La rupture

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Hermione n'avait pas vraiment d'espoirs au sujet de Ron, mais elle imaginait qu'il prendrait au moins la peine de lui écrire lorsqu'ils seraient loin l'un de l'autre. Cependant, elle ne reçut que des courriers venant de Harry.

Son ami lui décrivait son appartement et il lui racontait tout ce qu'il faisait pour l'aménager à son goût, la distrayant de sa tristesse.

Ginny ne semblait pas vouloir rester près d'elle, mais Hermione ne s'en formalisait pas. Elle restait Neville et Luna, et elle se concentrait sur les cours le reste du temps, se plongeant dans ses études.

Elle avait supprimé son abonnement à la Gazette, mais Neville la tenait informée des nouvelles, ce qui lui convenait tout à fait.

Hermione gardait un œil sur les Serpentard, non pas par méfiance, mais pour s'assurer que personne n'aurait l'idée de s'en prendre à eux. La directrice avait rappelé sèchement à leur arrivée que tous les élèves à Poudlard étaient sur un pied d'égalité, défiant quiconque d'émettre une protestation. La grande salle était restée silencieuse et le sujet n'avait pas été abordé de nouveau depuis.

Sauf que le petit groupe de verts et argent restait replié sur lui-même. Ils se serraient les coudes, mais aucune autre maison ne s'approchait d'eux.

Neville surprit un jour son regard, pendant un repas, et il murmura, d'un ton neutre.

— Je suppose que Malefoy a fait le bon choix en ne revenant pas.

Hermione sursauta et se tourna vers lui, surprise.

— Comment ça ? Il voulait revenir ?

Neville haussa les épaules.

— Il voulait son diplôme. Ma grand-mère a appris qu'il avait demandé formellement à Griselda Marchbank d'être sa tutrice, puisqu'il estimait que sa présence perturberait le bon fonctionnement de l'école.

Hermione fronça les sourcils.

— Il avait le droit de revenir ! Ce n'est pas...

Neville l'interrompit tranquillement.

— Personne n'a oublié qu'il a fait entrer les Mangemorts et qu'il a une part de responsabilités dans la mort de Dumbledore. Il n'avait peut-être pas le choix, mais sa présence aurait entraîné beaucoup de protestations.

Hermione se frotta le visage, amère.

— C'est stupide.

Neville hocha la tête.

— Ça l'est. Mais je suppose qu'il va s'en sortir. Tout comme eux. Et puis, d'ici quelques années, les choses reprendront leur cours et...

Hermione se crispa.

— En fait, non. Si on les laisse à l'écart comme ça, dans quelques années, ils seront toujours laissés en dehors du reste. S'il y a quatre maisons, ce n'est pas pour en laisser une derrière nous, non ?

Neville termina son assiette en silence, puis il posa ses couverts.

— Tu comptes faire quoi ?

Hermione fronça les sourcils pensivement, puis elle lui jeta un coup d'œil en coin.

— Les Gryffondor ont cours de potion en commun avec les Serpentard, non ? Nous devrions leur proposer de former des binômes mixtes. De cette façon, les idiots qui sont avec nous cesseront peut-être de lancer n'importe quoi dans les chaudrons.

Neville gloussa, amusé.

— Tu comptes scandaliser Poudlard ? Nous sommes normalement ceux qui apaisent les choses et évitent les confrontations, non ?

Hermione ricana, en lui adressant un clin d'œil.

— Bien sûr. Mais nous sommes aussi des Gryffondor et nous n'aimons pas l'injustice.

Le cours de potions suivant se déroula dans un silence de mort.

Hermione s'était installée près de Théodore Nott sans un mot, lui adressant juste un signe de tête poli, tandis que Neville s'asseyait avec Zabini en annonçant tranquillement :

— J'espère que tu m'empêcheras de faire exploser la pièce. Il paraît que tu n'es pas mauvais en potions.

Si les deux Serpentard avaient été surpris, ils avaient su cacher leurs émotions, acceptant juste leur présence sans protester, comme s'ils n'avaient pas le choix.

Ce fut étrange à plusieurs égards. Hermione se rendit compte que plusieurs Gryffondor — dont Ginny — ne purent terminer leur travail parce qu'ils observaient les binômes atypiques travailler.

Elle découvrit que Nott n'était pas un prétentieux sang pur aux idées suprémacistes, mais un garçon timide et renfermé. Il était également intelligent et lorsqu'il découvrit que Hermione ne comptait pas l'humilier, ils purent avoir une conversation intéressante sur les propriétés des ingrédients de potions qu'ils utilisaient.

Les choses semblaient aussi faciles pour Neville, puisqu'elle l'entendait rire de temps à autre et poser des questions. Zabini lui répondait avec patience, sans s'agacer, et aucune explosion ne perturba le cours.

Avant de quitter la salle, Nott s'attarda un instant et il la remercia sincèrement. Hermione lui sourit, en essayant de chasser la culpabilité de ne pas avoir agi plus tôt et elle lui proposa de se retrouver à la bibliothèque pour travailler. Le jeune homme sembla surpris, il hésita avant de hocher la tête.

Hermione avança pour rattraper Neville — qui discutait toujours avec Zabini — quand Ginny lui attrapa le bras, furieuse.

— Je peux savoir à quoi tu joues ?

Avec un soupir, Hermione se dégagea de sa prise et elle fronça les sourcils.

— Comment ça ?

Ginny grimaça avant de cracher, furieuse.

— Tu fricotes avec ces... raclures de Mangemorts ! C'est quoi ton problème ?

L'agressivité de la jeune fille choqua Hermione, mais elle s'obligea à ne pas élever la voix, refusant de déclencher un esclandre.

— Ginny, ils sont là pour avoir leur diplôme comme nous. Les choix de leurs parents n'ont rien à voir avec eux, tu sais ?

Les paroles apaisantes n'eurent pas l'effet escompté, puisque Ginny grogna, les yeux brillants de rage.

— Bien sûr. Et leurs actes n'étaient pas un problème, alors ? Donc je peux me passer les nerfs sur eux et prétendre que ce n'est pas de ma faute ? C'est ça ? Leurs parents n'étaient pas là pour leur tenir la baguette.

Hermione plissa les yeux.

— Parce que tu n'as rien fait de regrettable pendant la guerre ? Nous avons tous fait notre lot d'erreurs, Ginny. Mais c'est le passé et il est temps d'oublier tout ça pour aller de l'avant.

Ginny la bouscula, avec un cri de rage.

— Et Fred ? Il peut aller de l'avant, lui ? Ces enflures l'ont tué ! Il ne reviendra jamais ! Comment tu oses parler d'oublier les erreurs ?

Hermione secoua la tête, soudain épuisée.

— Il y a eu trop de morts, Ginny. Mais nous ne pouvons pas déclencher une nouvelle guerre juste pour se venger ! Fred s'est battu parce qu'il espérait un avenir en paix, pas pour... blesser d'autres familles !

Ginny fondit en larmes et partit en courant, bousculant Hermione au passage.

Mariage arrangéWhere stories live. Discover now