Chapitre 14

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PDV Dany

Puisqu'on dit qu'il faut battre le fer tant qu'il est chaud, j'abandonne Mika au salon et vais m'habiller.

Une fois prêt, on sort et enfourchons nos bécanes. Il fait super bon putain, l'envie de partir en balade à moto me tente plus que d'aller m'excuser pour...

Pourquoi au juste ?

Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire à Miss Tchin Tchin ?

Où j'vais la trouver d'ailleurs ?

Bon j'suis con, c'est une mère solo, elle doit être chez elle avec son môme. Si elle est pas là-bas tant pis, au moins j'aurais essayé... en tout cas, l'asphalte m'appelle et la route est presque infinie !

Les moteurs vrombissent et la vitesse est enivrante, mais le plaisir ne dure pas, puisqu'on arrive rapidement à proximité de l'immeuble de Mika.

On se gare sur le parking et je constate que la Fiat rouge cinq portes de Miss... de Marie est là.

Franchement l'idée de ramper devant une meuf ça m'fait mal, surtout que c'est même pas pour me la mettre au bout de la queue, d'ailleurs j'ai jamais eu besoin de ramper pour ça !

J'abandonne Mika au troisième étage après lui avoir confié mon casque et gravis les dernières marches, pour me planter devant la porte de Marie.

Mes mâchoires se crispent, j'ai qu'une envie faire demi-tour. Allez, j'ai des couilles, j'peux le faire !

Je sonne. Pas de bruits à l'intérieur. La chance est d'mon côté dirait-on.

Par acquit d'conscience, j'sonne encore une fois. Rien. Bon. J'redescends d'un étage et entre chez Mika.

— Alors ? me demande-t-il.

— Alors rien, elle est pas chez elle, expliquè-je en allant me servir une bière.

— Quelle merde, s'inquiète-t-il.

— On devrait les laisser régler ça entre elles, tentè-je. Ou organiser de quoi assister à un combat de catch féminin dans la boue, ricanè-je.

— T'es con et ça m'aide pas, soupire Mika.

Je rigole et me tourne vers la fenêtre. Putain d'merde ! De l'autre côté d'la rue y'a un p'tit square et qui j'aperçois...

— Elle est dehors, soupirè-je avant de boire une bonne gorgée.

— Allez, vas-y ! m'ordonne Mika en s'approchant de la fenêtre pour regarder.

D'une main, je frotte ma barbe naissante :

— J'lui dis quoi au juste ? demandè-je bizarrement soucieux.

— Que t'es un gros connard complètement débile et que tu dis plein de trucs tout aussi débiles H24 !

— Elle va surtout croire que j'me fous encore de sa gueule, le contredis-je.

— Eh ben, débrouille-toi tout seul, soupire Mika.

— J't'en collerais bien une là tout d'suite, avouè-je.

Mika esquisse un sourire, pendant que j'vais au frigo pour prendre deux bières, ensuite j'prends la direction de la sortie.

— Tu veux ma coquille ? me lance Mika alors que j'ouvre la porte.

Je m'esclaffe, mais ne réponds rien et sors... j'aurais peut-être dû dire oui, si elle vise les boules j'vais morfler.

J'traverse la rue et m'dirige vers le square.

Marie me tourne le dos, elle est accroupie près de Samy qui est installé sur l'un de ces chevaux à bascule.

Comme à son habitude, me semble-t-il, elle a roulé ses cheveux en boule assez haut pour dégager sa nuque. Elle porte un débardeur, un short en jean et des tongs.

Je m'arrête à une distance raisonnable :

— Salut, lancè-je.

Marie se retourne et se relève en me voyant. Elle porte des lunettes de soleil fumées qui lui vont bien et j'ai le plaisir de constater qu'elle a de très jolies cuisses.

— C'est à moi que tu parles ? s'étonne-t-elle.

— Euh ouais, y'a que nous trois, ici, donc oui c'est bien à toi que j'm'adresse !

J'lui tends une bière :

— Je t'aurais bien proposé de fumer le calumet d'la paix, mais j'ai pas d'joint à disposition, me désolè-je.

Samy descend de son jouet à bascule pour se coller à sa mère en lui agrippant la jambe.

— Salut bonhomme, lui lancè-je. Désolé, j'ai rien pour toi.

Marie étudie la bière tendue :

— Tu veux quoi ? me demande-t-elle en plissant les yeux d'exaspération.

— M'excuser !

Samy s'agite, alors Marie le prend dans ses bras, le calant sur sa hanche, ensuite elle ajuste sa petite casquette et finit par me dévisager :

— Je ne veux ni de ta bière ni de tes excuses, me répond-elle.

— La vache, t'es une dure à traire, toi, soufflè-je. Ok, comme j'te l'ai dit, j'ai pas d'joint à disposition mais j'peux arranger ça, lui affirmè-je en évitant de sourire.

Elle m'ignore et va mettre Samy dans un siège pour bébé à la balançoire. Je me place en face de Samy alors qu'elle commence à le pousser doucement. Samy me sourit et se met à rire franchement quand il repart en arrière.

— Écoute, je dis plein de trucs débiles tout le temps, me lancè-je. Alors, tout ce que j'ai pu dire à ton sujet, ce n'était pas contre toi. C'était seulement des plaisanteries débiles et puériles, t'aurais jamais dû avoir à les entendre, et je te promets qu'Hélène est toujours allée au clash pour te défendre. Elle comme tes autres copines, en fait !

— Et si je n'ai pas envie de vous pardonner ? me demande-t-elle, hésitante.

— T'es pas obligée de me pardonner, répliquè-je. Mais je sais par Mika qu'Hélène est vraiment mal... j'veux dire, elle en chiale, tu vois !

Boomerang  (terminé)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt