1 - La fin d'un rêve

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Les trois amis laissèrent Poudlard dévastée pour se rendre au Terrier en compagnie du reste des Weasley, laissant le corps de Fred derrière eux. Hermione avait tenu Ron contre elle tandis qu'il sanglotait, pleurant la perte de son grand frère.

George regardait dans le vide, apathique, tandis que Ginny s'accrochait à Harry comme s'il était sa planche de salut. Molly sanglotait doucement, le regard dans le vide, soutenue par un Arthur blême, qui semblait avoir soudain vieilli d'une dizaine d'années. Percy était au milieu des siens, toutes ses mauvaises décisions oubliées, silencieux et repentant, choqué d'avoir vu un de ses petits frères mourir sous ses yeux.

Les premiers jours furent difficiles à supporter, chacun vivant son chagrin différemment. Hermione observait tout ça en se tenant un peu à l'écart, ayant l'impression de ne pas être à sa place.

Après tout, ses parents étaient toujours en vie, même si elle les avait définitivement perdus. Ils étaient en Australie désormais et ils ne se souvenaient plus avoir eu une fille un jour. Elle avait coupé tous ses liens avec le monde moldu, à la fois pour les protéger, mais aussi parce qu'elle savait que sa vie était désormais dans le monde magique.

Elle adorait Molly et Arthur, bien évidemment, mais ils n'étaient pas ses parents. Elle était une jeune femme majeure et indépendante. Et contrairement à Harry, elle n'appréciait pas vraiment se faire materner ou devoir obéir à des règles qu'elle jugeait ineptes.

Elle se sentait de trop dans cette famille en deuil. Elle pleurait elle aussi la perte de Fred, mais probablement pas de la même façon.

Hermione hésita plusieurs fois à quitter le Terrier pour leur laisser du temps, il lui suffirait de trouver un logement provisoire en attendant la réouverture de Poudlard. Elle comptait obtenir son diplôme, puisqu'elle travaillait dans ce but depuis sa première année.

Cependant, Ron arrivait de temps en temps, les yeux rouges, et il l'enlaçait, se collant contre elle, comme s'il avait besoin de sa présence et de son contact pour aller mieux. Aussitôt, le cœur d'Hermione fondait et elle le consolait sans la moindre hésitation.

Ils échangeaient quelques sages baisers, discrètement, l'un comme l'autre ne souhaitant pas être vus par les autres Weasley. Hermione pensait qu'il était inapproprié de se réjouir de son histoire avec Ron alors que toute la famille était en deuil. Ainsi, Hermione était l'amie fidèle, la troisième de leur trio soudé, et personne ne savait que Ron et elle étaient... un peu plus.

Un matin, Hermione annonça tranquillement lors du petit déjeuner qu'elle avait contacté Minerva McGonagall et que celle-ci, désormais directrice de Poudlard, lui avait annoncé que le château serait prêt à accueillir de nouveau les élèves en septembre. Alors que tout le monde la fixait, elle avait conclu qu'elle s'était inscrite et qu'elle avait prévu d'aller faire ses achats sur le chemin de Traverse rapidement, afin d'éviter la foule des futurs élèves.

Harry avait cligné des yeux, puis il avait hoché la tête avec une grimace désolée.

— Je crois que je vais accepter la proposition de Kingsley pour rejoindre directement le ministère. Probablement.

Ron fit la moue et il fixa Hermione.

— Tu n'as pas besoin d'un diplôme. Ce n'est qu'un bout de papier ! Viens avec nous, tu pourrais être Auror également, tu avais toutes les options qu'il faut !

Hermione cligna des yeux et elle croisa les bras sur sa poitrine, déterminée.

— Je veux retourner à Poudlard. Je veux ce diplôme. J'ai travaillé pour l'avoir et je ne compte pas y renoncer maintenant ! De plus, je n'ai jamais envisagé d'être Auror, c'était ton idée !

Ron haussa les épaules avec nonchalance.

— Ba, c'est un métier comme un autre, non ? Je suis surtout soulagé d'être avec Harry ! C'est juste dommage que tu ne sois pas avec nous, on aurait pu continuer comme à Poudlard.

À fleur de peau, Hermione se leva brusquement, les larmes aux yeux.

— Peut-être qu'il est temps de grandir, Ron ! Je ne compte pas baser mon avenir sur les amis que j'aurais dans mon travail !

Il y eut un lourd silence, alors que Ron et Hermione se fusillaient du regard. Molly intervint doucement, avec un soupir triste.

— Ce n'est pas la peine de se fâcher, les enfants. Après tout, Hermione, ce n'est pas si important. Dès que tu auras des enfants, tu cesseras de travailler pour les élever.

Hermione ouvrit la bouche, avant de la refermer brutalement, outrée. Elle secoua la tête et siffla, furieuse.

— Ce n'est pas près d'arriver alors ! Je compte bien mener ma carrière comme je l'entends et choisir ce que je ferais.

Elle n'attendit pas de réponse et elle quitta la table à grands pas, soulagée d'avoir pris l'habitude de se doucher et de s'habiller avant de descendre prendre le petit déjeuner. Elle sortit de la maison et avança à grands pas jusqu'à la barrière, passant la limite de la propriété des Weasley. Sans un regard en arrière, elle transplana, préférant s'éloigner un maximum avant de dire des choses qu'elle regretterait.

Elle se retrouva dans la forêt de Dean, l'endroit où ils avaient campé longuement pendant leur fuite. La tente sorcière était toujours en place, ils l'avaient laissé en pensant revenir s'y terrer... mais les évènements s'étaient précipités et ils l'avaient oubliée.

Hermione y entra et elle se laissa tomber sur une chaise, nerveusement épuisée.

Après quelques heures au calme, elle s'apaisa enfin et elle se trouva ridicule de sa réaction. Ron était lui-même, allergique aux efforts. Bien évidemment qu'il ne se fatiguerait pas à obtenir son diplôme puisque Kingsley lui avait offert un emploi. Elle comprenait la réticence de Harry, il avait probablement bien trop de souvenirs désagréables pour terminer sa scolarité en toute sérénité. Il avait besoin d'aller de l'avant et elle espérait qu'il pourrait trouver la paix.

La réflexion de Molly était probablement basée sur sa propre expérience de mère au foyer. Hermione n'avait aucun jugement à formuler sur son mode de vie, elle savait juste que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle ne comptait pas avoir des enfants dans l'immédiat et sa propre mère avait continué de travailler après l'avoir eue... Elle savait donc qu'il était possible pour une femme d'avoir une carrière et un enfant.

Elle resta seule encore un peu, aimant la sensation de calme et de sérénité qu'elle ressentait à cet endroit. Ça avait été leur refuge pendant la guerre, mais elle n'avait jamais remarqué comme c'était paisible, probablement parce qu'ils avaient tant de soucis qu'il était difficile pour eux de se détendre. Hermione songea qu'elle pourrait revenir à la tente dès qu'elle commencerait à perdre patience, certaine que la conversation reviendrait à un moment ou à un autre... et qu'elle se heurterait aux mêmes réflexions.

Ce long moment seule avec elle-même lui avait permis de retrouver tout son calme et toute sa combativité et elle quitta les lieux avec une toute nouvelle détermination : rien ni personne ne pourrait se mettre en travers de son chemin.

Mariage arrangéWo Geschichten leben. Entdecke jetzt