18. In the sauce

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— Un peu de calme ! s'époumona Byleth.

La salle de bal bouillonnait comme un chaudron sur le point de déborder. L'orchestre continuait de jouer, imperturbable. Byleth se demandait si, en cas d'attaque, ils interprèteraient une marche militaire ou une valse. Quelques élèves continuaient de danser sans grande conviction. Le reste s'était séparé en plusieurs groupes. Le premier, massé derrière l'estrade en compagnie de Bernadetta, paraissait attendre la fin du monde. Un second, mené par Caspar, avait entreprit de dépouiller les armures décoratives pour se constituer un stock d'armes. D'autres protestaient silencieusement devant la double porte d'entrée, bras croisés, sur la poitrine. Felix dégageait une telle aura de rage qu'un vide s'était formé autour de lui. Elle remercia silencieusement Annette qui s'efforçait d'apaiser les esprits en passant des sablés à la ronde.

— Rhea nous pense-t-elle incapable de combattre ? protestait Dimitri.

— Elle aime beaucoup trop contrôler les gens, souligna Claude qui regrettait visiblement sa décision d'avoir regagné la salle de bal en compagnie de Byleth. Et où est Edelgard ?

— Son Altesse avait taché sa robe, répondit Hubert en le foudroyant du regard. Elle est partie se changer. Elle nous rejoindra dès que possible.

— Donc, on peut entrer et sortir ?

— Silence ! tonna Byleth.

L'emblème de feu s'était illuminé dans son dos. Toutes les têtes se tournèrent vers elle.

— Notre mission, ce soir, consiste à nous assurer que tous les étudiants soient en sécurité, expliqua-t-elle, la gorge rauque. Je vais distribuer des missions à un certain nombre d'entre vous. Quant aux autres, j'attends de vous que vous vous montriez calmes et aidiez vos camarades à traverser cette épreuve au mieux. J'ai conscience que ce n'était pas ce que vous espériez de cette soirée, mais il est encore possible d'en tirer le meilleur parti. Ceux d'entre vous qui souhaitent animer des activités, venez me voir d'abord. Pas d'initiatives sauvages, conclut-elle en foudroyant Caspar du regard.

Un flot de questions ininterrompu jaillit aussitôt de l'assemblée. Byleth sentait poindre un sérieux mal de crâne. Elle était presque tentée de demander à Claude s'il n'avait pas quelque somnifère sous le coude. Après tout, il était largement l'heure d'aller au lit, en temps ordinaire.

— Claude, Dimitri, Ed... Ferdinand, venez ici. Les autres, les questions devront passer par votre chef de classe.

— Peut-on passer par le chef d'une autre classe ? s'enquit Dorothea en foudroyant Ferdinand du regard.

Byleth fut dispensée de répondre par la porte qui s'entrebâillait enfin sur la chef de classe des Black Eagles, suivie d'une Marianne chargée d'un chaudron de sauce au chocolat et d'un balluchon de guimauves.

— Quelqu... Est-ce que quelqu... voudrait...

— Je m'en occupe, fit Hilda en lui prenant le chaudron des mains avec un grand sourire. Qui connaît le jeu du bouchon ?

— On gagne des guimauves au chocolat ?

Profitant de ce que l'attention générale était monopolisée par le chaudron, Byleth renvoya un Ferdinand boudeur pour expliquer à Edelgard, Claude et Dimitri comment elle escomptait organiser la soirée.

— Nous avons toutes les facilités à portée de main – ou nous les aurons lorsqu'on nous aura apporté les matelas de voyage pour ceux qui souhaitent se reposer. L'idée est d'occuper chacun en fonction de ses capacités et de ses aspirations. J'aurai besoin d'un groupe pour surveiller les portes, d'un autre pour prendre garde aux éventuelles téléportations, d'un dernier pour arbitrer les conflits susceptibles de se produire en milieu clos. Ensuite, je compte diviser l'espace en plusieurs zones pour permettre à chaque volontaire d'organiser des activités.

— Mercedes voulait raconter des histoires, rappela Dimitri.

— Et Dorothea des jeux de société.

— Très bien. Je compte sur vous pour relayer les informations. S'il vous manque une réponse, venez me voir.

Claude et Edelgard s'éloignèrent rapidement. Dimitri s'attarda en arrière, tirant nerveusement sur les manches de son uniforme.

— Qu'y a-t-il ?

— Je... Eh bien j'avais promis de vous inviter à danser mais... Oubliez ça, je suis un très mauvais danseur de toute façon.

Byleth coula un regard à l'orchestre qui jouait toujours. Sylvain propulsait sans effort une jeune fille ravie sur le plancher ciré, au milieu d'une cour d'admiratrices.

— La nuit va être longue, annonça-t-elle en souriant – ou en s'efforçant de sourire ; on lui disait toujours qu'elle n'était pas très douée pour ça. L'occasion se présentera peut-être. Et je n'ai jamais appris à danser, vous serez donc toujours le meilleur de nous deux.

— Oui professeur, s'écria Dimitri. Enfin non professeur je veux dire... Je suis certain que vous dansez très bien. Si vous le souhaitez. C'est à dire si l'occasion se présente. Je... J'y vais.

— Envoyez-moi Felix avant qu'il n'aie creusé un trou devant la porte à force de piaffer.

— Oui professeur.

Ingrid, pour sa part, avait été attirée en direction du chaudron de sauce au chocolat, comme beaucoup d'autres. Le jeu consistait visiblement à tenter de pêcher une guimauve à l'aide d'un long bâton. A en juger par la façon dont Caspar sautait autour de la salle sur un pied, celui qui échouait devait écoper d'un gage.

— Attention !

Plusieurs élèves, acharnés à attraper la même guimauve, avaient bousculé le chaudron qui vacilla dangereusement avant de se renverser, dans un grand déballage de sauce collante, sur les élèves les plus proches.

— Mes costumes ! piailla Hilda, qui avait miraculeusement échappé au désastre en se perchant sur les épaules de Raphaël.

— J'en ai partout !

— Professeur ! Pouvons-nous sortir nous changer ?

Byleth ferma les yeux. La nuit allait être très longue.

Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant