5. Danse avec les squelettes

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Quittant la Rotonde, Byleth décida d'aller jeter un œil à la salle où devait se tenir le bal, afin de s'assurer que celle-ci ne présentait aucun danger. Après tout, si elle avait été un assassin, elle aurait probablement choisi d'attendre le soir pour frapper parmi la foule, dissimulée derrière un masque. Et il y avait toujours le risque d'une autre brillante initiative tirée de l'esprit de Claude.

— Salutations professeur ! Rien à signaler ! lança le garde posté devant la porte.

— Rien ? Depuis combien de temps êtes-vous en poste ?

— Premier quart du matin, professeur !

— Et personne n'est entré durant ce temps ?

Le garde cligna des yeux.

— Eh bien, si, professeur, bien sûr. Le personnel chargé de la décoration, tout d'abord. Puis quelques étudiants...

— Quels étudiants ?

Le garde avait l'air de plus en plus nerveux.

— C'est à dire, je n'ai pas tenu de registre, professeur. Aurais-je dû ? Nous n'avons jamais procédé ainsi...Seteth n'a pas...

— J'en parlerai à Seteth, coupa Byleth.

Curieux d'ailleurs qu'elle ne l'aie pas vu depuis le début de la matinée. Elle se serait attendue à ce qu'il soit sur le pont, l'œil partout. Avec un léger choc, elle se rendit compte qu'il lui manquait. Les coutumes du Jour des Morts la désorientaient tellement qu'elle regrettait même Hannuman.

— Un problème, professeur ?

— Pas encore.

Byleth s'avança sur le seuil de l'immense pièce, vide. Un voilage noir, immitant une nuit de pleine lune, avait été tendu au plafond. Des toiles d'araignées recouvraient fenêtres et tableaux. Les inévitables citrouilles serpentaient le long des murs. Quant aux armures, elles avaient toutes été remplacées par des squelettes aux postures menaçantes. Byleth fronça les sourcils. Où avaient-ils trouvé autant d'ossements humains ? Elle n'avait jamais été portée sur la religion, mais n'était-ce pas sacrilège d'utiliser des cadavres en tant que décoration ?

Elle posa la main sur l'épaule du plus proche. Avec un grincement sinistre, le squelette vacilla sur ses pieds avant de s'effondrer entre ses bras. Sa tête sauta comme un bouchon de champagne pour aller rouler au sol dans un fracas métallique.

Bon. Au moins elle avait éclairci un point: les squelettes étaient en métal peint. Un alliage suffisamment léger pour que leur poids ne constitue pas le moindre danger.

— Professeur ! ?

Le garde venait aux nouvelles, affolé. Il évita de peu de trébucher sur le crâne et poussa un glapissement. Au même instant, une paire de grands rideaux noirs se mit à bouger.

Les rideaux ! C'était bien sûr le meilleur endroit où se dissimuler. D'instinct, Byleth porta la main à son épée.

— Pourquoi tout ce vacarme ? s'enquit une voix ensommeillée.

Byleth laissa retomber son bras. Elle avait reconnu la voix et savait à présent où Linhardt avait trouvé refuge.

— Linhardt, vous tombez bien. Venez m'aider à vérifier ces squelettes.

— Pourquoi moi ?

— Vous avez mieux à faire ?

— La sieste, répondit l'étudiant sans hésitation. On mésestime les qualités du sommeil, professeur. Savez-vous que beaucoup de troubles mentaux sont corrélés à un manque de sommeil ?

Byleth chassa l'image de Dimitri qui venait de lui envahir l'esprit. Elle répondit avec fermeté:

— Je suis certaine que c'est un risque qui ne vous menace pas, Linhardt. Je prends le côté mur, chargez-vous des fenêtres.

— S'il le faut, soupira celui-ci de mauvais gré.

Un étrange ballet s'ensuivit tandis que tous deux vérifiaient que les squelettes étaient bien fixés sur leur base. Il s'avéra que Byleth avait joué de malchance: seul le premier squelette était défectueux. Elle ramassa le crâne dont la peinture s'était écaillée au niveau de la mâchoire, laissant apparaître des dents métalliques.

— Je vais le rapporter aux décorateurs, dit-elle en le calant sous son bras. Linhardt, à ce soir ?

— Je suppose que je n'ai pas le choix, bougonna celui-ci. Edelgard m'a confisqué la clé de ma chambre. Et Mercedes a investi la bibliothèque pour une soirée "histoires à faire peur". Vous pensez que je pourrais la convaincre de chuchoter ?

— Je ne crois pas, non, répondit Byleth en ajoutant mentalement "bibliothèque" à la liste "endroits à vérifier". Courage, Linhardt.

Elle salua le garde à la sortie d'une inclinaison de tête.

— Veuillez m'avertir immédiatement si vous voyez entrer toute personne étrangère au monastère.

— Même les livreurs, professeur ? Nous attendons plusieurs chargements de provisions et de boissons...

Byleth soupira. Il fallait absolument qu'elle parle à Seteth. Ou pouvait-il bien se trouver ?

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Where stories live. Discover now