C'est mon Projet

Chapitre 82 : J'ai des choses importantes à faire

La dernière fois, je m'étais adressé à vous à propos d'un sujet majeur qui perturbe notre startup nation depuis plusieurs mois.

Sauf que c'est les élections présidentielles ! Donc on s'en fout du corona, on va faire comme s'il n'existait pas ! Adieu corona ! T'auras beau te moquer de mon nom, je m'en fous ! Je suis au-dessus tout ça maintenant ! Je suis mieux que toi corona !

Je crache sur le corona par terre.

Enfin, si tant est qu'il est par terre...

— Mais Manu, pourquoi t'as craché par terre ? Il t'a fait quoi le trottoir ?

C'était Jean. Il est doux Jean. Surtout avec son regard apitoyé comme si j'avais tué sa grand-mère. Il ressemble au petit emoji avec ses gros yeux noirs et blanc qui a l'air super mignon mais qui – personnellement – me fait très peur.

— J'ai craché sur le corona. Parce qu'aujourd'hui, on en a fini avec lui Jean. Maintenant, une mission plus grande m'attend.

— Gagner une partie de Monopoly ?

— Oui... Mais non ! Dans quelques semaines se tiendront les élections présidentielles. Les mêmes élections qui, cinq ans auparavant, m'ont amené ici. Je pensais que je serais élu pour toujours, mais en fait, il faut tout recommencer.

— Il y en a qui arrivent, Manu, à se faire réélire éternellement. Regarde Poutine.

— Le dessert ?

— Non, le Président russe.

— Mais oui ! Je vais lui demander conseil !

Je sors mon téléphone et cherche Poutine dans mon répertoire.

— J'ai pas son numéro...

— Moi je l'ai.

Jean me tend son téléphone. C'est chelou qu'il ait son numéro. Mais soit.

— Allô Poutine ! J'ai besoin de conseil !

— вставьте переведенную фразу через поисковик.

— Euh... Ouais bien sûr ! Dis-moi, comment t'as été réélu pour toujours ?

— на самом деле это не путин.

— Euh... Je comprends rien ! Désolé ! Laissez-moi un message !

Je raccroche.

— Il me fait peur Jean.

— Moi aussi.

Soudainement, un stag– employé déboule dans la pièce. Oui, on était rentré à l'Élysée entre temps.

— Monsieur le Président ! Poutine a envahi l'Ukraine !

— Quoi ? Mais c'est quoi l'Ukraine ? Et ma campagne ? Il est vexé parce que j'ai rien compris au téléphone ?

— Nous ne savons rien pour le moment sur cette invasion, monsieur le Président.

— Allumez la télé et dites-moi tout !

— Très bien, monsieur le Président.

Il se casse en faisant une roulade arrière.

— Qu'est-ce que je disais moi ?

— Ta campagne. Pour être réélu.

— Exactement ! Je vais analyser la concurrence et consulter ma popularité auprès de mes fans.

— Tu as perdu 10 milliards d'abonnés sur Twitter... Je crois que certains de tes fans ne sont plus là... T'as même un nombre d'abonnés négatifs sur Twitter !

— Quand on dit que Twitter est un réseau négatif, ce n'est pas pour rien ! Tant pis, je ne montrerai pas à mes fans, ils devront me mériter !

— Bien dit Manu !

— Ces petits salauds vont redevenir mes fans, qu'ils le veuillent ou non !

— Ouais t'as trop raison Manu !

— Je sais.

Heureusement que j'ai toujours mon plus grand fan avec moi. Jean. Lui, au moins, il ne me laissera jamais tomber.

Il sourit. Et je lui souris.

C'est beau quand même la vie quand on a des fans.