Chapitre 7

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PDV Marie

Notre chauffeur acariâtre fait sortir la voiture du parking, alors que je lui donne les premières instructions. Il semble contrarié. Franchement s'il ne voulait pas nous aider, il ne fallait pas proposer.

Allez, je prends sur moi, avec de la chance on ne sera pas trop en retard. Enfin, si on ne se fait pas arrêter par les flics : ce gros 4x4 entièrement noir, sans une once de chrome, me fait penser à une bagnole de dealer ou de gangster, peu importe.

D'ailleurs, j'espère qu'il n'y aura pas trop de parents devant la crèche, c'est un coup à se faire cataloguer « pas fréquentable ».

— Il est où ton mec ? me demande notre chauffeur.

— Quoi ? m'étonnè-je.

— Ton mec... le père du mouflet... pourquoi tu lui as pas demandé de l'aide ? insiste-t-il.

— Écoute, si tu ne voulais pas nous aider, il ne fallait pas te proposer ! répliquè-je irritée.

— Ah ! ouais, y'a pas d'père, affirme-t-il en hochant la tête. C'est un bébé-éprouvette c'est ça ?

— Mais t'es con ou tu le fais exprès ? m'insurgè-je. Merde, faut te faire soigner ! marmonnè-je pour ne pas alarmer Samy.

À l'arrière, Mika marmonne comme pour lui-même un « ça va finir au pieu c't'histoire ».

Un silence gêné s'installe dans l'habitacle, rapidement brisé par Samy qui rit aux éclats en voyant les grimaces que commence à lui faire Mika.

J'inspire profondément et donne les dernières directions à ce gros con de chauffeur de merde, qui réussit à me contredire sur le meilleur chemin à prendre :

— Ok, Tom Tom puisque tu sais mieux que moi où se trouve la crèche de mon fils, fais comme tu le sens, m'indignè-je.

— Tom Tom, répète-t-il. Faut te mettre à jour ma p'tite, y'a plus récent comme GPS ! se moque-t-il.

— Ta gueule et conduis, on est presque arrivés ! grognè-je.

À l'arrière, j'entends Mika dire « Prête-moi ça, bonhomme ! » puis cet idiot agite le doudou de Samy entre moi et l'autre con.

— Mon nouveau pote et moi-même réclamons un cessez-le-feu, déclare-t-il en agitant encore plus le doudou. On a oublié nos gilets pare-balles à la maison, alors arrêtez de tirer et surtout ne sortez pas vos bazookas.

Fier de lui, Mika rend Monsieur Doudou à mon fils, puis on termine le trajet sans plus prononcer un mot, même si Mika continue ses pitreries pour Samy sur les airs d'AC/DC, puis de Marilyn Manson.

Quand l'autre con se gare, « Far away » de Nickelback passe en bruit de fond, je m'empresse de sortir et de prendre Samy. Dans le même temps, Mika sort et contourne la voiture.

— Est-ce que je peux laisser le siège auto dans ta voiture ? lui demandè-je en prenant Samy dans les bras.

— Pas de problème, me répond Mika en ouvrant la portière avant droite.

— Génial, merci beaucoup. Je passerai le rependre ce soir chez toi, si ça te convient !

— Ouais, comme tu veux !

— Comment tu vas faire pour rentrer ? intervient l'autre gros con.

— Je vais me débrouiller ! affirmè-je.

— Ah ouais, tu vas te faire pousser des ailes par la seule force de ta volonté, se moque-t-il.

— Allez, salut mon poteau ! enchaîne Mika à Samy, avant de s'installer en voiture.

J'incline la tête contre celle de Samy et je sens que je rayonne instinctivement :

— On dit au revoir et merci pour la course ! expliquè-je à Samy tout en faisant geste enfantin de la main pour qu'il m'imite.

L'autre gros con me regarde et me sourit, ça me gêne un peu mais je continue de sourire pour donner l'exemple à mon fils, qui agite sa main, puis le véhicule démarre et s'éloigne.

Bon, on est pile-poil à l'heure pour déposer Samy, et la petite librairie où je bosse n'est qu'à deux minutes à pied, j'en profite pour appeler mon père au secours : sans voiture je suis totalement coincée.

Boomerang  (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant