L'idée

245 35 0
                                    

Pansy laissa échapper un rire amusé à la réaction de Hermione. Elle secoua la tête et se pencha légèrement vers elle, les yeux brillants.

— Tu as lu tous les livres traitant de l'histoire de la magie, je suppose ?

Perplexe, Hermione hocha la tête. Pansy eut l'air satisfaite et elle croisa les bras sur sa poitrine.

— Ce système a été mis en place au moment de l'inquisition. Les bûchers se multipliaient et les sorcières étaient brûlées. C'étaient souvent de pauvres moldues un peu fantasques, mais quelques sorcières ont péri, prises par surprises. Survivre au bûcher n'est pas impossible avec la magie, mais après avoir subi des tortures pour avouer ses fautes...

Hermione grimaça et hocha la tête, sans répondre. Pansy haussa les épaules.

— À l'époque, les moldus cherchaient des sorcières. Des femmes uniquement. Des femmes seules. Sans époux.

Hermione grogna.

— Je suis au courant de leurs croyances stupides.

Pansy soupira.

— Le secret magique a été mis en place, mais il y a eu cette loi, sur la succession des biens, qui obligeaient les femmes à se marier pour hériter. De cette façon, les moldus ne pouvaient pas mettre la main sur les possessions de la sorcière tuée.

Hermione écarquilla les yeux, stupéfaite.

— Tu prétends que c'est une protection ?

La Serpentard ricana.

— Ne t'emballes pas, Granger. Il y a eu des tas de mariages qui ont mal tourné. Tu hérites, mais le cher époux s'empare de ta fortune...

Hermione grommela, boudeuse.

— Pas besoin d'un mariage arrangé pour avoir ce résultat. Où veux-tu en venir ?

Pansy se frotta les yeux avant de soupirer.

— Le mariage arrangé ne se pratique plus que chez les sang-purs. C'est une tradition ancrée dans nos familles, pour conserver nos lignées et pour... éviter au maximum la consanguinité, bien que ce soit plus ou moins réussi chez certaines familles.

Hermione laissa échapper un reniflement sarcastique en pensant à l'arbre généalogique des Black, square Grimmaurd. Pansy laissa échapper un gloussement et secoua la tête avant de continuer.

— Je suppose que tu auras les réactions de sangs-mêlés ou nés de moldus comme toi qui seront horrifiés... il me semblait utile de t'offrir un autre type de témoignage.

Hermione soupira.

— Qui te dis que ça m'intéresse ?

Pansy eut un sourire rusé puis elle haussa les épaules.

— Tu es l'élève qui a les meilleures notes depuis la première année. J'ai suffisamment entendu Drago s'en plaindre pour le savoir. Tu t'es jetée en première ligne et tout le monde sait que tu n'étais pas près de Potter pour lui apporter le café... Je suppose donc tu espères une carrière intéressante.

Hermione maugréa.

— Mais je suis née-de-moldus.

Pansy acquiesça.

— Mais tu es née-de-moldus. Ces vieux barbons du Magenmagot se sont horrifiés des actes du seigneur des Ténèbres, mais ils sont pareils. Ils gardent leurs privilèges bien enfermés.

Hermione leva un sourcil.

— Ce qui implique que je dois épouser un sang-pur pour obtenir la carrière dont je rêve.

Pansy sourit de toutes ses dents, amusée.

— Et tu es assez tenace pour leur tenir tête et changer tout ça.

Hermione plissa les yeux, suspicieuse.

— Vraiment ? Je n'imaginais pas te voir me complimenter...

Pansy renifla, sans sembler s'émouvoir des doutes de Hermione.

— C'est un constat. Potter est peut-être le Sauveur, mais tu étais à ses côtés. Drago m'a parlé du jour où tu l'avais frappé... mais aussi de ce que tu as subi dans son manoir.

Presque instinctivement, Hermione posa la main sur son bras mutilé, à l'endroit où Bellatrix avait voulu graver « Sang-de-bourbe » dans sa chair. Pansy détourna le regard, avant de murmurer, avec une sincérité pouvant difficilement être remise en question.

— Tu as résisté à la torture, tu as continué à te battre. Je ne t'imagine pas baisser soudain les bras à cause d'un obstacle aussi insignifiant.

Hermione fronça les sourcils, avant de hocher la tête.

— Tu as raison. Dumbledore a poussé Harry à se sacrifier au nom de l'amour. Il lui a parlé de l'amour que ses parents avaient l'un pour l'autre, mais... ils étaient dans la même maison, de la même année sauf qu'ils se sont détestés jusqu'à la fin de leur scolarité ou presque. Ils sont tombés amoureux l'année des Aspics et se sont mariés en sortant de Poudlard.

Pansy sourit.

— Ils étaient des inconnus l'un pour l'autre, ou presque, si je suis ton raisonnement ?

Hermione hocha la tête.

— Exactement. Je pense que leur relation a été idéalisée au fil des années, parce qu'ils se sont sacrifiés. C'est une partie de la légende, tu vois ? Mais s'ils avaient survécu...

Elle se tut et se perdit dans ses pensées un long moment, avant de soupirer.

— Je suppose que ça répond à beaucoup de mes questions. Puis-je te demander de ne pas en parler ?

Pansy hocha la tête avec sérieux.

— Ce n'est pas habituellement un sujet dont on parle. C'est quelque chose de terriblement privé et je n'irais pas te nuire. Plus maintenant.

Elles échangèrent un long regard, puis avant de laisser Hermione, Pansy murmura, avec un peu de timidité comme si elle craignait d'être repoussée.

— Nous n'avons jamais été amies et je ne pense pas que nous deviendrons les meilleures amies du monde à cause de notre... passé. Mais si jamais tu avais besoin de réponses, n'hésite pas à venir me voir. Je serais ravie de... t'aider.

Hermione hocha juste la tête, surprise. Elle n'aurait jamais imaginé pouvoir discuter cordialement avec Pansy Parkinson et apprécier sa compagnie... mais la fin de la guerre avait tout changé.

La jeune fille resta seule encore quelques instants, perdue dans ses pensées, essayant d'imaginer son avenir. En un sens, l'idée d'un mariage arrangé était bien moins effrayante que la perspective de se lancer seule dans la vie d'adulte. Elle n'avait plus la moindre famille depuis qu'elle avait éloigné ses parents pour les protéger. Elle n'était pas certaine de pouvoir leur rendre leurs souvenirs, ce qui faisait d'elle une orpheline.

Elle avait ses amis, bien sûr. Harry serait là pour la soutenir et elle espérait que Ron se reprendrait rapidement et resterait dans sa vie. Cependant, ils auraient leur propre vie à mener, leurs propres combats.

Avec un soupir, Hermione décida de se concentrer sur ses Aspics en premier lieu. Le reste pouvait attendre. Cependant, elle savait déjà au fond d'elle-même que sa décision était prise.

Mariage arrangéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant