11. Rendez-vous en terre inondée

22 2 0
                                    

Les quatre sorcières se retournèrent avec un glapissement.

— Qu'est-ce que c'était ? demanda l'une.

— Nous allons tous mourir, je le savais ! glapit sa voisine.

Impossible de ne pas reconnaître la voix de Bernadetta. Byleth s'avança d'un pas.

— Que faites-vous ici en pleine nuit ?

— Professeur, pleurnicha Bernadetta en s'accrochant à sa jambe. Sauvez-nous s'il vous plaît !

Byleth nota qu'elle avait tout de même emporté son arc. Elle risquait d'en avoir besoin si le grondement était bien ce qu'elle craignait.

— Professeur ! s'exclama Dimitri derrière elle. Ramenez-les au monastère, je m'occupe de la bête !

— Pas question.

Elle ne pouvait pas laisser un étudiant affronter la bête tout seul. Même si Dimitri en était certainement capable. Elle ne pouvait pas abandonner Dimitri.

— Nous n'avons pas peur ! affirma la plus petite des sorcières en rejetant son chapeau en arrière.

— Nous savons nous battre ! confirma sa voisine en l'imitant.

Byleth frissonna en reconnaissant Flayn. Une image de Seteth sur son lit d'infirmerie surgit dans son esprit. S'il arrive quoi que ce soit à Flayn... Je ne serai pas le seul à avoir un pied dans la tombe.

— Je... je suis désolée professeur, balbutia la quatrième.

Annette, évidemment. Inutile de se demander qui avait lu ces idioties au sujet des champignons.

— Derrière moi, ordonna Byleth. Vous pouvez lancer des sorts ou des flèches à distance, mais n'approchez pas.

Le halètement de la bête était à présent tout proche. Mieux valait rester groupés. D'autres pouvaient se dissimuler dans l'obscurité.

— Flayn, montez dans cet arbre et dites-nous si vous voyez d'autres bêtes approcher. Dimitri, restez près de moi.

Le prince avait un peu trop tendance à foncer dans le tas sans se préoccuper de sa propre sécurité à son goût. Avec un rugissement qui fit trembler les feuilles des arbres à proximité, la bête se rua sur eux.

Le loup mesurait trois mètres au garrot. Cela donnait davantage de force à ses attaques, mais supposait également que ses points faibles, le ventre et la gorge, se trouvaient à portée de lance et d'épées. Si les filles parvenaient à détourner son attention...

— Pas encore ! siffla-t-elle à Dimitri qui s'apprêtait à charger.

Une flèche fila au-dessus de leur tête. Byleth s'émerveillait toujours de la façon dont Bernadetta, même en pleine attaque de panique, parvenait à ajuster ses tirs. La bête rugit. Sa large patte fouetta l'air devant elle. Byleth l'esquiva sans mal. La bête était puissante, mais peu précise.

Un sort de magie noire la percuta de plein fouet. Byleth recula d'un pas. La puissance du sort l'avait prise de cours. Les étudiants de première année étaient-ils censés connaître déjà ce genre de magie ? Annette n'en était pas là en tout cas, malgré ses études à l'école royale de sorcellerie de Firdhiad. En tout cas, il avait suffit à désorienter la bête.

— Maintenant !

Dimitri et elle chargèrent de concert, l'un vers le ventre, l'autre vers la gorge. Le sang jaillit, arrosant Byleth avant qu'elle n'ait eu le temps de sauter en arrière. Le loup hurla de douleur et pris d'une fureur aveugle, se rua en avant.

— Reculez !

Bernadetta n'avait pas besoin qu'on le lui dise deux fois. Qu'elle parvienne à le faire sans cesser de tirer et sans se prendre un arbre, en revanche, tenait du miracle. Annette n'eut pas la même chance. Sa robe de sorcière se prit dans une branche et elle trébucha, roulant pratiquement sous les pattes du loup.

— Annette !

Byleth bondit mais Dimitri, étant plus près, avait été plus rapide. D'un même geste, il poussa Annette hors d'atteinte et plongea sa lance dans la gueule du loup. Byleth savait que ce n'était pas une bonne idée avant même de voir les crocs de la bête se refermer sur la manche de l'arme, le brisant net. Blessée à mort, aveuglée par la douleur, celle-ci se rua néanmoins en avant, griffes dehors.

— Pas si vite, saleté, grogna Byleth.

Un nouveau sort de magie noire fila à un cheveu de sa tête. Vraiment, certains étudiants avaient besoin de revoir les règles de sécurité, Dimitri inclus. La bête bascula au sol avant même qu'elle l'atteigne. L'achever lui parut presque trop facile.

— Professeur, appela la voix de Flayn depuis l'arbre où elle était perchée, il y en a deux autres qui arrivent !

Byleth jura entre ses dents. Elle commençait à douter sérieusement que l'apparition de ces bêtes alors que les chevaliers de Seiros étaient tous en mission soit une coïncidence.

— Retrait, vite.

— Mais professeur... commença Dimitri.

— Pas de discussion. Vous êtes blessé, ajouta-t-elle en avisant la déchirure au bras de son costume.

Hilda serait furieuse. Quoi que, le sang qui maculait à présent la tenue blanche du spectre ajoutait une touche d'horreur.

— Ce n'est rien.

Et c'était précisément pour ce genre de remarque qu'elle lui ordonnait de faire retraite. Un combattant avisé sait lorsqu'il est diminué.

— C'est à moi d'en décider.

La carte "professeur" avait parfois du bon. Les quatre autres obtempérèrent à l'ordre sans sourciller, même si elle entendit Flayn se plaindre de n'avoir pas eu l'occasion d'affronter la bête. Quittant la forêt, ils se dirigèrent vers le monastère en courant.

— Professeur, la héla le garde posté à l'entrée. J'ai quelque chose à reporter, il...

Il s'interrompit brusquement, avisant le sang qui la recouvrait ainsi que Dimitri, et les mines échevelées des petites sorcières.

— Tout va bien, professeur ?

— Il y a au moins deux bêtes démoniaques dans les bois. Prévenez Rhéa et Hannuman.

— Bien, professeur, mais atten...

Floutch. Byleth baissa les yeux. La cour des marchands était noyée sous plusieurs centimètres d'eau boueuse.

— Mais enfin, que se passe-t-il ici ? 

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant