Chapitre 57

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- C'est l'Out Suprême... murmure un enfant à sa mère.


 Toutes les têtes se tournent vers lui.

- C'est l'Out Suprême ! hurle un homme.

Bientôt, cette phrase est reprise par tous les Galeux. Les têtes des habitants sortent des fenêtres sales des immeubles. Ils l'applaudissent. Certains descendent de chez eux, d'autres sont penchés sur les balcons pour l'apercevoir.

Fenyx s'arrête. Il tourne sur lui-même et un sentiment de chaleur l'envahit. Tous ces gens sont de son côté. Ils sont des milliers à l'applaudir. C'est le moment ou jamais de les prévenir de son plan. Il faut que tous soient prêts le moment venu.

Comme s'il a lu dans ses pensées, un enfant vient lui apporter une sorte de mégaphone de fortune. Fenyx le remercie et le saisit. Un autre enfant vient empiler des caisses en bois à ses pieds. Le jeune Dilor grimpe dessus. Les Galeux se taisent tout à coup.

- Mes amis ! crie Fenyx dans le mégaphone. Vous voir si nombreux aujourd'hui ne fait que renforcer mon sentiment de quête de la justice. L'heure est proche. Ce sera bientôt à vous d'agir. Le premier lundi du mois, lorsque les feux éclateront dans le ciel, vous sortirez de l'ombre ! Munissez-vous de toutes les armes que vous trouverez ! Car ce jour-là, le gouvernement tombera et ce sera notre chance ultime de nous faire entendre ! [...]

Après une bonne demi-heure à vociférer son discours, Fenyx n'a plus de voix. Il est cependant très content. Tous les Galeux l'ont entendu et compris, ils feront passer le message à ceux qui n'étaient pas là et chacun sera présent lundi au rendez-vous du siècle.

Affamé, le jeune Dilor se dit qu'il a bien mérité un petit tour au restaurant... Il rejoint sa voiture et met le cap sur les quartiers ouest.

Salomé n'est pas surprise de le voir surgir dans le restaurant où elle travaille. Elle l'accueille puis l'installe à une table.

- T'as vu l'heure à laquelle tu déjeunes ? le réprimande-t-elle. Il est plus de seize heures, tu devrais manger à des heures régulières.

- Dans ce cas je vais prendre une triple portion, réplique Fenyx avec son habituel sourire sournois.

Salomé soupire puis prend sa commande.

Le jeune Dilor dévore tout jusqu'à la moindre miette. La serveuse revient pour débarrasser et elle semble ne pas en croire ses yeux.

- Vu ce qui reste, dit-elle, on aura même pas besoin de faire la vaisselle...

Fenyx lui adresse un grand sourire angélique. Il a presque léché ses assiettes.

Le jeune Dilor reste discuter avec la clientèle jusqu'à la nuit tombée. A la fin du service de Salomé, Fenyx décide de la raccompagner chez elle.

- Gabriel sera ravi que tu restes dormir, dit-elle.

Ils se mettent tranquillement en chemin.


**


Le bus de Gabriel vient de s'arrêter dans les quartiers ouest. Il descend puis marche d'un pas vif jusqu'à son immeuble. Il est affamé et se demande si sa mère est déjà rentrée. La porte de l'appartement est ouverte. Peut-être que sa mère a oublié de la refermer en partant travailler. Haussant les épaules, il rentre. La lumière est éteinte. On dirait qu'il est le premier à revenir. Il devrait peut-être préparer des sandwichs.

A peine a-t-il refermé la porte d'entrée pour se diriger vers la cuisine qu'une main glaciale le saisit. Soudain, le bonheur que Gabriel ressentait ces derniers jours s'évanouit aussitôt. Il a reconnu cette main. Sans voir celui à qui elle appartient. Avant d'entendre cette voix rauque. Avant de sentir cette odeur d'alcool bon marché.

- Alors comme ça on déménage et on oublie papa ? dit James en jetant violemment Gabriel contre le mur.

Le garçon hurle de douleur. Comment les a-t-il retrouvés ? Peu importe, Gabriel ne compte plus se laisser intimider par cet homme. Il est temps qu'il lui tienne tête...

- Casse-toi, crie-t-il avec tout son courage. Tu n'es pas mon père, tu n'es qu'un monstre et on est beaucoup mieux sans toi !

FenyxWhere stories live. Discover now