Chapitre 34

956 43 7
                                    

Liam

Les mains d'Olivia s'agrippaient à mon dos à chaque fois que le vélo semblait tanguer. Je devais avouer, que je faisais exprès de prendre les virages et toutes les rues cabossées, histoire qu'elle me colle un peu. Puis repenser à la tête qu'avait tiré Carpenter quand j'avais pris le visage d'Olivia entre mes doigts, me rendait euphorique.

Comme chaque hiver, la nuit tombait tôt ici. À peine dix-huit heures et l'obscurité nous engloutissait. Pour certains, la nuit avait certainement un côté effrayant et peu rassurant, mais c'était l'instant de la journée, que je préférais. L'agitation du monde s'apaisait et les quartiers les plus branchés se réveillaient. N'ayant que la lune pour seul guide, il fallait faire confiance à son intuition. Le monde devenait un nouveau terrain de jeu, où tout était à découvrir.

Bloomington était la ville qui m'avait vu grandir et que je connaissais comme ma poche. Les meilleurs comme les pires instants de ma vie s'étaient passés ici. L'idée que j'allais partir à l'autre bout du pays l'an prochain, me faisait un léger pincement au cœur. Une part de moi, avait la sensation que j'allais abandonner ma mère. Mais, elle n'aurait jamais souhaité que je reste ici avec lui. J'avais réussi à convaincre mon père d'envoyer ma grand-mère dans un centre près de Los Angeles. Il ne se doutait apparemment pas que j'envisageais de partir à mon tour. Il avait accepté, tant qu'il pouvait se débarrasser d'elle. Cela voulait dire que je ne la reverrais pas avant septembre de l'année prochaine, soit quasiment un an, mais c'était pour son bien. Ces derniers jours avaient été difficiles, car mon paternel avait été là tous les jours.

Je le haïssais tellement.

Il avait fait sortir le père d'Olivia et même si je ne savais pas tout ce que cela impliquait, il était clair que ça ne signifiait rien de bon. Je connaissais assez mon père pour savoir qu'il n'agissait jamais sans avoir déjà tout calculer. Il avait beau dire qu'il ne se méfiait pas d'Olivia, il avait suffisamment peur, pour se donner autant de mal.

Le quartier dans lequel se trouvait le garage du père de Kelsie, n'était pas franchement le mieux fréquenté. Plus jeune, je trainais souvent ici avec Kelsie, Chloé et Ty. On s'amusait à deviner quel genre de personne se trouvait au volant des voitures qui s'empilait. Tout le matos de garagiste, m'avait toujours impressionné et John, son père, avait toujours été sympa avec nous. Du moins avant que sa femme ne meure. Après ça, je n'étais plus que le fils de Kyle Moore à qui il vouait une haine sans précédent. Puis comme sa fille et moi étions séparés, il n'avait plus de raison d'entretenir ne serait ce que la politesse. Et, j'ai arrêté de venir, de trainer là et l'on ne se croisait plus qu'aux réunions du lycée.

John était un homme bon avant le drame qui a secoué leur vie. Savoir qu'il était bel et bien le père de Kelsie, avait soulevé un poids de mes épaules. C'était au moins une chose que mon père ne lui enlèverait pas : Ses filles.

Une fois arrivé devant l'énorme grille qui encadrait les différents petits locaux du garage, il se trouvait fermé. Olivia a sauté du vélo, comme s'il lui brulait les fesses et s'est approché pour lire le mot scotché.

Apparemment, c'est fermé exceptionnellement. A-t-elle annoncé avant de pousser un profond soupir.

Demain ne s'en ira pas, je te promets.

Elle se tourna vers moi avant de me jauger, en fronçant les sourcils. Son air sérieux et un peu revêche, avait le don de me faire sourire. Je ne savais pas comment j'avais pu autant détester ça chez elle au départ, car c'est bien ce qui la rendait, si unique et éblouissante.

Quoi, j'ai un truc sur la gueule ? A-t-elle demandé.

Non, ton visage est comme à son habitude.

A tous nos secretsTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang