8. 30 millions de loups-garous

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Il ne lui restait plus que la bibliothèque à vérifier. Byleth s'appuya au mur, visage levé vers le ciel, qui, en dépit de l'heure méridienne, pesait toujours comme un couvercle au-dessus du monastère. Elle avait renforcé la surveillance partout, en particulier au niveau des cuisines, revus vingt fois les tours de ronde, et elle était certaine que l'ensemble des gardes souhaitait à présent ardemment être parti en mission avec les chevaliers de Seiros au lieu de rester au monastère. Rhea avait demandé à ne pas être dérangée, et elle comprenait pourquoi. Un parfum de citrouille cuite et de chocolat montait du réfectoire, mais le stress lui coupait l'appétit. Au moins, la bibliothèque serait vide à l'heure du déjeuner.

Alors qu'elle longeait le couloir, elle vit Ferdinand débouler au coin de celui-ci, se hâtant de façon inhabituelle et pas très distinguée. Son visage exprima un soulagement instantané à sa vue.

— Professeur ! Votre présence tombe à point. Edelgard nous a informés qu'il fallait vous prévenir en cas d'incident.

— Quel incident ?

— Eh bien, professeur, il vaut mieux que vous vous en rendiez compte par vous-même. Je laisse l'affaire entre vos mains capables.

Une autre façon de dire qu'il s'en lavait les siennes. Byleth pressa le pas. La bibliothèque, comme le reste du monastère, avait été tendue de draps sombres et de toiles d'araignées qui recouvraient les rayonnages. Du moins, ceux qui étaient encore debout...

— Que s'est-il passé ici ! ?

Annette sursauta comme si la foudre venait de lui tomber dessus.

— Pro... professeur ! Je... Je suis désolée ! J'aidais Mercedes à faire de la place pour installer les sièges pour la soirée et.. Tout est tombé je ne sais pas comment ! Mais ne vous inquiétez pas, professeur, nous allons tout remettre en place. Ferdinand est partir chercher de l'aide.

— Je vois, soupira Byleth.

Autant pour la pause. Il ne lui restait plus qu'à mettre les mains dans la poussière.

— Commençons par ramasser les livres. Déposez-les en pile au centre de la pièce.

Tandis qu'Annette, Ignatz et Mercedes se mettaient à l'ouvrage, Byleth s'approcha de l'étagère renversée. Elle avait simplement basculé vers l'avant. Il faudrait veiller à mieux la fixer au mur. Une chance qu'aucun étudiant n'ait été blessé !

C'est alors qu'elle remarqua un bout de couverture qui dépassait du rayonnage. Brossant la poussière, elle dégagea ainsi une dizaine de livres qui avaient dû glisser à l'arrière du meuble. Elle n'eut pas sitôt posé les yeux sur les titres qu'elle comprit pourquoi.

Trente millions de loups-garous... Dîner avec un vampire... Les goules sous nos pieds...

— Qu'avez-vous trouvé, professeur ? s'enquit Mercedes avec un doux sourire.

Byleth allait répondre lorsqu'elle se souvint de l'activité que son étudiante se proposait d'animer pour la soirée. Histoires à faire peur. Elle aurait eu de quoi faire avec ces livres, mais Byleth doutait fortement que Seteth aurait approuvé la présence de ces titres dans la bibliothèque du monastère. Même s'ils étaient probablement plus divertissant que la Vie des Saints ou l'Histoire de Fodlan. Agissant au nom de Seteth, elle se devait de suivre sa ligne de conduite.

— Des ouvrages endommagés, dit-elle en se relevant, les livres entre les bras. Je vais m'en débarrasser. Caspar, Raphaël, vous tombez bien ! Pouvez-vous aider à redresser l'étagère ? Et surtout, avant de remettre les livres, assurez-vous qu'elle soit solidement fixée au mur.

Sortant, ses livres entre les bras, elle se demanda où elle allait bien pouvoir les mettre. Si elle les déposait simplement sur la pile à brûler, elle mettait sa main à couper qu'ils circuleraient dans tout le monastère dès le lendemain. Le plus simple était sans doute de les stocker dans sa chambre en attendant de pouvoir les brûler tranquillement. Les nuits étaient froides et le papier lui serait utile pour allumer le feu.

Avant de les déposer sous son lit, toutefois, elle ne put s'empêcher d'ouvrir le premier. 30 millions de loups-garous. Cela lui rappelait les histoires que les mercenaires se racontaient le soir, au coin du feu. Tournant les premières pages, elle ne put retenir une exclamation.

Les pages suivantes avaient été creusées pour former un espace vide à l'intérieur du livre. De par sa taille et sa forme, il avait dû être destiné à y mettre un collier ou un talisman. Il était vide à présent. Un frisson glacé parcourut le dos de Byleth tandis qu'elle contemplait la gueule grimaçante du loup-garou qui la fixait à travers les pages abîmées.

Elle n'aimait décidément pas ça du tout.


Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant