Boomerang (terminé)

Chapitre 9

PDV Dany

L'ordre de la p'tite vieille me tape sur le système, seulement se fritter avec une grand-mère c'est pas très glorieux, alors j'garde le silence. Mais surtout, j'accepte de porter les courses de Miss Tchin Tchin parce qu'elle est au bord des larmes et qu'elle me fait pitié.

J'la suis et apprécie la vue malgré tout : sa robe longue souligne son corps délicat et elle a roulé ses cheveux en boule assez haut pour dégager sa nuque, c'est agréable à regarder.

Son p'tit mec et accrocher à elle et n'arrête pas de me dévisager. À chaque fois que j'le regarde, il se cache dans le cou de sa mère, c'est assez marrant.

Nous grimpons les étages sans dire un mot. Arrivés sur le palier du quatrième, elle s'arrête devant sa porte et fouille dans son sac.

— Tu peux laisser ça là, me dit-elle en se retournant vers moi.

— Ouvre cette fichue porte ! répliquè-je en affichant un air moqueur.

Elle soupire, ouvre son appart et entre chez elle.

J'la suis et examine rapidement l'appart. C'est plutôt lumineux, dans la grande pièce cuisine/salon y'a une zone « jouets » bordélique sinon c'est plutôt bien rangé. J'vais déposer les sacs sur la table de la cuisine.

— Deux fois en une semaine que j't'offre mon aide, lui lancè-je. Si ça continue, tu ne pourras plus te passer de moi !

— Bien sûr, le jour où tu seras capable de voler sans ta cape, Superman ! réplique-t-elle en gardant son fils dans ses bras.

— Quoi ? m'étonnè-je.

— Oh, on ne jouait pas à raconter des absurdités ? me demande-t-elle en fronçant les sourcils.

J'ai envie de lui répondre un truc salace, mais son fils me surprend en me tendant les bras.

— Qu'est-ce qui veut ? m'étonnè-je.

— À part t'en mettre une, je ne vois pas ! me répond-elle.

Le gamin s'agite et c'est limite s'il ne se jette pas sur moi. Aussi étonnée que moi, elle se rapproche parce que son môme me pointe du doigt.

— Je crois que ce sont tes tatouages qui l'intriguent, me dit-elle.

Le p'tit mec s'agrippe à mon t-shirt et tire comme s'il voulait se hisser. Sa mère me laisse le prendre dans mes bras. Il se tient bien droit en fixant mon cou, puis il lève ses deux billes bleu-vert sur mon visage, puis jette un œil à sa mère et revient à mon cou. C'est clair qu'il aimerait bien toucher mes tatouages, mais il n'ose pas et me dévisage, guettant mes réactions.

— T'as le droit de lui parler, me lance sa mère.

J'dévisage le gamin et le soupèse tout en affichant un large sourire :

— Pour info gamin, ta mère va finir par choper des bras d'camionneur si elle continue à te porter en permanence !

— Ne l'écoute pas, s'insurge sa mère.

Le môme nous regarde et esquisse un sourire, mais il revient à mes tatouages.

Comme pour donner du courage à son fils, elle pose son doigt sur la peau de mon cou. Je sens la pulpe de son index suivre ma marque, alors j'la regarde et elle réalise qu'elle est en train de me toucher :

— Bouh, caca le tatouage ! déclare-t-elle à son fils tout en retirant son doigt.

Il se met à rire et son visage rond s'illumine, puis il pose ses deux paumes dans mon cou et il me dévisage de fierté.

— J'connais un tatoueur hors pair, gamin ! quand t'auras décidé de ce que tu veux, fais mais signe ! l'informè-je, amusé par la sincérité de ses émotions.

— Sûrement pas ! réplique sa mère en lui tendant les bras. Allez, Samy c'est bientôt l'heure de manger !

Elle récupère son fils et me fixe :

— Encore merci pour ton aide, mais on a une journée chargée, donc...

Elle ne finit pas sa phrase, mais ses yeux me disent « je ne te raccompagne pas, tu connais la sortie ».

— Salut bonhomme, déclarè-je à Samy qui me sourit. Continue de prendre du poids, gamin, faut rendre ta mère un peu plus costaude ! ajoutè-je en lui faisant un clin d'œil.

— Déjà lassé de me rendre service, se moque-t-elle en me suivant jusqu'à l'entrée.

J'lui souris et l'étudie de pied en cap. Rien que parce que ça l'énerve j'lui dis :

— J'ai d'autres compétences à mettre à ton service, si ça t'tente !

— Pas intéressée ! conclut-elle avant de m'fermer la porte au nez.