3. Salut les monstres!

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Après avoir jeté les cadavres de rats à la poubelle - les traces de sang restant sur les murs pourraient à la rigueur passer pour de la décoration - Byleth se dirigea vers la salle des Golden Deer. Mieux valait ne pas découvrir à la dernière minute de quoi cette histoire de costumes retournait.

Le temps de franchir les quelques mètres qui la séparaient de la salle, elle avait croisé une bête démoniaque, une créature écailleuse qui lui avait lancé un regard noir et une fille à oreilles de lapin (?). Les oreilles de lapin étaient hors de question. Lorsqu'elle entra, Hilda était plongée dans une conversation animée avec Manuela au sujet de la profondeur du décolleté de la robe en toile d'araignée que l'enseignante des Black Eagles comptait visiblement porter.

— Professeur, lui sourit largement la couturière. Vous venez chercher votre costume ?

— Je ne suis pas certaine de vouloir en porter un, souligna Byleth.

— Mais nous devons superviser la soirée, lui rappela Manuela. Et vous ne pouvez pas vous y rendre sans costume !

— En parlant de superviser, vous devriez peut-être jeter un oeil à la salle de votre classe. Hubert a un sens de la décoration... intéressant.

Le visage de l'enseignante se rembrunit.

— Vraiment, marmonna-t-elle, je ne sais pas pourquoi on m'a assigné cette classe. Être originaire de l'Empire ne me qualifie pas automatiquement pour gérer Edelgard, merci bien. Je suis certaine que vous vous en sortiriez bien mieux.

Byleth s'abstint de répondre. Les enseignants n'étaient-ils pas astreints à un devoir d'impartialité ? Bien sûr, si elle avait absolument dû donner son opinion, les Blue Lions étaient de loin la meilleure classe. Les Black Eagles lui paraissaient imbus d'eux-mêmes et les Golden Deer ingérables.

— Enfin, je dois vous laisser essayer votre costume, poursuivit Manuela. Tout le charme de la soirée consiste à ne pas savoir qui et qui sous le costume.

Byleth glissa un regard oblique à la robe que Manuela portait au bras. Elle était à peu près certaine que personne ne manquerait de l'identifier dans cette tenue - et probablement, de l'éviter. En tout cas, c'était ce qu'elle avait résolu de faire pour sa part. Elle aurait préféré patrouiller avec la garde pour s'assurer qu'aucun intrus ne se dissimulait sous un masque pour s'introduire dans le monastère, mais puisqu'elle ne pouvait échapper à la surveillance de la soirée, elle ferait de son mieux.

— Je ne porte pas de robe, prévint-elle Hilda.

Les robes entravaient les mouvements si elle devait se battre. Il lui fallait un costume qui lui permette de bouger librement. Hilda lui adressa un clin d'œil.

— Je savais que vous diriez ça.

Plongeant sous le bureau, elle sortit du carton posé dessous une tenue d'un noir brillant que Byleth considéra d'un air dubitatif.

— C'est de la soie ?

Elle n'avait jamais porté de soie. Où Hilda s'était-elle procuré de la soie ? Et de quel budget disposait-elle au juste pour les costumes ? Les minuscules araignées brodées sur le pourpoint paraissaient faites de fil d'argent.

— Chaud et confortable, rayonna Hilda. Et près du corps pour ne pas gêner les mouvements.

Ca, pour être près du corps... On aurait dit une seconde peau. Et le décolleté lui paraissait encore plus plongeant que celui de la robe de Manuela.

— Allez essayer, lui intima Hilda en la poussant derrière un paravent en forme de citrouille géante. Vous allez adorer.

Elle n'avait pas menti : la tenue était confortable et surprenamment chaude. Elle ne laissait pas non plus beaucoup de place à l'imagination.

— Je ne suis pas sûre... commença-t-elle en sortant de derrière le paravent.

Un assassin la fixait dans le miroir d'en face, tout de noir vêtu à l'exception des araignées qui couraient sur son corsage. Un masque noir et argent lui dissimulait le visage. Si elle n'avait pas su que c'était elle, Byleth aurait hésité entre la trouver effrayante ou indécente.

— Professeur, personne ne saura qu'il s'agit de vous, assura Hilda. On n'a pas l'habitude de vous voir ainsi. Tout le monde pense que vous serez plutôt en faucheuse.

Elle n'avait pas tort. Jusqu'à présent, Byleth n'avait pas réussi à trouver de faille dans son raisonnement.

— Vous, vous saurez, remarqua-t-elle.

Confier le secret des costumes à la pire pipelette de toute l'Académie n'était pas très avisé.

— Je serai muette comme une tombe ! promit joyeusement Hilda.

Byleth jeta un dernier regard au miroir. Bon.

— Deux conditions : je veux savoir ce que portent mes étudiants afin d'être à même de les protéger. Et surtout, si vous voyez quelqu'un porter une tenue que vous ne connaissez pas, vous me le signalez immédiatement.

— Deal, approuva aussitôt Hilda.

Byleth empaqueta le costume avec le sentiment d'être une très mauvaise négociatrice. Et, aussi, elle devait bien l'avouer, une pointe de curiosité : quels costumes auraient choisi (ou plutôt, connaissant Hilda, se seraient arbitrairement vu attribuer) ses élèves ? Peut-être commençait-elle à saisir l'esprit de la fête, après tout.

Note: prompt légèrement modifié (monstre au lieu de alien)

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Where stories live. Discover now