ESMERALDA

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟖

Enora

Appartement Aiden, LA, 2h32:

Je n'arrive pas à trouver le sommeil, ses paroles n'arrêtent pas de me hanter et de me faire culpabiliser.

"Tu m'as volé mon premier baiser, Esmeralda. Et je dois avouer que c'était assez agréable."

Pourquoi j'ai fais ça ?!

Je soupire bruyamment en enfouissant ma tête dans mon coussin. Un sentiment de regret me frappe de plein fouet, je me sens coupable de quelque chose d'horrible.

- Il m'a sûrement menti, impossible que ça soit son premier baiser, murmuré-je à moi-même.

J'essaie de me convaincre comme je peux pour pouvoir penser à autre chose, mais sans grand succès. Épuisée, je me lève de mon lit, enfile mes chaussons et m'avance doucement vers la porte. Je l'ouvre doucement pour ne pas le réveiller et une fois sortie je la referme derrière moi et m'avance vers la cuisine.

Je suis affamée.

Autant profiter de cette insomnie pour préparer quelque chose à manger. Je m'avance vers les placards et commence à sortir les ingrédients dont j'ai besoin. 

- Qu'est-ce que je pourrais cuisiner, je réfléchis en les observant éparpillés sur le plan de travail.

Après un moment de réflexion, je finis par décider de faire des tortillas de patatas. Un plat typique espagnol que je concoctais souvent plus jeune avec ma mère, elle l'adorait. Sans le vouloir des souvenirs de nous en train de cuisiner me reviennent, je me mets à sourire seule au milieu de la cuisine les yeux humides.

- Qu'est ce que tu fais réveiller à cette heure ? demande une voix.

Je lève la tête vers le son, surprise de voir Aiden dans l'embrasure de la porte. Je pose doucement le dernier ingrédient sur le plan de travail en murmurant.

- J'avais faim et je n'arrivais pas à dormir.

Il reste planté au milieu de l'entrée sans ciller et baisse les yeux lorsque Rin vient se frotter contre ses pieds.

Que des insomniaques ici.

- Et qu'est-ce que tu comptes préparer ? dit-il en jetant un coup d'œil aux ingrédients éparpillés devant moi.

- Tortillas de patatas, je lui réponds d'un accent parfait.

Il lève un sourcil, m'interrogeant sur l'origine du plat.

- C'est des galettes de pommes de terre, précisé-je.

Il hoche la tête et s'approche du frigo pour en sortir une canette, il l'ouvre et s'installe sur le tabouret en face de moi. Je le regarde boire, gorgée après gorgée sa boisson, hypnotisée par sa pomme d'Adam qui se lève au fur et à mesure qu'il avale le liquide. Je secoue la tête et commence à me mettre au travail après avoir attaché mes cheveux en un chignon haut. Je commence par éplucher plusieurs pommes de terre que je coupe en petits cubes. Concentrée pour éviter de me couper, je n'avais pas remarquée qu'il s'était redressé, sentant son regard sur moi je lève les yeux et croise les siens. Il était appuyé contre le plan de travail, observant avec attention chacun de mes gestes.

- Tu en veux ? je demande alors en brisant le silence.

- De quoi ?

- Une tortilla, dis-je en pointant les pommes de terre avec le couteau.

Pour réponse, il s'esclaffe ce à quoi je fronce les sourcils.

- J'adore entendre ton accent apparaître sans que tu ne le contrôles, s'explique-t-il en passant sa main dans ses cheveux.