Les fantômes de Garreg Mach (Fire Emblem Halloween Fanfiction)

12. Quatre divorces pour un nid de guêpes

 — C'est ce que je voulais reporter, professeur, expliqua le garde. L'étang a débordé. Toute la partie inférieure du monastère est sous l'eau. Et il y a des guêpes partout !

— Quoi ?

La soirée prenait décidément des allures de plus en plus catastrophiques. Byleth écarta de son visage une mèche poisseuse de sang.

— Bon. Prévenez vos collègues, dit-elle au garde. Qu'ils se préparent à un assaut de bêtes démoniaques. Annette, Bernadetta, Lysithea : allez voir comment se portent vos classes. Dimitri : avec moi à l'infirmerie. Flayn, vous venez avec nous. Et attention où vous mettez les pieds.

— Mais professeur ! protestèrent en chœur Flayn et Dimitri.

Elle les foudroya du regard. Un talent qu'elle avait perfectionné depuis son arrivée, et qu'elle ne devait pas si mal maîtriser considérant la façon dont ils refermèrent aussitôt la bouche.

Arrivée devant le bâtiment administratif, elle eut la surprise d'y trouver Rhéa, distribuant des ordres à des gardes qui ressemblaient à une troupe de fourmis affolées. Et mouillées.

— Professeur, où étiez-vous ?

— Je chassais des bêtes démoniaques devant l'enceinte. Flayn va bien.

Inutile de parler de la cueillette aux champignons. Compte tenu du contexte, ce n'était somme toute qu'un incident mineur. Rhea baissa les yeux vers Flayn.

— Tu devrais aller assister ton frère à l'infirmerie. Je vais avoir besoin de Manuela.

— Une fois qu'elle aura soigné Dimitri, souligna Byleth.

— Mais professeur, ce n'est rien, je vous assure...

— C'est à moi d'en juger.

Dépités, Flayn et Dimitri prirent le chemin de l'infirmerie avec un enthousiasme inversement proportionnel à celui qu'ils avaient mis à affronter la bête démoniaque.

— Un nid de guêpes s'est installé sur la terrasse de mes appartements, expliqua Rhea lorsqu'ils furent hors de vue. Et deux des canalisations alimentant l'étang ont sauté.

— Sauf votre respect, archevêque, additionné aux apparitions de bêtes démoniaques aux abords du monastère, tout ceci me paraît très suspect.

— Je suis d'accord. J'ai envoyé un message à Catherine qui est la plus proche des chevaliers de Seiros mais même en faisant vite, elle ne sera pas de retour avant demain. Pour ce soir, professeur, je crains que ce ne soit vous et moi.

Byleth hocha la tête. Elle se retrouvait en terrain légèrement plus familier que la simple surveillance d'une soirée étudiante. Mais la combinaison des deux lui donnait la chair de poule.

— Ne faudrait-il pas annuler les festivités ?

— Pas tant que nous ne saurons pas exactement ce qui se trame. J''ai ordonné un contrôle d'identité à l'entrée de la salle de bal. Ainsi, nous saurons exactement qui se trouve dans la salle. Tout individu trouvé à l'extérieur deviendra donc suspect.

Ce n'était pas un mauvais plan.

— Le bal est donc obligatoire ?

Rhéa lui jeta un coup d'œil surpris.

— Qui voudrait éviter le bal ?

— Bernadetta et Linhardt, pour commencer.

— Le bal est obligatoire, trancha Rhéa. Vous voudrez bien en informer les étudiants, professeur ?

— Bien. Et pour les guêpes, l'inondation, les bêtes démoniaques ?

— Les bêtes démoniaques ne pourront pas entrer. Tant que personne ne sort, les étudiants ne seront pas en danger. Laissons Catherine s'occuper de cette partie à son retour. Anna s'occupe des guêpes. Elle a quelques connaissances en apiculture. Et une équipe s'occupe déjà de réparer les canalisations percées. Tout est sous contrôle, professeur.

Ce n'était pas l'impression qu'en avait Byleth mais elle n'allait pas contredire Rhea. Une fois de plus, elle devrait compter sur ses étudiants préférés pour l'aider à gérer la situation.

Comme s'il l'avait entendue, Dimitri dévala les escaliers, Manuela sur les talons. La plaie de son bras était refermée, mais son costume toujours en charpie et teinté de rouge – le sien ne devait pas être en meilleur état, ceci dit.

— Dimitri, pouvez-vous me trouver Claude et Edelgard ? Rendez-vous dans mon bureau, j'ai à vous parler.

— Je n'arrive pas à croire que quelqu'un puisse tenter de ruiner le Jour des Morts, se plaignit Manuela. Nous avons si peu d'occasions de nous amuser !

— Est-ce vraiment ce qui devrait vous préoccuper, professeur ? s'enquit Rhéa d'une voix froide.

— Archevêque, votre position vous place sans doute au-dessus de tout cela, mais une femme de mon âge se doit de songer à son avenir. Quelles autres opportunités pourraient se présenter à moi ?

— Vous avez déjà été mariée, lui rappela Rhéa. Quatre fois. Peut-être est-il temps d'admettre que ce n'est pas la solution qui vous convient et... Peu importe. J'ai besoin que vous soyez prête à traiter rapidement toute blessure susceptible de se produire lors de cette soirée. Prenez quelques étudiants avec vous. Cela leur fera un entraînement.

— Bien, archevêque, acquiesça Manuela d'un air maussade.

— Je vous revois juste avant le bal pour faire le point, conclut Rhéa. A bientôt !