Chapitre 59

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- C'est fini Gabriel, ça ne recommencera plus. C'est terminé, tu es libre maintenant.


Sans un mot, Gabriel sèche ses larmes. Les mots de Fenyx l'ont atteint jusqu'au plus profond de son âme. Le fardeau qu'il porte sur ses épaules depuis des années est enfin allégé.

- Tu sais, reprend Fenyx, dans le fond on s'est bien trouvé. Moi, mon père ne m'a jamais touché de ma vie.

Les deux amis se regardent puis s'étreignent.


Il est plus de trois heures du matin lorsque Salomé rentre enfin. Elle arrive dans le salon où les deux garçons discutent encore. Fenyx tourne la tête vers elle. Il ne l'aurait jamais pensé si forte, elle n'a même pas versé une larme. Sans un mot, elle se précipite vers Gabriel et le serre fort dans ses bras.

- Mon chéri, murmure-t-elle d'une voix à peine audible, je suis tellement désolée, si tu savais. Je suis si bête, comment n'ai-je pas pu le voir... comment... cette ordure n'a eu que ce qu'il méritait, j'espère qu'il va pourrir en enfer...

Leur étreinte dure longtemps. Fenyx s'écarte un peu pour les laisser tranquille. Il repense à la façon dont cette femme a poignardé son mari, au sang-froid dont elle a fait preuve. Lorsqu'elle lâche son fils, Gabriel semble dans un meilleur état.

- Que s'est-il passé avec la police ? s'enquiert Fenyx.

Salomé se tourne vers lui :

- Comme James est un Galeux, ils n'ont pas trop cherché à comprendre et m'ont presque félicitée. En tout cas, tout est réglé.

Fenyx hoche la tête en se disant que le meurtre d'un aristocrate aurait provoqué bien plus de dégâts que ça.


**


Le reste de la semaine se déroule bien, chacun vaque à ses occupations quotidiennes. Gabriel est redevenu souriant, le choc de la fameuse soirée est maintenant derrière lui.

Le jeudi soir, Fenyx est agité. Leur départ pour les quartiers aristocrates doit se faire le lendemain. Après un bon café, il se dépêche de faire les dernières vérifications. Il récupère les faux papiers de Mia et Gabriel et les range soigneusement dans une pochette. Il prend la mallette contenant les feux d'artifices achetés à Martin dans les bas quartiers. Il emmène le tout dans sa voiture et s'engouffre dedans. Il ne lui reste qu'une chose à faire en attendant le grand jour.

Il roule jusqu'à la colline dans les quartiers nord et dissimule sa voiture derrière un bosquet d'arbres. Il est près d'une heure du matin. Il grimpe ensuite à pied jusqu'au fameux amas rocheux où est dissimulée l'Espera. La grande montgolfière n'a pas bougé d'un pouce. Il rentre dedans et met les gaz. La nuit est noire, il sera dissimulé. Il décolle silencieusement et s'élève rapidement. Il passe au-dessus du mur et finit par atterrir dans le vieil entrepôt abandonné de Maxino. Il coupe les gaz et laisse l'Espera ici. Tout est prêt pour le plan. Fenyx marche silencieusement dans les ruelles en direction du mur. Quand il y parvient, il réveille le garde qui somnole devant.

- Hein, que, quoi... fait-il en ouvrant les yeux.

Il se redresse d'un coup en voyant Fenyx.

- Monsieur Dilor ! Que... que puis-je faire pour vous ?

- J'aimerais passer de l'autre côté.

Le garde l'observe, l'air incrédule.

- Chez les bourgeois ? Mais qu'est-ce...

- S'il vous plaît, je suis pressé, j'ai des affaires à mener.

- Ah euh... oui... bien sûr.

Il ouvre la porte et Fenyx s'engouffre dans les quartiers nord. Il retourne jusqu'à sa voiture, puis rentre chez lui dormir, le cœur léger.

FenyxWhere stories live. Discover now