Chapitre 24

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PDV Marie

Arrivés chez moi, je vais allumer la lampe au-dessus de la télé et lance à Dany :

— Installe-toi, je vais coucher Samy.

— Merci, me répond-il.

Je reviens au salon avec coussin et couverture, que je dépose sur le fauteuil :

— Ok, pas de nausée ni de vertige ? lui demandè-je en plaquant mes poings sur mes hanches.

— Contente-toi de materner Samy, souffle-t-il en appuyant ses coudes sur ses genoux tout en serrant et desserrant les poings.

— Ça va faire désordre de te retrouver raide mort à mon réveil, répliquè-je.

— J'vais pas rester, Marie, me répond-il. J'vais attendre qu'ils aient fini en bas et j'irai crever chez Mika, ça lui fera les pattes à c't'enfoiré !

— Ok, en attendant tu veux un café ? acquiescè-je amusée.

— C'est pas d'refus ! me sourit-il.

Je vais à la cuisine et lui prépare un café Senséo et j'en profite pour me faire un thé. J'apporte les tasses et m'installe sur le canapé :

— Alors, qu'est-ce qui t'est arrivé ? demandè-je.

— Pourquoi j'te répondrais, t'as pas répondu à ma question ! se moque-t-il en se calant confortablement dans le canapé.

— Quelle question ? répliquè-je en fronçant les sourcils tout en m'installant en tailleur.

— Le père de Samy, il est où ?

— Oh, ça... soufflè-je. Étienne vit à l'étranger, voilà à toi !

Dany plisse les yeux et m'étudie :

— Trois connards avec des barres de fer ont fracassé ma bécane et ma tronche. J'me rappelle pas comment j'suis arrivé aux urgences, mais ça va !

— Des barres de fer ? répétè-je en le dévisageant. Et t'es sorti contre avis médical, t'es cinglé !

— Ma bécane a plus morflé qu'moi ! se justifie-t-il d'un haussement d'épaules.

— Franchement, Dany... ton visage...

— J'vais bien, me coupe-t-il. Et donc, Étienne, c'est ça ? enchérit-il.

— Oui, Étienne ! Et lâche l'affaire ! soupirè-je.

— S'il vit à l'étranger pourquoi vous êtes là ? insiste-t-il.

— Ce ne sont pas tes affaires, répliquè-je.

— Allez, Marie, tu l'as dit toi-même, ils en ont pour un moment en bas !

— Qu'est-ce que tu veux savoir ? marmonnè-je en soufflant sur mon thé.

— Comment vous vous êtes connus ?

— Étienne et moi, on s'est connus au lycée, expliquè-je.

Face à son regard insistant, je me sens obligée de poursuivre :

— Pour moi ça a été le coup de foudre instantané. On s'est mis ensemble très vite. On a connu notre première rupture au bout de six ans... mais entre Étienne et moi ça n'était jamais vraiment fini, on s'est remis ensemble plusieurs fois, mais ça ne durait pas.

— Pourquoi ?

— Je n'ai jamais souhaité n'interposer entre Étienne et son rêve.

— Développe, Marie ! insiste-t-il.

— Samuel, le père d'Étienne, était pompier et il faisait aussi partie de la Sécurité Civile...

— Sam le pompier ! me coupe-t-il en rigolant.

— Oui, et ne te moque pas, c'était un vrai héros. Quand il y avait des catastrophes comme des tremblements de terre, Samuel faisait partie des premiers volontaires qui partaient porter secours que ce soit en France où à l'étranger. Mais face à un cancer foudroyant y'a rien à faire. Il est mort alors qu'on était en Terminal. Étienne a toujours adoré son père, alors il a voulu dédier sa vie à aider les autres comme lui. Je crois que son père serait très fier de lui, parce qu'il a décroché un contrat de cinq ans avec une ONG.

— Qu'est-ce qu'il y fait ? me demande-t-il.

— Étienne travaille dans la logistique, ils peuvent aussi bien créer des ponts que des puits pour apporter de l'eau aux gens... je suis vraiment fière de lui.

— Tu l'aimes encore ? me demande-t-il.

— Je n'en sais rien, avouè-je. Entre Étienne et moi ça a toujours été très intense et on revient toujours l'un vers l'autre, c'est comme ça, je n'y peux rien....

— Donc tu l'aimes encore même s'il est parti en te sachant enceinte, s'étonne-t-il. Tu parles d'un héros !

— Ça ne s'est pas passé comme ça, le défends-je. Nous étions séparés quand il a décroché son contrat... On a simplement passé sa dernière nuit ensemble et deux mois plus tard je lui ai annoncé par Skype que j'étais enceinte. C'était un choc pour nous deux, mais on a convenu qu'il ne pouvait pas rentrer et que je ne pouvais pas le suivre... Alors, j'élève Samy toute seule, pour l'état civil Samy n'a pas de père puisqu'il ne l'a pas reconnu. Mais ça changera peut-être, Étienne doit passer un mois en France à noël.

— Tu rêves de la famille parfaite ! crache-t-il dédaigneux. Et en attendant le retour de ton héros tu végètes, pendant que lui doit vivre sa vie et son rêve pleinement !

— Je ne végète pas et je ne rêve pas qu'on forme une famille parfaite, m'emportè-je. Tout ce que je veux, c'est que Samy et lui se rencontrent, je veux qu'Étienne joue un rôle dans la vie de Samy, parce que c'est son père !

— Putain, Marie, tu te mens à toi-même, c'est qu'un donneur de sperme ! s'exclame Dany.

— N'importe quoi, m'écriè-je. Et je ne végète pas, d'Accord ! ajoutè-je en lui tendant un index accusateur.

— Sans dec', ricane-t-il. Est-ce que t'as fini au pieu avec ton prof de yoga au moins ? je parie que non... franchement, Marie, t'es plus fidèle qu'un chien !

— Ce que tu peux être insultant, grognè-je en me levant. Vaut mieux que tu te barres, ajoutè-je.

Je me plante devant la porte et attends qu'il se lève en le foudroyant du regard, mais le sien est clairement plus menaçant.

Dany s'approche, il est furax et son visage amoché ajoute encore quelque chose d'animal à son allure.

— Y'a que la vérité qui blesse ! m'affirme-t-il en me faisant face.

— Va te faire foutre, soufflè-je la main accrochée à la poignée.

— Toi d'abord, grogne-t-il avant de prendre mon visage entre ses mains pour m'embrasser.

Boomerang  (terminé)Where stories live. Discover now