Chapitre 13

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 Fenyx laisse planer un instant de silence avant de prendre la parole :

- J'aimerais vous acheter votre entrepôt, dit-il. Avec l'Espera,

Maxino ouvre de grands yeux. Il semble très surpris.

- Vous voulez ce vieil entrepôt Monsieur ? J'en connais de bien plus...

- Celui-là est parfait, c'est exactement ce que je cherche.

Le vieil homme hausse les épaules.

- En revanche, je ne peux pas vous vendre l'Espera, je n'aurais plus de quoi vivre sinon...

Fenyx lui adresse un clin d'œil.

- J'y ai déjà réfléchi. Vous viendrez travailler à la villa avec votre fille. C'est un travail au moins trois fois mieux payé. Et nous avons encore des chambres de serviteurs disponibles pour vous loger.

Maxino reste un instant bouche bée. Il semble ne pas croire en sa chance.

- Oh...Eh bien, Monsieur... Je ne sais vraiment pas comment vous remercier... Je...

Le jeune homme lui sourit et sort son chéquier. Il gribouille une somme et signe, avant de tendre le chèque à Maxino. Ce-dernier écarquille les yeux.

- Il y a beaucoup trop de zéros Monsieur... Je...

- Ne vous en faites pas pour ça. Cependant, que toute cette histoire reste strictement privée.

- Pas... pas de problème Monsieur. Merci infiniment.

Le vieil homme tend à Fenyx les clefs de son entrepôt. Le jeune Dilor lui fait alors signe de retourner à l'intérieur, profiter de la soirée.

Une fois seul sur le balcon, Fenyx observe le ciel nocturne. Une petite étoile brille au loin. Seule présence de lumière dans cette infinité sombre. Le jeune homme se sent à cet instant tout petit, vulnérable, et surtout, extrêmement seul. Le chemin qu'il a choisi de suivre sera dur et parsemé d'embûches, il en est bien conscient. Mais pour atteindre la liberté, il est prêt à tous les sacrifices.

Une énorme limousine noire se gare devant le grand portail de la villa. Au même moment, Grégoire et Antoinette sortent à leur tour sur le balcon.

- Oh mon dieu, les voilà ! siffle Antoinette tout excitée.

Elle se repoudre le nez rapidement et lisse les plis de sa robe. Grégoire ressert sa cravate. Quelques instants plus tard, les San Samara sortent de la limousine et pénètrent dans le parc de la villa. Les parents, Juanita et Giorgio, marchent en tête. Ils sont extrêmement chics et semblent sertis de bijoux en or de la tête aux pieds. Derrière eux, marche leur fille : Elisabeth. Fenyx tend le cou pour mieux l'apercevoir.

Elle marche en levant le nez de cet air hautain qui est à la mode chez les aristocrates. Sa robe de velours rouge, signée du plus grand couturier de la Ville, traîne derrière elle. Des tonnes de bijoux ornent son cou, ses poignets et ses oreilles. Ses cheveux châtains sont remontés sur son crâne en un chignon chic. Son visage est tellement maquillé que Fenyx se demande à quoi elle ressemblerait après le passage d'un mouchoir mouillé. Il ne peut s'empêcher de sourire à cette pensée.

Les trois San Samara rejoignent les Dilor sur le balcon. Giorgio fait un baisemain à Antoinette et Grégoire fait de même à Juanita. Ils échangent de très nombreuses et interminables formules de politesse obséquieuses. Fenyx se retient de bailler.

Enfin, Antoinette se tourne vers le jeune homme et entame d'une voix chantante :

- Stanislas, je te présente Juanita et Giorgio San Samara.

Le jeune homme se force à les saluer d'un signe de tête respectueux.

- Enchanté, Madame, Monsieur, fait-il d'une voix mielleuse en forçant sur l'accent aristocrate tout en retenant son fou rire.

Juanita semble conquise. Elle roucoule quelques mots. Puis les deux parents s'écartent, laissant passer Elisabeth. De près, elle ressemble encore plus à un pot de peinture.

FenyxWhere stories live. Discover now