31. Les douze coups de minuit

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— Nous ne sommes plus sous le monastère, professeur.

La constatation n'avait rien de rassurant. Cela signifiait qu'il existait des passages secrets permettant de pénétrer dans le monastère depuis l'extérieur - ce qui expliquait les problèmes de sécurité lors de la soirée. Sans les bêtes démoniaques qui avaient causé l'effondrement sous la salle de bal, personne n'aurait rien soupçonné. Cela signifiait également que Flayn et les autres avaient pu tomber sur bien pire que des rats et des toiles d'araignées. Il était d'ailleurs inquiétant qu'ils ne les aient pas encore rattrapés. Combien de temps s'était écoulé depuis leur départ ? Une demi-heure ? Davantage ? Même s'ils faisaient demi-tour maintenant, ils ne seraient pas de retour avant l'heure qu'elle avait demandée. Devait-elle risquer la sécurité des étudiants qu'elle avait emmenés pour sauver ceux qui avaient disparus ? Elle jeta un regard au visage fermé de Felix, qui, une lanterne citrouille à la main, avait beaucoup de mal à demeurer derrière elle comme elle le lui avait ordonné. A supposer qu'elle donne le signal du retour, il y avait fort à parier qu'il ne lui obéirait pas.

Alors qu'elle soupesait ses options, un coup de gong retentit, quelque part au-dessus d'eux. Puis un second, un troisième... Sans cesser d'avancer, elle compta jusqu'à douze. Minuit ? Impossible. L'heure était passée depuis longtemps. Et même s'ils avaient mis plus de temps qu'elle ne le croyait à parcourir les souterrains, il ne pouvait être déjà midi. Enfin, que faisait une horloge dans les souterrains ? Il s'agissait forcément d'un système d'alarme. Mais qui s'était fait repérer ? Eux, ou ceux qu'ils recherchaient ? Elle ne voyait rien, dans le couloir qu'ils suivaient, qui aurait pu déclencher une alarme.

— Soyez sur vos gardes, avertit-elle ses compagnons.

Le terrain ne leur était guère favorable en cas d'attaque. Affronter une bête démoniaque ne serait pas un problème, mais les humains étaient susceptibles de leur tendre un traquenard, surtout s'il s'agissait de ceux responsables de l'agitation de la nuit. Felix et elle avaient dégainé leurs épées tandis que le bout des doigts d'Annette et Mercedes luisait faiblement, signe qu'elles étaient prêtes à lancer une attaque magique.

A quelques pas de là, le couloir se terminait au pied d'un escalier plongé dans la pénombre. Une seule issue, la configuration idéale pour tendre un piège.

— Annette, un sort de vent. Léger. Nous ne voulons tuer personne (pas encore) mais assez pour faire sortir quiconque serait posté dans l'escalier.

— Je peux... commença Felix.

Le sort était déjà parti. Il ricocha contre les murs en une succession de sifflements étouffés. Byleth eut beau tendre l'oreille, elle n'entendit rien de plus. Rien ne bougea non plus parmi les ombres.

— Allons-y, ordonna-t-elle, repoussant d'une épaule Felix qui tentait de la dépasser. Derrière moi.

Les marches de l'escalier avaient été creusées par le temps. Byleth monta lentement pour ne pas déraper sur la pierre lisse. Alors qu'elle parvenait en haut, une nouvelle volée de cloches la fit sursauter. Douze coups, encore. Levant la tête, elle distingua une faible lueur à travers une fenêtre en ogive au vitrail brisé.

La chapelle abandonnée.

Elle serra le poing sur la garde de son épée. Elle avait déjà visité cette chapelle sans rien remarquer. Manque de vigilance. Deux pas encore et ses bottes rencontrèrent le dallage inégal du bâtiment. Ils étaient sortis derrière l'autel, qui dissimulait l'entrée de l'escalier aux regards. Le reste du bâtiment était plongé dans l'ombre.

— Ne bougez pas !

Ils s'immobilisèrent d'un même ensemble. Personne en vue et pourtant... L'ordre ne leur était pas destiné. La voix venait de la pièce latérale à celle dans laquelle ils se trouvaient.

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Место, где живут истории. Откройте их для себя