𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏

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Enora

Mon patron me regarde fixement, sans un mot. Il semble attendre de moi que je fasse quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Son regard est dur et insistant, ce n'est pas un regard ordinaire, c'est un regard plein de mépris et de haine. Son regard me rappelle celui de mon père. De cette peur qui m'habitait quand il me toisait avec un regard perçant. D'un seul coup j'ai l'impression de revivre la même situation qu'il y a douze ans, de ces moments qui me terrifiaient et que je redoutais pendant des jours.

Les souvenirs peuvent parfois être doux, mais la plupart du temps triste, surtout lorsqu'ils évoquent de tels moments. C'est comme si chaque souvenir était une étreinte qui s'estompe lentement, laissant derrière lui un sentiment de vide et de nostalgie. Peut-être que si mon père m'avait élevé comme sa fille, je ne serais pas ici aujourd'hui ?

Je soupire en venant m'asseoir et lève enfin les yeux vers lui. Son regard n'exprime toujours rien de plus que de la haine et du dégoût, me dévisageant comme si je n'étais qu'un misérable insecte qu'il écraserait sans aucune hésitation. On se fixe pendant plusieurs secondes sans qu'aucun d'entre nous ne parle quand soudain, il se met à sourire, un sourire faux et moqueur. Son sourire dénote une certaine assurance, comme si la situation lui était favorable. Comme si ça l'amuse de me voir dans cet état.

Connard.

Soudain, tout ce qui m'a fait me revient en tête. Toutes les situations désagréables et embarrassantes auxquelles j'ai dû être confrontée par sa faute. Me rappelant ces innombrables fois où il m'a humilié devant tous les clients. La colère commence à me submerger comme une vague chaude et forte, oubliant presque la peur qui m'envahissait. Il se redresse et lève les sourcils comme étonnés.

- Tu ne réponds pas ? il demande en croisant ses bras.

- Je pense qu'une réponse n'est pas nécessaire.

- Ah oui ? Et je peux savoir pourquoi ?

Je plisse des yeux, agacés par cette situation.

- A quoi ça sert de faire semblant ? oui, je vous ai bien insulté mais en aucun cas je ne pensais que vous étiez le gérant. Et puis vous l'avez clairement cherché.

- Je l'ai cherché ?

Il se lève lentement et commence à s'approcher de moi. Son visage n'exprime toujours rien d'autre que ce sourire moqueur et cruel, sourire qui me donne envie de lui enfoncer mon point dans la gueule. Je lève la tête vers lui, déjà qu'il est grand, en étant debout face à moi il est encore plus intimidant. Je regrette instantanément mes mots au vu de la situation.

- Oui mais tu m'as tout de même insulté de connard, affirme t-il en jouant avec ses bagues.

- Sans savoir que vous étiez mon supérieur, ajouté-je.

Néanmoins je ne baisse pas les yeux, plongeant mon regard dans le sien.

D'où est ce que je sors toute cette assurance ?

- Un problème ? osé-je demander.

- Dites moi mademoiselle, est-ce que vous vous plaisez ici ? me demande-t-il en s'appuyant sur le bureau.

Sa question ma prise de cours, ce qui est sûr c'est que je ne m'y attendais pas. Je fronce des sourcils en essayant de trouver quoi lui répondre.

- Pourquoi cette question ?

- Et bien, en tant que nouveau gérant je me dois de savoir comment mes employés se sentent au saint de la boite non ?

- En parlant de ça, j'aimerais bien savoir pourquoi vous avez demandé mon transfert ici ? demandai-je en croisant les bras.

ESMERALDAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant