CHAPITRE 42

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Quel gout pouvait bien avoir la mort ? se demanda Antonio, il n’en connaissait pas la réponse. La première fois que ça faillit arriver après avoir été percuté par le bus, il avait d’abord connu une vive douleur, puis une paix si grande qu’on aurait dit les mains d’une mère qui vous berçait. Mais là, il ne se passait rien. Il attendit encore, et de nouveau il n’avait aucun gout mortel le temps qu’il était en train de boire. Doucement il ouvrit les yeux, et il tomba sur le haut plafond recouvert de belles moulures que Rainbow aimait tant regarder quelques fois avec un profond air méditatif. Il tourna la tête, et sur sa droite il y’avait la lumière du soleil qui entrait merveilleusement des baies vitrées. Il regarda à gauche et c’était la porte d’entrée située à plus d’une dizaine de mètres de son lit. Tout était pareil, rien n’avait changé. Était-il mort ? Dormait-il ? Il referma les yeux et les rouvrit, et toujours rien. Sur l’oreiller a sa gauche se trouvait toujours la lettre qu’il avait écrite. Il posa alors son regard sur l’horloge : 12 h 03. D’un bond il se redressa. Que s’était-il passé durant les deux dernières heures ? se demanda-t-il sincèrement en ne se souvenant de rien.

Avait-il seulement dormi ?

Il regarda alors la montre a son poignet : 12 h 04. Doucement il quitta le lit. Que se passait-il ? De mémoire il fit défiler la journée qui avait eu lieu dix ans auparavant jour pour jour, et il ne se trompait pas. Il avait vérifié avec une infirmière ce jour-là. Car dès que la chose était partie, l’infirmière chargée de ses soins était venue, et il avait demandé l’heure. 10 h, avait-elle alors répondu.

… contre ta guérison, je reviendrai dans dix ans jour pour jour…

Avait-il mal compris ? Le cœur battant, il se laissa choir sur le rebord du lit, et le regard fixant le vide il laissa son esprit se perdre en supposition. Aujourd’hui était la deadline au sens propre du terme. Aujourd’hui était le jour dont la chose avait parlé. Alors que se passait-il ? À moins que… non, impossible lui dit son esprit. Mais ce n’était pas une hypothèse à écarter. Cette journée sombre qui a eu lieu dix années plutôt, était-elle vraiment arrivée ?
Il se redressa le regard toujours dans le vague.

Il se souvenait de l’accident, de la douleur, du silence. Il se souvenait de l’instant où il s’était réveillé, du bruit de l’hôpital, de l’odeur des produits d’entretien propre aux hôpitaux, il se souvenait de son médecin, de son infirmière. Il se souvenait des jours qu’il y avait passés. Il avait même vu Kyle venir lui rendre visite. Mais alors… que se passait-il ? Il se retourna brusquement, et de nouveau regarda le réveil. 12 h 17.

… contre ta guérison, je reviendrai dans dix ans jour pour jour…

Avait-il toute la journée ? Autrement dit, le temps qui lui avait été alloué prenait-il fin une fois le soleil couché, pour être plus exact à 00 h ?

Non ce n’était pas l’impression qu’il a eue en discutant avec la chose qui a fait de lui un démon. Et s’il y’a bien quelque chose que n’importe quelle personne savait, c’était que des pactes pareils ne pouvaient être faussés, et aucun délai possible ne pouvait être obtenu. Il se souvenait d’ailleurs de la nuit où il a fait cette demande. La chose était venue, et elle avait dit non. Même s’il ne l’avait pas vu, il l’avait senti et elle avait dit non. Cette nuit en question ce fut d’ailleurs Rainbow qui était venu le sauver comme toujours et il avait décidé de la demander en mariage.

De nouveau son esprit lui murmura une question qu’il s’efforçait de ne pas se poser mais il la fit vite taire. Cependant, au bout de quelques minutes, il n’y tint plus, et la question fusa sans même qu’il ne puisse se retenir :

Le sacrifice de l'angeOnde histórias criam vida. Descubra agora