Chapitre 15

2.7K 192 1
                                    

PDV Marie

Malgré mes lunettes de soleil, il m'est difficile de soutenir son regard bleu-azur.

Troublée par l'intensité de ses prunelles et par son expression fermée, j'arrête la balançoire de Samy, qui couine son mécontentement. Les protestations de Samy me permettent de réaliser qu'« Il » attend une réponse de ma part :

— Je vais y réfléchir, soupirè-je.

Il me sourit en se grattant le sourcil du pouce :

— T'es sincère ou tu dis ça pour te débarrasser d'moi ? me demande-t-il.

— Les deux, soufflè-je en sortant Samy de son siège.

— Ok, me répond-il d'un hochement de tête l'air sérieux. Et la bière ? ajoute-t-il en me la montrant.

— Garde-la ! affirmè-je avant de prendre la direction de notre immeuble, alors que Samy s'accroche à mon cou pour pleurer.

« Il » me laisse partir, mais en quelques enjambées il se retrouve à marcher à ma hauteur. Je sens que Samy, le visage rougi par ses pleurs intenses, tourne la tête dans sa direction. Je suis certaine que Samy doit le fixer de ses yeux larmoyants tout en pointant la balançoire du doigt, telle une douloureuse supplique « aide-moi, je veux y retourner ! »

— C'est à cause de moi que vous rentrez ? me demande l'Autre.

— Non, dis-je sèchement avant de traverser la route.

— Désolé bonhomme, souffle-t-il en nous laissant prendre de l'avance.

Nous rentrons chez nous et Samy qui me boude, court vers le canapé. Il y grimpe avec difficulté pour se coucher et enfouir son visage sur son doudou. Samy sanglote à grosses larmes et hurle son chagrin.

Je vais m'asseoir à côté de lui et lui caresse les cheveux. Il geint et tape des pieds... Samy est vraiment fâché contre moi.

— Oh mon bébé, soupirè-je. On doit aller voir papy et mamie, ajoutè-je en me penchant pour lui faire des bisous au creux de l'oreille. Tu veux faire de la balançoire avec papy ? lui demandè-je.

Samy roule sur le côté et acquiesce tout en me regardant avec ses yeux pleins de larmes. Je lui essuie ses petites joues rougies et humides.

— Allez, mon amour, on prépare nos affaires et on s'en va, tu veux ? demandè-je en faisant une petite moue.

Samy s'assied et je l'aide à se mettre debout sur le canapé. Mon petit amour n'est pas rancunier, preuve en est, qu'il pose ses petites mains sur mes joues et me fait un bisou, puis il me fait un gros câlin tout en me disant « t'aim, maman, t'aim ».

— Je t'aime fort, mon bébé ! déclarè-je en le serrant dans mes bras.

Je le porte et nous allons dans sa chambre pour préparer un sac. Samy y met beaucoup de peluches et de jouets. Quant à moi je lui prépare un autre sac pour son pyjama, des changes et tout ce qu'il faut pour qu'il puisse dormir chez mes parents.

Samy et moi sommes déjà attendus par Thérèse et Antonin pour finaliser la petite réunion de famille, qui aura lieu le lendemain. Nous devons célébrer les noces de cèdre de mes grands-parents maternels.

Ça va leur faire quarante-neuf ans de vie commune, c'est dingue, comment est-ce qu'ils ont fait ? Quand on pense que maintenant les gens changent de conjoint comme de chemises, ça donne à réfléchir sur les secrets de cette longévité.

Samy et moi sommes prêts pour le départ, j'envoie un message à ma mère pour lui dire que je leur laisse Samy pour la nuit, ensuite j'envoie un SMS à Hélène, lui indiquant que je passerai chez elle vers 20h.

Avant l'intervention de l'Autre, j'avais déjà mis de l'eau dans mon vin en ce qui concerne Hélène et les filles, aussi j'étais déjà prête à faire la paix avec elles.

Déjà parce que ces folles nous manquent à Samy et à moi. Ensuite, en cherchant bien, j'étais surtout furieuse parce qu'il n'a fallu qu'un coup d'œil à cet enfoiré-de-patron-de-bar-de-merde pour me cerner, c'est tellement blessant.

Oui, c'est vrai je n'ai connu aucun homme charnellement depuis la naissance de Samy. À ma décharge ce n'est pas du gâteau d'être mère, mais surtout avec Étienne, le père de Samy, c'était très intense et ça met la barre très haut... Difficile de trouver mieux et j'avoue que je ne suis pas vraiment dispo pour développer une relation.

Curieusement la chanson de Superbus « Mes défauts » se met à tourner dans la tête. Bref, je n'aurai sans doute pas l'occasion de fêter un jour mes quarante-neuf ans de vie commune avec l'homme qui nous aimera Samy et moi.


Chez Hélène, 22h34.

Je quitte l'appart d'Hélène le cœur léger. Nous venons de crever l'abcès après une conversation, longue, difficile et larmoyante, où j'ai fini par admettre que j'avais quelques préjugés sur Mika et ses potes.

Je les ai tout de suite catalogués comme une bande de gros durs qui se passionnent pour l'alcool, le sexe et la drogue, pas sûre que l'ordre donné soit le bon !

J'en ai même rangé un enparticulier dans la catégorie « Grosse Pute ». Cette vérité mise aujour en a dévoilé une autre, puisque Hélène ne veut plus entendre parler deMika. 

Boomerang  (terminé)Where stories live. Discover now