La proposition

256 34 0
                                    

Hermione soupira et passa le doigt sur les lignes boursouflées, avant de murmurer, la voix tremblante.

— Ce jour-là, je me souviens de toi. De ton regard. Tu étais terrifié, mais tu as refusé de reconnaître Harry. Si tu l'avais fait, Ron et moi aurions été tués immédiatement et Harry aurait été livré à ce monstre... La guerre aurait été perdue le jour même, irrémédiablement. Tu aurais probablement été récompensé pour ça, ta famille aurait été protégée et encensée. Cependant... tu as tenu bon. Tu as fait de ton mieux et c'est ce qui a permis à Harry de se libérer.

Drago déglutit nerveusement, le regard toujours fixé sur le bras de Hermione, terriblement pâle. Il objecta, la voix tendue.

— Je l'ai laissé faire. Te faire ça. J'aurais pu... l'interrompre. Mais je l'ai regardé te torturer, puis te marquer comme un animal.

Hermione baissa sa manche d'un geste brusque et elle secoua la tête, une lueur de rage dans le regard.

— Je sais à quel point cette femme était folle. Tu le sais aussi, n'est-ce pas ? Tu ne pouvais rien faire, mais ton regard... l'expression que tu avais... Tu m'as aidée sans le savoir. J'avais l'impression... je savais que tu n'étais pas un ennemi. J'ai vu... je t'ai vu donner ta baguette à Harry lorsqu'il s'est approché de toi. Ce jour-là, tu as montré qui tu étais. Et crois-moi, je n'ai pas vu un Mangemort ou un monstre comme tu l'imagines.

Le choc fut visible sur le visage de Drago et il se détourna immédiatement, ouvrant la porte de la serre et s'engouffrant dans sa chaleur moite avec un peu de précipitation.

Après une légère hésitation, Hermione le suivit et elle écarquilla les yeux en découvrant la serre, oubliant la conversation qu'ils venaient d'avoir pour admirer le lieu.

Immédiatement, l'odeur des roses la submergea, lourde et capiteuse. La luxuriance des feuilles satinées mêlées aux fleurs éclatantes formait un tableau incroyable.

Hermione reprit son souffle et tourna sur elle-même, fascinée, les yeux écarquillés. Il y avait toutes sortes de roses, de toutes les couleurs. Un des murs semblait formé d'un entrelacs de rosiers grimpants, donnant l'impression d'être entièrement formé de végétaux.

Au centre de la serre, un espace était dégagé pour y former un petit jardin d'hiver, entouré de petites arcades en fer forgé, recouvertes elles aussi de rosiers. Une balancelle aux coussins moelleux était installée aux côtés d'une petite table ronde en métal, entourée de deux chaises. Le tout était soigneusement entretenu et semblait servir régulièrement.

Drago se gratta la gorge pour attirer son attention, mais il ne la regardait pas directement. Il murmura, en fixant la table et en se balançant d'un pied sur l'autre, mal à l'aise.

— Veux-tu prendre un thé ? Ma mère adore cet endroit, je suppose qu'elle... voulait te montrer les avantages d'être un Malefoy.

Hermione laissa échapper un rire nerveux, en se demandant à quel moment sa brillante idée lui avait échappé. Cependant, voir Drago aussi indécis et perdu, comme s'il ne savait plus comment se comporter avec elle l'aida à garder un semblant de calme. Elle se reprit et répondit avec douceur.

— J'accepte avec plaisir un thé. Pour le reste, il n'y a pas besoin de... d'avantages. Comme je te l'ai dit, nous irons plus loin uniquement si tu es d'accord avec tout ça. Pas contre ton gré.

Drago leva un sourcil perplexe et il se tourna vers elle en la dévisageant avec attention.

— Tu abandonnerais la possibilité de faire le travail de tes rêves si j'étais réticent ? En sachant que si ce n'est pas toi, je serais forcé d'épouser une autre femme inconnue un jour ou l'autre ? Dans ma famille, perpétuer la lignée est un devoir et... j'ai conscience que je n'y échapperai pas.

Hermione fronça le nez et elle hocha la tête, avec une expression décidée.

— Disons que c'est mon côté Gryffondor que tu cherchais. Je pense sincèrement que ça peut fonctionner, à condition que nous soyons tous les deux sur la même longueur d'onde. Je... j'envisage cette idée uniquement sur la base d'un partenariat, pas d'un... genre d'esclavage malsain. Si tu ne peux pas m'apprécier, nous n'irons pas plus loin. Je ne tiens pas à être enfermée dans un mariage malheureux ou plein de rancœur.

Drago hocha pensivement la tête et il sortit sa baguette d'un geste fluide pour faire apparaître du thé et deux tasses en porcelaine fine, délicatement peintes aux armoiries Malefoy. Un nouveau geste de baguette fit apparaître des coussins sur les chaises en métal et Drago eut un bref rictus.

— Ce sera un peu plus confortable.

Hermione le remercia d'un sourire, tout en notant mentalement que Harry lui avait rendu la baguette qu'il avait prise, le fameux jour où les rafleurs les avaient attrapés, puis elle prit place sur invitation de Drago, un peu intimidée par tout ce cérémonial de séduction.

Drago joua les parfaits hôtes en les servant puis en prenant place face à elle, parfaitement agréable, bien loin de son expression colérique ou dure de Poudlard.

Drago saisit sa tasse et en but une gorgée, avant de l'interroger, d'un air innocent, un petit sourire aux lèvres.

— Pourquoi vouloir à tout prix travailler au Magenmagot ? Il existe d'autres postes de pouvoir au Ministère et qui ne sont pas autant restrictifs pour les nés-de-moldus.

Hermione leva un sourcil amusé, puis elle sourit.

— J'aurais dû me douter que tu connaissais assez le fonctionnement du Ministère pour deviner ce que je visais. Il y a effectivement d'autres postes intéressants, mais le Magenmagot est chargé des lois du monde magique. Je suis persuadée que s'il n'y a pas une réforme rapide de notre monde, nous courrons à la catastrophe. Les lois désuètes ont déjà permis l'émergence de deux mages noirs après tout !

Drago se pencha légèrement, l'air intéressé.

— Que veux-tu réformer ? Tu suivrais les pas de Dumbledore pour pousser à une ouverture vers le monde moldu ? Nous exposer ?

Hermione grimaça et secoua immédiatement la tête.

— Absolument pas ! Il y a un tel écart de culture et d'habitudes entre les deux mondes que ce serait un choc terrible. Bien au contraire, il faudrait veiller sur les enfants magiques qui sont oubliés dans le monde moldu. Harry a été terriblement malheureux parce qu'il était différent. Sa famille haïssait les sorciers et ils l'ont traité comme un monstre toute son enfance, sans qu'il comprenne les raisons de cette répugnance à son égard. Tom Jedusor, celui qui est devenu... qui tu sais, a également grandi dans le monde moldu, dans un orphelinat, dans des conditions désastreuses. J'ai personnellement eu de la chance, mes propres parents m'ont aimée et soutenue, bien qu'ils aient été perdus avant d'avoir l'explication des phénomènes étranges m'entourant pour mes onze ans. S'ils avaient su plus tôt, ils auraient pu m'aider à m'intégrer un peu plus... Cependant, je n'ai jamais réussi à me lier aux autres enfants moldus, j'étais bien trop... différente.

Mariage arrangéWhere stories live. Discover now