Chapitre 55

119 18 0
                                    

Son Amour le regarde, lui sourit. Ils sont adossés contre un arbre, étroitement enlacés dans une tiédeur printanière.

Aucun d'eux ne parle, ne voulant pas gâcher cet instant parfait avec de simples mots. Il effleure sa main. Leurs doigts s'entrelacent. Leurs yeux se quittent pour se plonger vers la profondeur de l'horizon. Ils restent là, assis sur leur colline dominant les quartiers aristocrates, s'aimant sans bruit.

Fenyx tourne la tête vers Son Amour. Il n'y a plus personne près de lui. Il est seul contre cet arbre. Le ciel prend une teinte rouge sang, la tiédeur printanière devient glaciale. Il frissonne. Une vive douleur s'empare de lui. Que se passe-t-il ? Quelqu'un est en train de l'arracher à ce monde parfait.

La douleur est intense, le mal-être lui transperce à nouveau la poitrine. Il entend des voix lointaines. Le paysage se trouble, l'arbre auquel il est adossé disparaît peu à peu comme le reste. Il se sent aspiré. Les voix sont de plus en plus proches. Il commence à distinguer des mots.

- Je crois qu'il émerge, dit une voix grave.

- Vous croyez qu'il nous entend ? demande une voix de garçon.

- Je ne pense pas Gabriel, répond une voix de femme.

Quelqu'un le touche, le palpe. Les sensations deviennent de plus en plus nettes. Il sent un drap doux sous sa peau. Il entend les battements de son cœur. Il reprend peu à peu conscience de son corps.

- Il a bougé le pied ! crie la voix de garçon. C'est bon signe ça non ?

- Il va revenir à lui doucement, dit la voix grave.

Il lui semble que sa tête sort de l'eau, les sons deviennent de plus en plus réels, la mémoire lui revient peu à peu. Il est dans un hôpital. Il sent le sang couler dans ses veines, il sent les tuyaux qui traversent sa peau, il respire l'odeur de propreté de son oreiller. Ses sens sont exaltés. Lorsque sa perception redevient normale, il ouvre les yeux.

- Fenyx ! crie Gabriel.

Le médecin le retient de lui sauter dessus.

- Doucement mon garçon, dit-il, il faut lui laisser du temps.

Fenyx aimerait lui dire que tout va bien, qu'il est là, mais il est encore beaucoup trop faible. Il se contente de le regarder en essayant de lui faire comprendre ça par le regard. Salomé et Mia sont là également. La jeune fille est au bord des larmes et serre à présent Gabriel dans ses bras.

- C'est génial Gabriel, il s'est réveillé ! dit-elle.

Le garçon semble également avoir envie de pleurer mais se retient. Salomé, quant à elle, se contente de fixer Fenyx avec un sourire intense. Rassemblant toutes ses forces, le jeune Dilor leur adresse un clin d'œil.


**


Dans les jours qui suivent, Fenyx se remet peu à peu. Il reprend des forces et parvient maintenant à marcher normalement. Les médecins ont effectué des bilans quotidiens et il semble qu'il se soit entièrement remis de la maladie. Le dernier lundi du mois, il est enfin autorisé à rentrer chez lui.

- Que ça fait du bien d'être enfin chez soi ! s'exclame-t-il en poussant la porte d'entrée de sa maison.

Gabriel et Mia, qui l'ont accompagné, entrent à sa suite. Tous trois s'affalent sur le grand canapé du salon.

- Gabriel, je ne te le dirais jamais assez mais jamais je n'oublierais ce que...

- T'en fais pas pour ça, le coupe Gabriel avec une bourrade.

Fenyx lui adresse un grand sourire. Puis, regardant les deux adolescents à tour de rôle, il déclare d'une voix enjouée :

- Jeunes gens, il paraît que je me marie la semaine prochaine, j'espère que vous allez m'adresser vos meilleurs vœux de bonheur.

- Compte sur nous, dit Mia.

Ils pouffent de rire.

- Le plan tient toujours ? s'enquiert Gabriel.

- Et comment... répond Fenyx.

Il se lève et part chercher des rafraîchissements dans la cuisine. Ils passent toute la soirée à revoir leur plan de bataille.

FenyxWhere stories live. Discover now