Chapitre 10

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Maxino leur dit de grimper dans la nacelle. Le jeune homme et la servante s'exécutent. Le père de cette dernière actionne quelques boutons dans la base de contrôle de l'entrepôt. Le toit s'ouvre alors lentement. Le vieil homme les rejoint à bord de la montgolfière et ravive le feu déjà présent. Il jette des poids à terre et l'embarcation commence son ascension dans les airs. Elle passe à travers le toit et monte vers le ciel d'automne. Fenyx observe le sol s'éloigner en s'accoudant au bord de la nacelle. Ça y est, ils sont assez haut maintenant. Maxino stabilise l'engin. Le jeune homme regarde la Ville en dessous de lui et se concentre pour mémoriser tous les détails.

Son attention se reporte surtout de l'autre côté du mur. Il aperçoit à quoi ressemblent les quartiers bourgeois, décrits par la vendeuse. Et très loin derrière, les bas quartiers. Il devine les hauts immeubles miteux. Le tout offre un spectacle désolant. Il y a un tel contraste entre leur quartier et celui-là... Le jeune homme se demande bien comment peut être la vie là-bas. Sans soucis d'avoir le costume le plus luxueux. Sans souci d'avoir à épouser quelqu'un d'inconnu. Sans souci d'avoir à être « comme il faut ».

Le regard de Fenyx est attiré par quelque chose. Juste derrière le mur, dans ce qui semble être une forêt. Il y a un endroit au sommet d'une pente. Situé bien en hauteur grâce aux gros rochers qui le composent. Dissimulé par les hauts arbres, cet endroit doit être invisible aux yeux de tous, si on ne le regarde pas des airs.

« Très intéressant... », songe Fenyx en réfléchissant.

Il plisse les yeux en direction de ces rochers. Il croit apercevoir un point noir dessus. Sans doute la silhouette de quelqu'un.


**


Le regard de Gabriel reste fixé sur la montgolfière au-dessus du quartier des aristocrates. Il a l'horrible impression qu'on l'observe de là-bas. Le garçon regarde sa montre, il est plus de quinze heures. Ça fait longtemps qu'il est sur son rocher. Il aime tellement le calme et le côté paisible des lieux qu'il ne voit plus le temps passer. Parfois, il se dit qu'il aimerait passer sa vie ici. Il ne reverrait plus jamais James et serait libre comme l'air.

Les cours reprennent à seize heures, il doit se dépêcher. Il descend les rochers comme il les a montés, puis dévale la pente rapidement. Il fonce jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche. Comme à l'allée, il se cache sous un des sièges dans une position inconfortable jusqu'à ce que les contrôleurs passent. Une fois de retour au lycée, Gabriel retourne en classe. En retard, comme d'habitude. Cette fois, c'est le professeur de mathématiques qui le dévisage d'un air sévère.

Le garçon cherche une place libre. Il n'y en a qu'à côté de Caroline. Il aurait préféré l'éviter, elle parle beaucoup trop. N'ayant pas le choix, il va s'asseoir à côté d'elle.

Pendant le cours, son ventre gargouille.

- Tu n'as pas mangé ? demande Caroline en riant.

Le garçon ne répond pas. Il prend note d'une équation que le prof vient de marquer au tableau. Sa voisine de table soupire et farfouille dans son sac. Elle en sort un paquet de biscuits qu'elle dépose discrètement sur leur table.

- Tiens, prends-en, dit-elle.

Gabriel hésite. La faim prenant le dessus, il ouvre le paquet et commence à manger en remerciant Caroline.

- Au fait, dit-elle en écrivant à son tour l'équation du prof sur son cahier, méfie-toi. J'ai entendu le groupe des filles parler lors du déjeuner. Elles vont essayer de savoir où tu habites.

Le garçon écrase la pointe de son stylo sur son cahier, y laissant une grosse tâche d'encre.

- Pourquoi ça ? demande-t-il.

Caroline tourne la tête vers lui.

- Sans doute pour passer par chez toi tous les matins dans l'espoir que tu les escortes jusqu'au lycée.

FenyxWhere stories live. Discover now