moldu aurait été tué et ils l'ont traité comme un foutu criminel !

Drago haussa un sourcil perplexe.

— Vraiment ? Ce n'est pas censé se passer comme ça, je crois... Enfin, le secret magique n'a pas été révélé et sa famille moldue... devait savoir qui il était, non ?

Hermione hésita brièvement, puis elle haussa les épaules.

— Peu importe. C'est du passé. Nous avons fini par découvrir que c'était Ombrage elle-même qui avait ordonné l'envoi de Détraqueurs dans le monde moldu.

Une ombre passa sur le visage de Drago et il s'éloigna doucement de Hermione, avant de soupirer.

— C'est une chose de plus pour laquelle je dois m'excuser, non ? Avoir suivi les ordres de ce crapaud en rose ?

Hermione sembla surprise de sa réaction, avant de marmonner.

— Les coupables sont ceux qui ont fait entrer cette femme dans une école en premier lieu ! L'avoir suivie ne fait pas de toi quelqu'un de mauvais, juste quelqu'un qui a évité ses punitions terriblement humiliantes.

Ils reprirent leur chemin à pas lents, à nouveau silencieux. Après quelques pas, Hermione lui jeta un coup d'œil en coin et dit tranquillement.

— Tu sais, parfois, quand on repense aux moments passés, on pense qu'on aurait pu faire mieux. C'est peut-être vrai, je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est qu'il est facile d'oublier à quel point les choses étaient compliquées au moment d'une mauvaise décision. On oublie souvent qu'on n'avait pas vraiment le choix sur le moment.

Drago s'immobilisa brusquement et il l'attira contre lui, la réceptionnant contre son torse avec un sanglot étouffé. Puis, il murmura, le visage enfoui dans ses cheveux.

— Merci de me dire ça...