CHAPITRE 40

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Point de vue de Zaïr

J'avais passé la nuit sur ce putain de banc près de ce putain de lac. Malgré que l'été approche à grand pas, les nuits sont froides et je ne sentais plus le bout de mes doigts de pieds dans mes baskets. On dit que la nuit porte conseil mais à part plus de questionnements, elle ne m'a rien apporté. Je ne savais plus quoi faire. Personne vers qui me tourner. J'étais seul. A ce moment là, je n'avais besoin que d'être à un endroit, près de toi, maman. Je ressemblais le peu d'affaire que j'avais et me dirigea vers ma voiture. Avant de partir je me regardais dans le miroir. Des cernes, les yeux rouges, une barbe d'une semaine non taillée, des cheveux mal coiffés, je faisais peine à voir. Je démarra, une clope entre les lèvres et roula plusieurs minutes pour enfin arriver près du cimetière où reposait ma mère. Il y a bien trop longtemps que je n'étais pas venu mais l'endroit de sa tombe est gravée dans ma mémoire. Je passa les portes du portail rouillé du cimetière, pris la deuxième allées, puis la troisième sur la gauche. Devant moi, une tombe, une tombe grise à l'aspect moderne avec quelques fleurs desséchées bleues et jaunes mais la gravure ne portée pas le nom de ma mère. Je ne reconnais rien mais je suis sûr que sa tombe était ici. Je décida de me diriger vers l'accueil du cimetière. Il était tôt, j'étais seul dans cette salle.

« Il y a quelqu'un ? » annonçais-je une première fois

« Oh y a quelqu'un ?! » Insistais-je

« Oui Monsieur excusez-moi je n'ai pas l'habitude qu'il y est du monde aussi tôt et je ne suis plus aussi rapide qu'avant.. » Dit-une petite voix chevrotante.

Face à moi une petite dame de 75-80 ans d'à peine 1.50. Avec ses petites lunettes et ses cheveux blancs ébouriffaient, elle était particulièrement attendrissante.

« Excusez-moi d'avoir crié Madame, je ne voyais personne »

« Oh ne vous inquiétez pas mon cher, est-ce que je peux vous aider ? »

« Oui je.. Je ne suis pas venue depuis longtemps mais il me semblait que la tombe de.. Fatima.. Fatima Khalil était allée C, troisième sur la gauche mais je ne la trouve pas »

« Hmm.. Ne bougez pas, je regarde.. » Elle se retourna pour fouiller dans l'armoire en bois ancien derrière elle puis elle finit par sortir un gros classeur bleu foncé.

« Khalil.. Khalil.. Oui c'est bon » Elle pointa du doigts le bas d'une page du classeur. 
« C'est tout à fait normal Monsieur, je vois inscrit dans ce classeur que Madame Fatima Khalil a été déplacée il y a maintenant 2 ans »

Je sentis mon coeur battre jusqu'au bout de mes doigts.

« Qu'est-ce que.. Comment ça déplacé ? Déplacé à quel endroit ? »

« Il a été demandé il y a 2 ans par.. Son mari il semble,  une exhumation pour transvasions dans une boîte à ossements qui n'a d'ailleurs d'après ce qui est écrit, jamais été récupéré »

Mes jambes tremblèrent, ma poitrine se serra. L'air ne passait plus, je suffoquais.

« Oh.. Mon petit vous êtes tout pâle.. Assieds-vous »

Ma tête tournait, j'étais incapable de parler. Ma vision était floue, envahie de larmes, de colère, de haine. Ma mère, ma maman, était dans une putain de boîte par la faute de mon père. Même dans sa tombe, même morte, il arrive à lui faire du mal et lui manquer de respect. Dans la douleur je sentis une main sur mon avant bras.

« Mon petit, respire doucement »

J'étais debout, les mains contre le bar de l'accueil pour ne pas flancher.

«Je.. Je veux voir la boîte » Balbutiais-je.

« Je comprends mais je suis désolée de vous mettre dans cette situation mais il faut que je vous demande.. Qui êtes-vous pour Madame Khalil ? »

« Je suis.. Je suis son fils, Zaïr, Zaïr Khalil »

Je la vis se mordre la lèvre et ravaler les larmes qui éblouissaient sa vue.

« On va oublier la paperasse, asseyez-vous sur la chaise vous serrez plus à l'aise » M'indiqua t-elle de sa main.

Elle se précipita vers son armoire, pris une clé, et ouvrit une porte située à côté de l'armoire de l'accueil. Elle resta quelques secondes qui m'ont paru des heures et elle revint avec une sorte de causse en bois. Elle se rapprocha de moi et me tendit la boîte qui semblait bien lourde pour elle. Dans mes mains, une boîte de taille moyenne en bois, usée par le temps, quelques taches de moisissures sur le dessus et une gravure noire, Fatima Khalil.

« Bonne journée Madame, merci »

Je pris la boîte, ma mère est retourna dans ma voiture sans attendre de réponse.
Si ce matin rien n'était clair dans ma tête. Tout l'est parfaitement maintenant. Je pris mon téléphone.

Bip.Bip.Bip

« Khalil j'aurai jamais pensé voir ton nom se réafficher sur mon bigo » S'exclama une voix familière au téléphone.

« Nassim j'ai besoin de toi »

« Dis moi tout »

« J'ai besoin d'un calibre »

Tu m'as sauvé Where stories live. Discover now