Chapitre 12

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PDV Marie

Son regard est dur, mais il nous tient la porte.

Hébétées, nous obéissons sans discuter, seulement ni Angèle ni moi ne le regardons en passant devant lui.

Angèle me prend la main et nous tentons de nous faufiler parmi la foule pour rejoindre les canapés. Arrivées à destination nous reprenons nos places et je nous sers deux rasades de vodka, ça a franchement un goût dégueu et ça brûle mais je m'en fous, il me faut une bonne cuite !

Je me masse les tempes et sens Béa, assise à ma gauche, se lever quand elle se rassied sa voix est grave et masculine :

— Ça va la tête ? me demande l'autre enfoiré.

— Mieux que ton poing, pourquoi ? soupirè-je.

— Tu t'es pas payé une porte tout à l'heure ? se moque-t-il.

« Oh merde, il m'a vue ! » pensè-je. Je me sers un autre shot et bois cul sec :

— Personne ne t'as expliqué à quoi sert un verrou sur une porte ? le questionnè-je en posant mon verre.

— Je connais sa fonction, me répond-il avec un petit sourire un coin. Seulement la possibilité de se faire surprendre une pleine action apporte un peu de piquant, sourit-il. T'as jamais essayé ?

Je lui rends son sourire et me penche un peu vers lui, ça semble l'étonner, mais il ne bouge pas :

— Oh moi comme tu le sais, la dernière sensation intense qu'a connue mon vagin, c'est la naissance de Samy !

Son expression se durcit et il soutient mon regard qui pourrait cracher du feu.

Je m'attends à des excuses, mais RIEN. Il se contente de me fixer durement, alors qu'il sait qu'on m'a raconté toutes les vacheries que lui et ses potes ont bavées sur moi, et ce malgré le fait qu'ils ne me connaissent pas, et RIEN, pas une once de gêne ou de confusion de sa part.

Ce n'est pas mon cas, je crois que ce soir l'alcool joue au yoyo avec mes sentiments : tantôt je le méprise, tantôt j'ai envie de pleurer me sentant gênée, presque humiliée.

L'expression consacrée « c'est le plus gêné qui s'en va ! » doit donc s'appliquer, j'attrape mon shot de vodka qu'Angèle a pris soin de remplir, le bois cul sec, ensuite je prends mon sac et me lève.

Je veux atteindre la sortie, mais l'alcool me fait vaciller et la foule me chahute, me bouscule... La musique est forte, la chaleur étouffante, tout comme cette masse dense d'inconnus qui rient et boivent, collés épaules contre épaules. Le yoyo de mes émotions continue son mouvement lancinant, tantôt je me sens oppressée, tantôt j'ai envie de zigouiller tous ceux qui se trouvent sur mon passage et ainsi de suite...

Au milieu de cette marée de visages anonymes et rougis par l'alcool, j'aperçois un visage familier et amical, mon « émotiomètre » grimpe en flèche. Je force le passage pour le rejoindre, taguant et vacillant je suis presque à sa hauteur et éprouve l'irrépressible envie de me jeter à son cou, pour m'y accrocher comme à une bouée de sauvetage, mais je suis tirée en arrière et la seule chose qui m'évite de m'étaler c'est l'insupportable douleur à mon bras.

— Tu le connais ? me demande l'autre enfoiré en me tenant fermement.

— Ben oui, c'est Paolo, mon prof de yoga !

Paolo, ce magnifique et séduisant brésilien avec son accent chaud et sensuel, sans oublier son corps ferme et musclé et sa peau divinement dorée... ok je suis saoule c'est clair !

L'autre enfoiré ne me lâche pas alors que Paolo nous observe, pourvu qu'il ne pense pas que le patron veut me jeter dehors parce que je suis bourrée.

— Tu veux pas que je t'appelle un taxi, Marie ? me demande l'enfoiré.

«Marie », tiens ce n'est pas Miss Tchin Tchin, ah mais suis-je bête, je ne porte pas mes lunettes ce soir. Mon envie de zigouiller du monde me reprend, alors j'inspire profondément parce que je ne veux pas faire de scène devant Paolo :

— Non, je reste avec lui ! lancè-je.

L'enfoiré me dévisage, puis me lâche, alors j'en profite pour m'approcher de mon séduisant prof de yoga.

Paolo me présente à ses amis, mais nous en venons rapidement à discuter tous les deux, il est drôle et charmant, c'est agréable.

Lorsque Hélène et Maggie se pointent, elles m'annoncent que notre Uber est dehors et qu'il nous attend, « tiens, il est déjà 1h » réalisè-je. Je me tourne vers Paolo :

— Ça t'ennuie de me raccompagner chez moi ? lui demandè-je.

Maggie se plante entre Paolo et moi et s'emporte :

— On se plie en quatre pour que tu puisses avoir ta soirée filles tous les mois et tu nous plantes ?

Je n'ai pas dessoûlé et je sens la colère me monter aux joues :

— Si vraiment vous en aviez quelques choses à foutre de mon opinion, on ne serait pas venues ici, alors oui je vous plante !

Je suis le mouvement defoule et quitte le bar avec Paolo.

Boomerang  (terminé)Where stories live. Discover now