Chapitre 49

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PDV Marie

Dimanche, pont du 8 mai,

Comme la veille, Dany m'a rejoint à la fin de son service au bar, je suis réveillée et m'attends à ce qu'il ait envie de sexe, mais à peine a-t-il posé la tête sur l'oreiller qu'il s'endort.

Je me réveille à 6h en entendant Samy dans le Babyphone, j'ai la main posée sur le biceps de Dany et le front collé au haut de son bras... j'adore me réveiller à son côté.

Dany dort profondément et ne réagit pas quand je me lève. Son travail et son rythme de vie sont épuisants alors comme chaque matin où il est là, je fais en sorte de le laisser se reposer.

Ce matin, il fait un temps magnifique et Samy et moi sommes attendus chez mes parents à midi pour un barbecue. En attendant l'heure du départ et une fois que nous sommes prêts, j'emmène Samy au square en bas de chez nous. J'en profite pour déposer nos affaires dans la voiture, et j'ai pensé à prendre un jeans et des baskets pour me changer, parce que j'ai accepté de faire une « virée à moto » comme aime à le dire Dany.


14h36, j'ai laissé Samy à mes parents et je me gare devant chez Dany. Il m'attend et me sourit, appuyé contre sa moto.

— Prête ? me demande-t-il avant de m'embrasser.

— J'ai peur, mais allons-y ! soufflè-je angoissée.

— Tiens, c'est pour toi ! m'affirme-t-il en me donnant un blouson de motard et un casque.

— Merci, j'aurais dû y penser, je te rembourserai les frais ! me désolè-je en me sentant idiote de ne pas avoir pensé aux protections nécessaires.

— C'est cadeau, s'amuse-t-il.

J'enfile le blouson et Dany remonte ma fermeture éclair, il rayonne de fierté en me prenant le visage à deux mains :

— Ça va t'plaire, Marie ! se réjouit-il.

J'accroche son regard bleu-azur, j'ai envie de lui dire que je l'aime, mais les mots restent bloqués dans ma gorge.

— Je te fais confiance ! avouè-je.

Dany sourit et m'embrasse avant me donner les instructions pour me tenir derrière lui et principalement comment on doit gérer les virages... Aïe, j'espère que je vais y arriver !

Dany enfourche sa moto et met son casque, j'enfile le mien et grimpe derrière lui. Il démarre, le moteur gronde puis ronronne. Dany se tourne vers moi et ses yeux pétillent :

— Dernière chance de dire non ! me dit-il.

— Où on va au fait ? demandè-je.

— Nulle part, on va rouler c'est tout ! s'esclaffe-t-il.

— Ok, ne me fais pas mariner ! répliquè-je.

Dany abaisse sa visière, agrippe le guidon pour jouer avec les gaz et nous voilà partis.

Il roule tranquille pour traverser la ville. À l'arrêt à un feu rouge, Dany pose sa main sur les miennes qui sont accrochées à sa taille. Il fait ça pour me rassurer et j'apprécie le geste, parce que chaque panneau m'indique qu'on va prendre l'autoroute... oh mon Dieu !

L'accélération est rapide et brutale, alors que Dany double plusieurs voitures et camions, je me demande comment il fait pour rester concentré sur la route, parce que la vitesse crée un tunnel où le paysage se déforme en défilant à toute allure. La sensation est à la fois effrayante et enivrante, au point que l'adrénaline court dans mes veines et que j'ai l'étrange impression d'être réellement Vivante !

Nous roulons un moment sur l'autoroute, puis Dany nous fait prendre une bretelle de sortie et nous emmène en rase compagne. Parfois, il réduit l'allure, mais quoi qu'il fasse, il semble profiter, que ce soit des virages en épingles ou des lignes droites.

Quant à moi, mon corps est collé au sien et vibre sous la puissance qui l'irradie, je ne sais pas si c'est Dany ou la virée à moto qui me fait cet effet, mais cette alchimie est addictive.


16h48, nous nous sommes arrêtés à une petite guinguette pour boire un verre, il fait bon, il fait beau et tout me semble parfait.

— C'est bientôt l'anniversaire de Samy, lancè-je.

— Le 31 c'est ça, me répond-il adossé à sa chaise.

— Oui, mon bébé va avoir trois ans, soufflè-je en cherchant comment faire ma proposition.

— T'es toujours contre le fait qu'on lui achète une petite moto ? se moque-t-il.

— Je suis totalement contre, affirmè-je en tendant l'index.

— Les gars s'ront déçus, ricane-t-il.

— Ils s'en remettront, m'esclaffè-je. Euh, donc avec mes parents on a prévu de faire un barbecue ce jour-là, y'aura les filles et ça serait bien si toi et les gars veniez aussi !

Dany me dévisage l'air sérieux :

— Vu la dégaine des frangins, t'as pas peur de faire flipper tes vieux ? me demande-t-il.

— Ben non, soufflè-je embarrassée parce qu'il va refuser. Écoute, ce n'est pas grave, j'apporterai un gâteau vendredi chez Hélène !

— J'peux pas parler au nom des gars, mais je s'rai là, enfin si t'as vraiment envie de me présenter à tes vieux ! répond-il en rivant son regard au mien.

— Ça me ferait plaisir que tu sois là, avouè-je.

J'éprouve un profond soulagement. Depuis que Dany m'a confié qu'il avait été abandonné par sa mère, quand il avait huit ans, j'ai tenté quelques fois d'en savoir plus sur son passé.

Même s'il n'aime pas en parler, j'ai appris qu'il n'y avait rien eu de glauque dans son abandon, ses parents n'étaient pas stables dans leur relation et sa mère, qui n'avait pas d'emploi durable, n'arrivait pas à gérer l'enfant turbulent qu'il était. Quand j'ai demandé s'il avait des frères et sœurs, il m'a répondu : « j'en sais rien et j'm'en bats les couilles. Ma famille c'est mes frangins, point barre. »

Je sais aussi que depuisleur majorité, quand ils ont pu quitter le foyer d'accueil, lui et Mika passentnoël chez les parents de Rolo, qui lui a deux frères et deux sœurs. Apparemmentdepuis leur rencontre au collège, la famille de Rolo les considère comme desmembres à part entière. Je comprends mieux pourquoi Dany m'a dit qu'il n'yavait pas que les liens du sang qui forment une famille, les rares fois où ilparle d'eux, je vois à quel point il les aime et est fier d'eux

Boomerang  (terminé)Where stories live. Discover now