Chapitre 12

205 33 1
                                    

Le sang de Gabriel se fige dans ses veines. C'est lui. En effet, l'homme se lève de l'unique mobilier du salon - un canapé défoncé - pour actionner l'interrupteur. C'est James. Il est rentré bien plus tôt que d'habitude. Tentant de maîtriser les tremblements de sa voix, Gabriel demande :

- Où est maman ?

L'homme avance. Il empeste l'alcool. Le garçon recule instinctivement, geste qui n'échappe pas à James.

- Où crois-tu aller comme ça mon mignon ? dit-il d'une voix rauque en l'attrapant fermement par le poignet.

Gabriel essaye de se dégager, en vain. Il répète :

- Où est maman ?

- Sortie.

- Elle déteste sortir !

- Peut-être, mais elle a trouvé un nouveau travail très avantageux.

James resserre sa main sur le poignet de son fils. Ce dernier se met à trembler comme une feuille.

- Quel genre de travail ?

L'homme se met à rire, crachant à moitié ses poumons. Puis il attrape Gabriel et le plaque violemment contre le mur.

Pris de panique, le garçon se débat. Il murmure d'une voix à peine audible :

- Non... pitié pas ça...

James se penche sur lui, respirant bruyamment. Gabriel, dans une ultime tentative de se dégager de l'emprise de James, lui donne un coup de genoux en plein dans le ventre. Ce-dernier se plie en deux de douleur, permettant au jeune adolescent de le repousser et de se mettre à courir en direction de la porte de sortie. Mais le temps qu'il déverrouille la porte, l'homme l'a déjà rattrapé. Il l'attrape et le soulève sans aucune difficulté. L'adolescent a beau le cogner, se débattre, crier, rien n'y fait : il est beaucoup trop maigre et son père, beaucoup trop fort...

Ses tentatives pour s'échapper sont toutes vaines. Gabriel ne peut que serrer la mâchoire et supporter les minutes et bientôt les heures qui s'écoulent d'une lenteur insupportable.


**


Dans la villa des Dilor, la soirée de fiançailles bat son plein. Les familles les plus prestigieuses de la Ville sont là. Le rez-de-chaussée de la villa a été aménagé en une grande salle de réception. Des serveurs y déambulent avec des coupes de champagnes sur un plateau pour servir les invités qui discutent dans une ambiance festive. Fenyx est au centre de l'attention. Il est réclamé par tous les invités à chaque fois qu'il passe près d'eux. Il doit se forcer à sourire, à serrer des mains, à se laisser présenter à un tel dirigeant d'un tel groupe de luxe.

Avec son costume d'or et de diamants, il ne passe pas inaperçu. Tout le monde le regarde d'un air admiratif, partout où il va. Grégoire et Antoinette Dilor sont aux anges. C'est de loin la soirée la plus réussie de l'année. Tout le monde va parler d'eux à la suite de ça. Leur popularité va donc encore grimper en flèche. Ils discutent avec un petit groupe d'invités autour du grand buffet installé dans le salon.

Fenyx parvient enfin à se libérer du grand patron d'une entreprise de cosmétiques de luxe qui l'a baratiné avec un possible partenariat, pour aller se resservir une troisième coupe de champagne. Cette soirée est un véritable cauchemar pour lui. Il n'a qu'une envie, celle d'aller s'enfermer dans sa chambre. Mais il doit s'en tenir à son plan et faire semblant de s'amuser. Il repère au loin deux silhouettes qui n'ont pas l'air très à l'aise. Le jeune homme s'avance vers elles et les salue. Il s'agit de Maria et de son père, Maxino. Fenyx a grandement insisté pour qu'ils soient là ce soir.

- Vous vous amusez ? demande le jeune homme.

Maria sourit timidement et son père l'imite.

- A vrai dire... dit-il, nous ne nous sentons pas vraiment à notre place ici. Mais c'est très gentil à vous de nous avoir invités, ajoute-t-il précipitamment.

Fenyx leur sourit, ils ne le savent pas, mais leur présence ici est absolument indispensable pour mettre ses projets à exécution. Il se tourne vers Maxino et lui chuchote :

- Je peux vous parler en privé ?

Intrigué, le vieil homme acquiesce. Laissant Maria en compagnie de la fille très bavarde du plus grand journaliste de la Ville, les deux hommes sortent sur le balcon où l'air frais nocturne leur fouette le visage. 

FenyxWhere stories live. Discover now