1. La roue de l'infortune

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— C'est une merveilleuse occasion de découvrir de nouvelles facettes de nos étudiants.

Cette déclaration, venant de Manuela, aurait dû mettre la puce à l'oreille de Byleth. A la place, elle avait pensé qu'elle aimerait bien connaître d'autres facettes de Dimitri. Uniquement dans le but de l'aider à surmonter ses difficultés, cela allait de soi. Il souffrait d'insomnies. Elle l'avait plusieurs fois surpris à la bibliothèque ou au terrain d'entraînement, à une heure à laquelle il aurait dû dormir. Les insomnies n'étaient pas à prendre à la légère, elle était bien placée pour le savoir.

Donc, au lieu de s'intéresser aux coutumes liées au Jour des Morts au monastère de Garreg Mach, elle avait continué à chercher des recettes de tisanes somnifères et des sorts de soin relaxants tandis que les étudiants, bénéficiant à cette occasion d'une journée de repos, s'en donnaient à coeur joie.

— Ne vous inquiétez pas, professeur, nous nous occupons de tout, avait affirmé Annette avec ferveur.

Ce qui était précisément le moment où Byleth aurait dû commencer à s'inquiéter. Surtout lorsqu'elle avait vu son élève s'éloigner entre Claude et Hilda. Toute entreprise menée sous l'égide des Golden Deer avait au moins 90% de chances de provoquer des ulcères d'estomac à Seteth. D'autant qu'Hilda avait ajouté :

— Je me charge des déguisements !

— Des... déguisements ?

Personne ne lui avait parlé de déguisements.

— La soirée du Jour des Morts est traditionnellement costumée, avait joyeusement confirmé Manuela. Ne trouvez-vous pas excitant de pouvoir côtoyer de beaux jeunes hommes en tout anonymat ?

— C'est surtout l'occasion idéale pour un assassinat. Je m'étonne que Rhéa autorise pareille célébration.

Manuela l'avait regardée bizarrement, comme si elle se demandait si Byleth plaisantait ou non. Byleth ne plaisantait jamais.

— C'est la coutume, avait-elle fini par répondre. Rhéa ne prendrait pas le risque de nuire à sa popularité en l'interdisant.

Il ne restait plus à Byleth qu'admirer l'ardeur avec laquelle les étudiants s'étaient jetés dans les préparatifs. Elle aurait souhaité qu'ils mettent le même à leurs études. Pour sa part, elle avait préféré s'assurer que la garde du monastère serait assurée de façon particulièrement stricte au cours de cette soirée.

Le matin du grand jour, entrant au réfectoire prendre son petit-déjeuner, Byleth crut un instant avoir pénétré dans une dimension parallèle. Des toiles d'araignée factices pendaient des poutres du plafond. Des nuées de chauve-souris en papier s'élançaient le long des murs. Sur les tables, s'alignaient des rangées de citrouilles aux yeux allumés de bougies. Au moment où elle passait sous la porte, quelque chose de gluant se prit dans ses cheveux. Sourcils froncés, elle pivota sur ses talons pour examiner l'objet du méfait.

— Elle n'a même pas sursauté, commenta une voix déçue dans son dos.

— Ash était bien plus drôle.

— Vous n'êtes vraiment qu'une bande de gamins.

Une immense gargouille en papier mâché, accrochée au-dessus du linteau, tendait sa langue de papier tue-mouche vers les élèves innocents. Byleth constata que quelques cheveux dorés y demeuraient accrochés. Quelqu'un avait visiblement oublié de prendre en compte la taille de Dimitri...

Un réflexe la fit se détourner de la gargouille pour chercher son étudiant préféré du regard. Non, pas préféré. Un professeur se doit d'être impartial, se rappela–t-elle fermement. Elle était simplement attentive aux besoins de ses étudiants, et Dimitri avait davantage besoin de soutien que les autres. Claude, pour sa part, se débrouillait très bien pour construire des gargouilles sans elle.

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Where stories live. Discover now