Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)

2. Un cadavre dans votre maison

Pas un coin du monastère n'avait échappé à la fièvre décoratrice. Même aux écuries, des citrouilles sculptées avaient remplacé les lanternes. Léonie ronchonnait contre le gaspillage alimentaire. Sur le terrain d'entraînement, des épouvantails à tête de navet avaient remplacé les mannequins. Byleth redoutait ce qu'elle allait trouver en poussant la porte de la salle de classe des Blue Lions.

Elle ne s'attendait pas à tomber sur un cadavre.

Le corps reposait sur le sol, dos tourné à l'entrée, une mare de sang s'élargissant autour de lui. Encore frais, nota mentalement Byleth. Elle prit le temps de vérifier la scène avant de faire un pas en avant. Le meurtrier se trouvait peut-être encore dans le secteur. Mais elle ne détecta aucun mouvement.

La victime portait l'uniforme des étudiants. Dimitri ! Elle se reprit aussitôt. Bien qu'il s'agit visiblement d'un individu de sexe masculin, la stature n'était pas celle du leader des Blue Lions. Sylvain ! C'était forcément Sylvain. Il avait dû taper une fois de trop sur les nerfs d'Ingrid ou Felix. Possiblement les deux. Quelle ironie, pour le jour des morts... S'agenouillant, elle écarta le bras qui recouvrait la tête, à la recherche d'un pouls.

— Surprise !

Le cadavre se releva d'un bond. Avant de se figer, la lame d'une épée sous le menton.

— Du calme, professeur ! C'était une simple plaisanterie.

— Je crains de ne pas partager votre sens de l'humour, Claude.

— Vous y viendrez, affirma le leader des Golden Deer avec un sourire aussi éclatant que sa confiance en lui. Le Jour des Morts est encore long.

— Je vous interdit de jouer le même tour à Ash. Ou à Annette. Ou à Lysithea. Ou à... Personne, en fait. Vous devriez aller faire nettoyer cet uniforme.

— C'est du jus de groseille. Ça partira sans mal au lavage.

Au même instant, un cri perçant retentit dans la salle contiguë. Byleth fut à la porte en un éclair, Claude sur les talons.

— Des rats !

Au moins, il ne s'agissait pas d'un autre cadavre.

— Des rats morts !

Ou peut-être que si. Byleth franchit d'un pas circonspect le seuil de la salle de classe des Black Eagles.

— Bernadetta, qu'y a-t-il ?

— Des rats ! hurla l'étudiante avant de se ruer hors de la pièce. Jamais je n'aurais dû quitter ma chambre !

Byleth ne tenta pas de l'arrêter. Raisonner une Bernadetta en pleine panique revenait, elle l'avait appris à ses dépends, à vouloir calmer une wyverne affolée. Elle se contenta d'examiner les lieux, à la recherche de ce qui avait pu causer ladite panique.

— Originale, la décoration, commenta Claude par-dessus son épaule. Edelgard est plus créative que je ne le croyais.

— Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de décoration...

Plusieurs rats gris avaient été cloués au mur par la force d'un maléfice qui avait laissé des traces de suie tout autour de leur cadavre, leurs pattes tordues dans des positions grotesques. Les malheureuses bêtes avaient dû être attirées par le panier de bonbons posé sur le bureau. Elles n'avaient visiblement pas eu le temps d'en profiter.

— Hubert ne plaisante pas avec les cadeaux destinés à Edelgard, railla Claude en tendant la main vers ledit panier.

— Vous feriez bien de vous en souvenir, lui lança Byleth en allait décrocher un rat du mur.

Si jamais Flayn tombait sur ce genre de décoration, Seteth lui en parlerait durant des heures. Même si, en théorie, il revenait à Manuela de s'inquiéter des initiatives de sa classe. Byleth avait beau avoir peu d'expérience en tant qu'enseignante, il lui semblait que sa consoeur ne prenait pas sa tâche aussi au sérieux qu'elle l'aurait dû. Elle aurait été curieuse de savoir sur quels critères Rhéa recrutait les enseignants de l'Académie. Au moins, elle les payait bien, ce qui pour une mercenaire, constituait le critère le plus important.

Claude laissa échapper un petit cri lorsque le bonbon dont il s'était emparé s'enflamma entre ses doigts. Byleth retint un "je vous l'avais bien dit".

— Je dois m'occuper de superviser les boissons, annonça-t-il en dissimulant sa main brûlée derrière son dos.

— Ne devriez-vous pas déléguer cette tâche à...?

... n'importe qui qui ne soit pas susceptible d'y ajouter des ingrédients douteux ?

— Faites-moi confiance ! Et n'oubliez pas de passer voir Hilda pour votre costume, prof !

Byleth décolla un rat supplémentaire en soupirant. Son mauvais pressentiment ne faisait que s'accentuer.