A tous nos secrets

Chapitre 16

Olivia

Le palace des Moore semblait encore plus imposant et prestigieux de l'extérieur. Tout paraissait indiquer qu'il dirigeait à eux seuls cette ville. Ma seule veste en cuir noire n'arrivait pas à me couvrir du froid de ce mois d'octobre. Habiter dans l'Illinois était l'assurance de crever de froid au moins onze mois sur douze, et c'était sans exagérer.

Bon, j'exagérais, mais en dessous de 20, c'est l'hiver.

Devant l'immense grillage de la demeure, je faisais les cent pas, attendant que du con se présente enfin. J'avais sonné à plusieurs reprises, mais la femme de maison, avait refusé de m'ouvrir, sous prétexte que ma venue n'avait pas été attendu.

Mais je suis attendu dans le monde entier !

La rage me dévorait et je grinçais des dents pour essayer de contenir ce que je pouvais. Depuis ma discussion avec Liam, mon corps était en surchauffe. Ce connard, qui portait bien son nom, avait osé me mentir à moi. Pire encore, je m'étais laissée avoir et ça m'agaçait plus que je ne le voulais. J'avais tellement été en colère, que je n'avais pas su apprécier voir Shane aujourd'hui. Pourtant, il était radieux. Il n'avait rien porté d'extra ordinaire que sa large chemise en coton noir au-dessus de son tee-shirt blanc, mais à mes yeux, c'était comme s'il était en costume, prêt à venir devant l'autel pour m'épouser. Il avait cette façon unique à lui de sourire, sans trop en faire. Il ne riait jamais franchement et bruyamment comme moi, juste un demi sourire et quand j'avais de la chance, il souriait de toutes ses dents. Et quelle belle dentition, merci à son médecin. Shane semblait être un vrai gentil et ça, je trouvais ça si attirant bordel. Je rêvassais lorsque deux billes me dévisageaient.

— As-tu fini de te faire une beauté, c'est bon ? Dis-je en reprenant contenance.

Il se contenta de descendre de son vélo et de sonner à nouveau au niveau du portail. Sans même qu'il n'ait à dire un mot, le portail s'ouvrait, nous laissant rentrer l'un à côté de l'autre, à une distance raisonnable.

J'osais un regard en sa direction et il marchait à côté de son joujou à deux roues, sans se tourner vers moi à nouveau. L'expression de son visage était quasi indéchiffrable. Impossible de savoir s'il était en colère, épuisée, ou juste con.

On opte pour juste con.

La maison se trouvait à quelques pas du portail, entourée d'un immense jardin aussi bien taillé que celui de la reine d'Angleterre. Même avec la nuit tombée, les lumières des grands lampadaires extérieurs laissaient aux visiteurs les possibilités de contemplé leur richesse. Malgré moi, je déglutissais face à cette situation. Avoir emménagé chez Derek représentait un immense pas dans le côté des friquées, alors là, j'avais carrément atteint le summum.

À l'intérieur, une femme vient accueillir le petit Prince de mes fesses, avec un large sourire tandis qu'elle me toisa un instant. En réponse, je lui fis mon plus beau sourire auquel elle était assez méfiante. Liam se tourna pour m'observer et me fusilla du regard. Il n'était visiblement pas d'humeur à rire et ça tombait bien, moi non plus. La petite dame brune lui demanda s'il voulait qu'elle nous serve de quoi manger, mais il déclina.

Mais moi, j'ai faim bordel !

Il la congédiait et me demandait de le suivre à l'étage. Des escaliers en marbres si propres que ma seule présence paraissait les salir. Je montais derrière lui avec minutie en jetant un œil au mur tapissé de tableau. Cette maison était si tape-à-l'œil et en même temps, tellement vivante par l'art. Les tableaux, les couleurs donnaient un tout autre ton à la maison. Comme si deux personnes différentes s'étaient chargé de la décoration. Nous avons fini dans sa chambre, qui était évidemment beaucoup trop grande. Il déposa ses affaires au sol et tira la chaise de son bureau, pour que je puisse apparemment m'y asseoir. Il n'avait pas l'air de vouloir passer par quatre chemins ce soir, ce qui m'arrangeait.