ESMERALDA

𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

"𝐕𝐨𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐟𝐥𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐚̂𝐦𝐞"

12 ans plus tôt:

- Je n'en peux plus papa, j'ai super faim ça va bientôt faire trois jours que je n'ai rien mangé, déclarais-je en m'écroulant au sol.

Je n'arrive plus à me lever, la faim et la fatigue de ce jeûne commence à me rendre folle, peu à peu, tous mes sens m'abandonne, ma vision se trouble. C'était comme si mon corps était sur le point de me lâcher.

- Pourquoi diable faut-il toujours que tu exagères à chaque fois, déclare-t-il en se pinçant le nez.

Il se redresse et s'avance vers moi avant de m'attraper par le bras et de me traîner jusqu'à ma chambre. La douleur provoquée par le frottement de ma peau contre la moquette commence à ne plus se faire ressentir. Cet élément de ma routine quotidienne s'achève lorsqu'il me lâche près du lit.

La poigne de mon père se fait encore ressentir quelques secondes avant de disparaître au même titre que lui qui me lance un regard empli de dégoût et de mépris.

Mon père n'a jamais vraiment ressenti ne serait-ce qu'une once d'amour à mon égard et ces regards me le confirment. Je n'arrive même pas à le regarder dans les yeux, ayant beaucoup trop honte pour affronter sa colère.

- Comment réussis tu toujours à me décevoir ? soupira-t-il en s'abaissant pour être à ma hauteur.

Il m'attrape le menton et me force à le regarder, prend une mèche de mes cheveux et joue avec avant de chuchoter.

- Tu ne me sers à rien, tu es faible Enora. Je n'aurais jamais dû avoir d'enfants, mais ta mère te désirait, elle te chérissait.

Il se redressa, me tournant le dos puis commença à se diriger vers la porte avant de conclure.

- La seule personne au monde qui t'aimera réellement.

Il claque la porte, plongeant la pièce dans l'obscurité. Me laissant seule dans cette obscurité censée être effrayante pour une enfant de 10 ans, mais apaisante pour moi, je n'avais pas peur du noir bien au contraire, je me sentant en sécurité.

L'obscurité n'éteint pas la lumière, mais la flamme en moi est déjà éteinte. Et personne ne pourra jamais la rallumer, enfin, c'est ce que je croyais.