23. Touche pas à mon laboratoire

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- Utiliser la téléportation est une méthode de lâche, déclara Seteth.

Byleth se retint de lever les yeux au ciel.

- A-t-elle été utilisée ailleurs dans le monastère ?

- Pas à ma connaissance, non. Nous avons la situation bien en main.

- Ils n'auraient donc qu'une personne capable d'utiliser ce sort, réfléchit-elle à voix haute. C'est une bonne chose. Toutefois, elle rend inutile, à mon sens, le confinement des étudiants.

- Au contraire, professeur ! Si l'Empereur des Flammes s'est contenté d'un simple discours, c'était parce qu'il se trouvait en position de faiblesse. Que se serait-il passé si Fla... un étudiant l'avait rencontré seul à seul ? Demeurez groupés est la meilleure défense.

- Dans ce cas, pourquoi ne pas vous en charger ? Flayn en serait ravie, j'en suis persuadée.

Byleth ignora l'exclamation étranglée qui avait retentit dans son dos, de même que le marmonnement de Claude au sujet du dosage d'une certaine potion.

- Essayez-vous de vous soustraire à votre charge d'enseignante, professeur ? Interrogea Seteth, la défiant de toute son attitude de justifier les réserves qu'il avait émises à son sujet.

- Bien sûr que non, mais je peux être utile à Rhéa ailleurs.

Un ailleurs qui suppose d'utiliser un peu plus son épée et un peu moins ses réserves (maigres) de patience et ses talents (inexistants) de diplomate.

- Vous vous en tirez très bien, dit Seteth d'un ton qui suggérait clairement l'inverse. Flayn vous fait confiance.

Elle n'avait rien à opposer à ce dernier argument. Elle rentra donc de mauvaise grâce monter un nouveau quart de surveillance dans la grande salle qui offrait de plus en plus de ressemblance avec une fourmilière, organisation mise à part. Revenant du côté de l'estrade, elle constata que Linhardt était sorti de sa léthargie et, avec l'aide d'Annette, avait entrepris de récolter la poudre multicolore éparpillée sur l'estrade.

- J'aimerais l'analyser afin de savoir quel genre de magie a été utilisé, explica-t-il.

- Maintenant ?

- Tant que son utilisation est encore fraîche, oui.

- Mais avec quels instruments ?

- Ce que nous aurons sous la main.

Le laboratoire improvisé comportait pour l'instant un chaudron, deux verres, trois serviettes et quelques bouts de ficelle. Byleth ne voyait pas très bien ce qu'ils comptaient en faire, mais la recherche n'était pas son fort.

- Cette poudre pourrait présenter un danger, objecta-t-elle.

- Soyez sans crainte professeur, rayonna Flayn. Linhardt assiste fréquemment le professeur Hanneman. Il sait ce qu'il fait.

De l'avis de Byleth, Linhardt cherchait plutôt à distraire son ennui faute de pouvoir dormir.

- J'aimerais autant éviter que vous soyez téléportés dans un endroit inconnu et potentiellement dangereux.

- C'est une éventualité que j'ai envisagée, professeur, indiqua Linhardt. Je compte procéder à un test sur une fausse armure. L'idéal serait un lapin, mais...

- Vous faites des expériences sur des animaux vivants ? s'indigna Marianne. Ils sont dotés de sensibilité comme vous, vous savez !

- Prenez plutôt Claude, interjeta Edelgard tout en lissant ses cheveux décoiffés par le port du masque. La sensibilité n'est pas son fort.

- Au moins, protesta l'intéressé, je ne menace pas régulièrement d'éliminer des gens de sang-froid.

Hubert le toisa d'un air méprisant. Seules les atteintes à la personne d'Edelgard le touchaient. Il était parfaitement indifférent à celles qui le visaient.

- Est-ce que tout le monde pourrait débarrasser le plancher de mon laboratoire ? Vous êtes fatigants, indiqua Linhardt d'une voix traînante.


Byleth fit placer tout le monde à bonne distance - y compris Annette, pleine de bonne volonté mais pas vraiment la mieux placée pour manipuler des substances potentiellement dangereuses. Elle se demandait si elle ne devait pas parler de ce qui venait de se produire. Certains élèves chuchotaient entre eux. D'autres avaient le regard perdu dans le vide. L'ambiance festive semblait avoir définitivement déserté. Toutefois, elle ne savait pas trop comment se positionner par rapport au discours de l'Empereur des Flammes. Elle connaissait peu de choses de l'Église ou des emblèmes. Elle ignorait même en posséder un, avant son arrivée au monastère. Et pour couronner le tout, elle avait elle-même des doutes au sujet de Rhéa. Elle décida que les explications pourraient attendre le debriefing. La sécurisation des lieux lui paraissait un objectif prioritaire.

Elle remplaça chaque squelette en armure par un étudiant, avec pour mission d'observer tout mouvement suspect dans la salle, par binôme avec relève toutes les demi-heures, puis rassembla le restant au centre de la pièce.


- Ceux d'entre vous qui ont des talents de conteurs seraient bien inspirés de les mettre à profit, dit-elle en regardant Mercedes.

Celle-ci eut le temps de narrer l'histoire du chevalier sans tête et celle du miroir hanté avant qu'Ingrid ne prenne le relais avec une légende de chevalerie. Byleth était occupée à noter dans son carnet en cas d'insomnies, demander à Ingrid de raconter une histoire lorsque Linhardt revint vers elle en baillant.

- Rien à signaler, professeur. Il s'agit simplement de poudre à canon mêlée à des pigments colorés.

- Ce qui veut dire que vous pourriez reproduire l'expérience ? s'informa Claude.

- Hors de question, interjeta Byleth en levant le nez de son carnet. Pas ici ni aujourd'hui du moins. Vous verrez cela avec Hanneman demain.

La mine des étudiants s'allongea. Byleth soupçonnait parfois qu'elle n'était populaire que parce que ses deux collègues ne l'étaient pas.

- Professeur, soupira Claude, nous avons besoin de nos occuper.

Les yeux de Byleth tombèrent sur les notes qu'elle avait prises un peu plus tôt dans la soirée. Il valait mieux qu'elle trouve une idée avant qu'il ne le fasse lui-même.

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Onde histórias criam vida. Descubra agora